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ACÉF-XIX - Université Ryerson (Toronto)

ACÉF-XIX - Université Ryerson (Toronto)

Publié le par Marc Escola (Source : Nicolas Gauthier)

ACÉF-XIX - Colloque annuel - 27 au 29 mai 2017 - Université Ryerson (Toronto, Canada)
 

   La prochaine rencontre annuelle de l'Association canadienne d'études francophones du XIXe siècle (ACÉF- XIX) aura lieu dans le cadre du Congrès des sciences humaines à l’Université Ryerson (Toronto, Canada) du 27 au 29 mai 2017.

   Nous sollicitons dès à présent des propositions de communication pour l’un ou l’autre des ateliers mentionnés ci-dessous. Prière d’envoyer votre proposition de communication (250 mots environ) en indiquant l’atelier concerné et en incluant une brève notice biobibliographique à l’adresse électronique de l’association : acef19e@gmail.com.

Date limite : 20 janvier 2016 (à l’exception de l’atelier 1, voir plus bas)

 

ATELIER 1 : « Entre public et privé : identités fluides dans les lettres d’auteurs à l’époque moderne et contemporaine »

Atelier proposé par Margot Irvine (Université Guelph) et Karin Schwerdtner (Université Western Ontario). Atelier organisé conjointement avec l’Association des professeur.e.s de français des universités et collèges canadiens (APFUCC)

Date limite : 15 décembre 2016

Les propositions pour cet atelier doivent être envoyées directement aux organisatrices : Margot Irvine (mirvine@uoguelph.ca) et Karin Schwerdtner (kschwerd@uwo.ca).

   La relation, le mouvement, le va-et-vient : ces notions sont au cœur d’une part importante des lettres échangées au XIXe siècle, époque marquée par la mobilité des personnes et des choses, comme nous le rappellent les historiens et théoriciens de la correspondance dite ordinaire*. Ainsi n’est-il peut-être pas surprenant que, comme « genre » qui prend un essor considérable à l’époque, la lettre a souvent été théorisée comme l’espace d’une médiation de la relation du soi à l’autre ; d’une méditation à la fois « [i]ntime et publique, tendue entre secret et sociabilité » (Chartier 1991 : 9-10) par laquelle la question de l’identité se pose dans les termes d’un mouvement ou d’une oscillation. Qu’en est-il des lettres, personnelles et/ou littéraires, écrites par une écrivaine, par un écrivain, à un(e) autre écrivain, ou au sujet d’un(e) autre écrivain ? Qu’il s’agisse d’une lettre à sens unique, destinée à être publiée ou non, ou qu’il s’agisse d'échanges, entre écrivains, hommes et femmes, femmes et femmes, parfois au sujet d’un tiers, comment s’articule la relation entre l’image publique et l’identité privée ? Entre ce qui est généralement su et compris (au sujet d’un(e) écrivain(e) et son œuvre) avec ce qui ne l’est pas (plus) ou avec ce qui est méconnu ? Ce panel souhaite explorer plus avant les lettres entre écrivains, depuis le XIXe siècle jusqu’à la période contemporaine, dans la perspective de l’identité et de la « relation » épistolaire.

* Roger Chartier (dir), La Correspondance. Les usages de la lettre au XIXe siècle, Paris, Fayard, 1991 ; Cécile Dauphin, Pierrette Lebrun-Pézerat, Danièle Poublan, Ces bonnes lettres. Une correspondance familiale au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 1995 ; Cécile Dauphin, « Les correspondances comme objet historique : un travail sur les limites », Sociétés et représentations, n°13, 2002, p. 43-50.

 

ATELIER 2 : « Images de pouvoir sur la scène »

Atelier proposé par Janice Best (Université Acadia)

   Lorsqu’on rétablit la censure préalable des ouvrages dramatiques en 1850, après une brève période de liberté d’expression, les directives données aux censeurs furent claires : il fallait éliminer toute mention de la lutte entre les classes et toute attaque « contre le principe d’autorité, contre la religion, la famille, la magistrature, l’armée, en un mot contre les institutions sur lesquelles repose la société* ».

