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Corps dévoilés, exhibés et jouissants (Besançon)

Corps dévoilés, exhibés et jouissants (Besançon)

Publié le par Marc Escola (Source : R. Atzenhoffer)

(english version below)

Appel à communication

« Le corps dans tous ses éclats - Corps dévoilés, exhibés et jouissants »

15-16 novembre 2018 - Université de Bourgogne-Franche-Comté, Besançon

C.R.I.T. (ea3224) : Axe « Parler par le corps »

 

Thème de prédilection du post-féminisme et du post-porn, moyen d’appréhension des imaginaires genrés et sexuels, matériau investi dans des actes militants, le corps est « un langage de l’émancipation » (Geneviève Fraisse, Les excès du genre, Paris, Lignes, 2014). Des mouvements littéraires et artistiques se sont (ré)approprié le corps féminin, l’ont dévoilé, exhibé et ont inversé la connotation de postures « trash » et de pratiques langagières osées. Le corps est devenu un lieu « où se définissent les normes et les valeurs, les prescriptions et les interdits, les goûts et les dégoûts, les qualités et les défauts, les identités, les légitimités, les gloires et les hontes » (Marie-Anne Paveau, Le discours pornographique, Paris, La Musardine, 2014, p. 25). Ce corps « est évidemment partie prenante du fantasme et de l’image, au cœur des débats sur sexe et genre », « une matière qui parle », « un langage de l’émancipation » (Fraisse, 2014). De Sex and the City à Bridget Jones, avatars post-féministes, en passant par Outlander, Grils, Ally McBeal, Desperate Housewives, The L-Word, Fifty Shades of Grey, Beau salaud, 80 Notes de Bleu, Calendar Girl, Girls et Orange is the New Black, une nouvelle féminité et une approche du corps attachée à une sexualité épanouie, inféodée du corset social traditionnel fleurissent dans la littérature, l’art et les médias.

Virginie Despentes, Marie Darrieussecq et Nella Arcan construisent des univers dans lesquels le corps devient l’objet de la libre expérimentation de chacun et la pornographie, la chirurgie esthétique et l’obsession de soi des truismes. La princesse nuwaubienne de Juliana Huxtable, les travaux photographiques d’Urs Lüthi, les travestissements de Marcel Duchamp, Claude Cahun et Cindy Sherman questionnent corps et identité dans leur dimension genrée et dans leur rapport à autrui. L’émergence du corps « transgenre » - « My body is my art » - est devenu le slogan de ces artistes qui cassent tous les codes sociaux préétablis et estompent les frontières entre le féminin et le masculin.  La Bruce, Madison Young, Mia Engberg, Émilie Jouvet et bien d’autres acteur.e.s de la post-pornographie queercore participent à la célébration de corps et de sexualités non normés.

Notre workshop international s’intéressera notamment au(x) corps décomplexé(s), polémique(s) et subversif(s) représenté(s) dans un contexte post-féministe et post-porn. Aussi s’agit-il d’interroger cette posture de transgression dans un réseau plus large de mutations sociologiques et socio-économiques, réseau où la libération et la  démocratisation de la pornographie et la généralisation des représentations du corps et de la sexualité se banalisent, voire encouragent la monstration de l’intimité et de la nudité, où certaines revendications post-féministes et « post-libération sexuelle » semblent se complaire dans une relation hégémonique à l’érotisme et à l’(hyper)sexualité, en parfaite synergies avec les paysage néolibéraux contemporains (Adriaens, « Post feminism in popular culture », 2009).

Quelques pistes de réflexion possibles :

  • Comment écrivains et artistes répondent-ils à une injonction véhiculée par une partie du post-féminisme d’être une femme moderne et libérée, la libération se traduisant par une aptitude à être sexuellement décomplexée ?
  • Le post-porn est-t-il réellement une contre-culture ou ne fait-il que souscrire à un processus de normation d’une société « pornographisée » et dépolitisée où certains auteurs et artistes en généralisent les représentations obscènes ? Dans quelle mesure leurs œuvres revêtent-elles une fonction de subversion et de déstabilisation des stéréotypes pornographiques et des frontières de genre sexuel ? Quelles représentations singulières du corps, de la féminité, de l’érotisme, de la jouissance sexuelle sont proposées ?
  • Comment analyser la posture de libération de la littérature et des arts qui semblent souscrire à une économie « phallique » en (ré) instituant la femme objet de regard et de désir masculins, fût-ce sur un mode ironique post-modernisé ? Dans quelle mesure la représentation de la nudité et/ou de la sexualité peut-elle sans compromis subvertir le réseau de signification masculin dominant afin de fonctionner comme véritable outil de revendication de la libération féminine.
  • Lorsque, dans le domaine de la photographie, de la peinture, du film, du graphisme, du gender shoot, du street-art ou du body-art, le corps féminin est objet à destination du regard masculin, les œuvres n’opèrent-elles pas une « stratégie de production de nouvelles représentations des genres » (Sam/Marie-Hélène Bourcier Queer Zones 3. Identités, cultures, politiques. Editions Amsterdam, septembre 2011, p. 69) ?

