Web littéraire
Actualités
B. Kaplan, La Bande dessinée : un art

B. Kaplan, La Bande dessinée : un art "reproductible" ?

Publié le par Nicolas Geneix

B. Kaplan, La Bande dessinée : un art "reproductible" ?

Article paru sur le site du9.org, décembre 2017.

"Dans un long article du numéro 16 de la revue L’Elephant, paru en juillet 2017, Vincent Bernière retrace l’histoire de la bande dessinée et au passage rend hommage au rôle de la revue Dorénavant que nous avions créée dans les années 1980, Barthélémy Schwartz et moi. Il cite les définitions que nous proposions alors, chacun, de la bande dessinée. « Pour le premier, la bande dessinée est « la juxtaposition de deux images ». Pour le second, c’est « la compartimentation de l’espace pour produire un effet de temps » ». Et il ajoute : « Mais il manque à ces définitions un caractère essentiel de l’histoire de la bande dessinée : sa publication au sein d’ouvrage et de journaux. Autrement dit : sa reproductibilité ». A dire vrai, il ne s’agissait pas, au moment où nous posions ces définitions, d’un oubli mais d’un parti pris. Nous avions ainsi élaboré une anthologie de la bande dessinée dans laquelle nous avions glissé des toiles de Klee, Kandinsky, Warhol. Au fond ce que nous proposions, c’était une conception atemporelle de la bande dessinée, une conception qui ne soit pas historiquement et culturellement déterminée mais qui se pose comme un art qui, quel que soit son support, avait toujours existé et continuera probablement à exister. Mais la question mérite d’être à nouveau posée aujourd’hui. Peut-on définir la bande dessinée par sa reproductibilité ?

Une telle conception a sa pertinence. Elle repose sur une conception de la modernité telle que la développait le philosophe Walter Benjamin dans son essai L’œuvre d’art à l’époque de sa reproduction mécanisée (1935). Si l’on définit la bande dessinée à partir de la forme qui a émergé à partir de Töpffer, voire avant, une telle définition est en apparence indiscutable. La bande dessinée est liée à la publication, comme l’ont montré tous les talentueux travaux d’historiens depuis (Thierry Groensteen, Thierry Smolderen…). Et l’on pourrait nous reprocher à Barthélémy Schwartz et à moi-même d’avoir voulu noyer la spécificité de la bande dessinée dans un ensemble trop vaste, qui recouperait trop de supports différents et finalement ne définirait plus grand-chose…

Et pourtant…(...)"

Lire la suite