   Pourtant, les figures d’autorité – chefs d’état, généraux, prêtres, ou simples pères de famille – foisonnèrent sur la scène française au dix-neuvième siècle. Étroitement surveillées, parfois supprimées et souvent adoucies, ces figures jouèrent un rôle central dans les drames romantiques et historiques d’auteurs tels que Hugo, Musset, Balzac et Dumas, dans les mélodrames de Pixerécourt, comme dans les comédies de Scribe, Labiche et Feydeau. Or, comme nous le rappelle Louis Marin**, il existe un lien entre l’image d’un chef d’état et notre perception de sa légitimité. Selon Marin, afin d’être perçu comme puissant, un dirigeant doit être montré « en état d’exercer une action sur quelque chose ou quelqu’un », non pas en train de faire quelque chose, mais donnant l’impression qu’il a « cette force de faire ou d’agir ». Sur la scène, cependant, un acteur n’a aucun pouvoir d’agir sur le monde réel. Cet atelier a pour but d’interroger les représentations de pouvoir sur la scène. Ces images impliquaient-elles par le fait même de leur présence scénique une critique ou une dévaluation du modèle originel ? Remettaient-elles nécessairement en question la légitimité du pouvoir incarné, ou pouvaient-elles en donner des images positives ?

* Archives Nationales de France, F/21/4635. Note non signée, datée probablement de 1853.

** Louis Marin, Le Portrait du roi, Paris : Éditions de minuit, 1981, 11.

 

ATELIER 3 : « Symbolisme et incantation »

Atelier proposé par Patrick Thériault (Université de Toronto)

L’incantation diabolique remplaçait l’élégie. (Lapaire, 106)

   Cet atelier se propose de poursuivre, en l’inscrivant plus précisément dans le corpus du XIXe siècle, une réflexion sur l’incantation en régime littéraire que nous avons amorcée l’année dernière à l’occasion d’un colloque international tenu à l’Université de Toronto. Les communications jugées les plus pertinentes seront susceptibles de faire l’objet d’une publication en volume.

   Sans nous y limiter, nous valoriserons la littérature symboliste (en vers et en prose, d’idées et d’imagination). Nous partirons du constat que, faisant culminer la mission spirituelle héritée du romantisme et incidemment le fantasme de « l’enchantement littéraire » (Vadé), la modernité symboliste représente l’âge d’or de l’incantation en régime littéraire. Exposée au charme de la « sorcellerie évocatoire » de Baudelaire, elle-même magnétisée par le « spell » d’Edgar Poe, elle donne lieu à des poétiques – y compris en prose, comme en témoignent le théâtre de Maeterlinck ou l’œuvre de Villiers de-l’Isle-Adam – qui ambitionnent de susciter l’Autre ou l’Ailleurs selon des formules et des procédés de suggestion qui s’apparentent à celles de l’incantation sacrée. Ces poétiques concourent toutes à produire, comme l’a bien vu Northrop Frye (74), une forme ou une autre d’invocation. Mais leurs modernes incantations ont ceci de singulier qu’elles prétendent d’abord procéder de la puissance – imaginative, affective, sensorielle – du signifiant, plutôt que de quelque substance numineuse. Leur « alchimie » est le fait des ressources matérielles du « verbe » (Rimbaud 427) ; leur « magie » est l’effet – tout à la fois exaltant et dysphorique – de « certaines dispositions de la parole » (Mallarmé, 807).