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Ce workshop interdisciplinaire, dont les communications ne dépasseront pas 25 minutes et seront suivies d’une discussion, vise la pluralité des approches, des disciplines, des méthodologies de recherche et des subjectivités. Aussi accepterons-nous aussi des propositions de communications qui dépassent les cadres traditionnels des travaux universitaires (conférences-performances). Toutefois, nous ne retiendrons ni récit de pratique artistique, ni pratique artistique détachée de tout cadre universitaire, ni compte rendu d’œuvres. Et il est souhaitable d’intégrer, dans les études proposées, les porn et/ou post-feminism studies (p. ex. Sam/Marie-Hélène Bourcier, Judith Butler, Michel Foucault, Donna Haraway, Teresa de Lauretis, Angela McRobbie, Paul B. Preciado et Annie Sprinkle).

 

Responsabilité scientifique : CRIT, ea 3224, axe 2

Modalités de soumission et calendrier :

  • Les chercheurs/chercheuses, doctorant.e.s et artistes sont priés d’envoyer - avant le 15 mai 2018 - un projet d’intervention de 2500 signes, en français ou en anglais (en format docx - Le titre du fichier envoyé doit s’intituler comme suit : NOMPrénom-université-ea.docx), comportant un titre, cinq mots-clés ainsi qu’une brève présentation personnelle (affiliation institutionnelle, principaux axes de recherche, publications majeures) aux organisatrices : 

r.atzenhoffer@unistra.fr ET margaret.gillespie@univ-fcomte.fr

  • Les décisions du Comité scientifique seront notifiées aux auteur.e.s  par courriel pour le 30 juin 2018.
  • Temps de communication : 30 minutes maximum (+ 10 minutes de discussion). Langues de travail : français, anglais. Ces journées de réflexions scientifiques pourront faire l’objet d’une captation sonore et visuelle.

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Informations :

  • Une sélection de communications seront publiées sous forme d’actes de ces journées. Le Comité scientifique procédera à la mise en œuvre des procédures d’évaluation par les pairs en double aveugle. Les articles issus des communications retenues devront être envoyés, en vue d’une publication rapide, dans le mois suivant le workshop international. La publication est conditionnée à la participation aux journées de réflexions scientifiques.
  • Pas de frais de participation. Les déjeuners du workshop sont offerts aux intervenant.e.s ; les frais de transport et d’hébergement restent à leur charge.

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Call for papers

– Stripped, Exposed and Pleasured: Brazen Bodies in Contemporary Culture

- 15th & 16th November 2018, University of Bourgogne Franche-Comté-

C.R.I.T. (ea3224) : axe « parler par le corps » / ‘Body talk’

 

The body has become a focal point in postfeminist and postporn inquiry, as not only the means by which the gendered and sexual imaginary may be theorised, but also the privileged site of militant resistance. In the words of Geneviève Fraisse, the body constitutes ‘a language of emancipation’ (Les excès du genre, Paris, Lignes, 2014).

Literary and artistic movements have (re)appropriated the female body, stripping and exposing it, and defying the traditionally negative connotations of sexually explicit language and performance. Bodies have become a site ‘where norms and standards, good and bad taste, qualities and flaws, identities, legitimacies, acclaim and shame are being redefined/ refigured’, as Marie-Anne Paveau puts it Le discours pornographique, Paris, La Musardine, 2014, p. 25). For Fraisse, because they ‘obviously play a crucial role in the construction of female fantasy and the female image’ bodies lie at the core of current inquiries into sex and gender—they are a ‘a matter which speaks’ or signifies, a ‘language of empowerment and emancipation.’ From early post-feminist products such as Sex and the City and Bridget Jones,  to Outlander, Girls, Ally McBeal, Desperate Housewives, The L-Word, Fifty Shades of Grey, the French movie Beau salaud, 80 Days Blue, Calendar Girl, Girls and Orange is the New Black new forms of female identity released from the traditional social constraints have flourished in literature, the visual arts and other media

Virginie Despentes, Marie Darrieussecq and Nelly Arcan have created worlds in which the body has become an object to be freely experimented upon and where pornography, cosmetic surgery and self-obsession are common currency. Juliana Huxtable’s Nuwaubian princess, conceptual artist Urs Lüthi’s photo, Marcel Duchamp’s, Claude Cahun and Cindy Sherman’s cross-dressing self-portraits call into question the gendered dimensions of the body and the relationship with otherness. The emergence of the transgender body has become the slogan of artists who challenge pre-established social codes and blur the boundaries between feminine & masculine identities. La Bruce, Madison Young and Mia Engberg are just some of the key figures in queercore post pornography who celebrate bodies and non-normative sexualities

Our workshop will be focusing particularly on the representation of liberated, subversive and controversial bodies in post-feminist and post-porn culture.

Performative transgressive practices will be analysed within the broader framework of sociological and socio-economic change, a framework where pornography is more freely accessible than ever before and where representations of the body and sexuality have become commonplace, and have encouraged the gratuitous display of intimacy and nudity. Some post feminist and post sexual revolution demands seem to have adopted eroticism and (hyper)sexuality in a move which is perfectly at one with contemporary neoliberal consumerism.

Possible angles of approach :

  • How do writers and artists respond to the behest, advanced by many postfeminists, that a modern, liberated woman must also be sexually liberated ?
  • Is Postporn really a form of counter culture or is it simply part of a wider phenomenon which is witnessing the ‘pornographisation’ and depoliticization of society relayed by artists and writers representations of the obscene ? To what degree can their works be viewed as subversive ? Do they really challenge the stereotypes of pornography and blur the boundaries of gender? What particular representations of bodies, of femininity, eroticism and sexual pleasure are being produced ?
  • How emancipatory is such a stance? Does it not, to some extent comply with the ‘phallic’ economy in that women are re-instated as the object of the male gaze and male desire, be it with a dose of post-modern irony ? Can nudity and sexuality actually be subversive and work as a real force for women’s liberation without being compromised by dominant (male) semantic codes ?
  • When the female body is subjected to the male gaze (for example in photography, painting, film, graphic art, gender-shooting, street art or body art), do the ensuing works not encourage ‘a strategy for producing new representations of gender? (Sam/Marie-Hélène Bourcier Queer Zones 3. Identités, cultures, politiques. Editions Amsterdam, September 2011, p. 69) 

This interdisciplinary workshop, for which papers should not exceed 25 minutes so as to reserve time for debate, welcomes a plurality of approaches, academic disciplines, research methods and subjectivities. For this reason we will be happy to consider proposals that go beyond the traditional framework of academic production — to include lectures and performances for instance. However, accounts of artistic practice and artistic practice with no link to academic inquiry and book reviews will not be considered. We anticipate participants will demonstrate knowledge of and reference to porn and feminist studies (Sam/Marie-Hélène Bourcier, Judith Butler, Michel Foucault, Donna Haraway, Angela McRobbie…).

 

Workshop organised by the Centre de Recherches CRIT, ea 3224, axe 2

Submission and deadlines

  • We welcome submissions from academics and researchers, doctoral candidates and artists. 2500 sign abstracts in English or French should be submitted by the 15th May 2018. Abstracts should be in docx format and titled as follows NAMEFirstName-University-ea.docx) and should include a title, five key words as well as a brief bio-biography (institutional affiliation, main research interests, key publication) to the organising committee :

                        r.atzenhoffer@unistra.fr  & margaret.gillespie@univ-fcomte.fr

  • Prospective participants will be informed of the scientific committee’s decision by the 30th June 2018.

Papers will be 30 minutes maximum in duration, with 10 minutes for debate. Presentations will be in English and French and may be recorded or filmed for archival purposes.

 

Information:

  • A selection of papers, subjected to double-blind peer review, will be published in a volume of conference proceedings. Participants are invited to send in their articles in the month following the workshop. Only papers given during the workshop will be considered for publication.
  • There is no registration fee for the workshop and lunch will be provided to all participants. We regret that we cannot subsidize travel or accommodation.