   Et la réalisation incantatoire des charmes de la parole, chez les symbolistes, n’intervient pas seulement pour compenser le déficit de foi dans les religions instituées. Il n’est pas rare qu’elle s’assimile à une répétition appauvrissante, ayant pour effet, non pas de sacraliser, mais de banaliser la parole poétique, et de la rapprocher, non pas de la parole sacramentelle, mais du stéréotype, comme c’est le cas chez Villiers (Le Feuvre 300). On peut supposer qu’en conditionnant des représentations axiologiquement variées, positives et négatives, l’incantation permet de juger de la complexité du rapport que le symbolisme entretient avec la transcendance et, plus précisément, de l’ambivalence caractéristique de sa « croyance en la littérature » (Oster 181), qui, bien qu’exaltée, reste imprégnée de doute et très souvent, comme on sait, d’un certain esprit d’automystification. Par là même, en enregistrant aussi bien les élans de foi les plus représentatifs du symbolisme que les accents ironiques dont ils peuvent se moduler, l’incantation s’avère un véritable condensateur de significations sur les plans historique et philosophique.

RÉFÉRENCES

FRYE, Northrop, Anatomy of Criticism. Four Essays, Princeton, Princeton University Press, 1957.

LAPAIRE, Hugues, Rollinat. Poète et musicien, Paris, Librairie Mellottée, « Le génie des provinces françaises », 1930.

LE FEUVRE, Anne, « Le récitant et son double : Villiers de l’Isle-Adam et Richard Wagner », Revue de littérature comparée, no 71 (juillet 1997), p. 293-306.

MALLARMÉ, Stéphane, Œuvres complètes, t. I, éd. Bertrand Marchal, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1998.

OSTER, Daniel, Rangements, P.O.L., 2001.

RIMBAUD, Arthur, Œuvres complètes, éd. Pierre Brunel, Paris, Le livre de poche, « La pochothèque », 1999.

VADÉ, Yves, L’Enchantement littéraire. Écriture et magie de Chateaubriand à Rimbaud, Paris, Gallimard, 1990.

 

ATELIER 4 : « Écoutons donc la littérature parler de philosophie* »

Atelier proposé par Cynthia Harvey (Université du Québec à Chicoutimi) et Vicky Gauthier (Université du Québec à Chicoutimi)

   « Mêlées inextricablement** », philosophie et littérature partagent idées, idéologies et réflexions sur le genre humain. Au XIXe siècle, de nouveaux penseurs font leur entrée en France, tels que Nietzsche, Marx, Schopenhauer, etc. –, tandis que les grands maîtres à penser perdurent et se réactualisent. À sa façon inimitable, la littérature nous parle de cette philosophie, ancienne et nouvelle. Pierre Macherey évoque d’ailleurs cet enjeu en soutenant que la littérature « a authentiquement valeur d’une expérience de pensée », d’où son concept original de « philosophie littéraire*** », mettant de l’avant la pluralité (polysémie) constitutive des œuvres littéraires et de leurs discours, et ce, que ce soit au niveau du macrocosme (histoire littéraire), celui du microcosme (récit) ou entre les deux.

   Si le sujet n’est pas neuf, il n’en demeure pas moins que ce terreau est fertile et loin d’être épuisé. Cet atelier s’intéressera à la relation étroite qui unit la philosophie et la littérature du XIXe siècle et à la façon dont écrivains et écrivaines se l’ont appropriée pour – parfois – la transformer et la modeler afin de servir leur cause esthétique et/ou sociale.

   Les communications pourront porter autant sur l’histoire littéraire que sur un(e) auteur(e) et sur ses liens avec la philosophie ou sur une œuvre littéraire en particulier en lien avec le contexte de production sociohistorique. Il sera également intéressant de voir comment l’évolution (ou la régression) des mœurs et des mentalités tout au long du XIXe siècle entraîne la réactivation d’anciens préceptes que la littérature remet en avant-scène.

*  Pierre Macherey, À quoi pense la littérature? Exercice de philosophie littéraire, Paris, PUF, 1990, p.14 (coll. « Pratiques théoriques »).

** Ibid., p.9.

*** Ibid., p.10.

 

ATELIER 5 : Varia

   Cet atelier sera consacré aux communications libres et sera ouvert à tous les types de chercheurs (professeurs, postdoctorants, étudiants de 2e et 3e cycle).

   L’association accordera deux bourses d’un montant de 150$ CA aux étudiants ayant soumis les propositions de communication jugées les plus pertinentes et ayant participé au colloque.