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Ch. Rosset, A propos de quelques (ré)éditions  récentes

Ch. Rosset, A propos de quelques (ré)éditions récentes

Publié le par Nicolas Geneix

Christian Rosset, A propos de quelques (ré)éditions  récentes

Article paru sur le site du9.org, janvier 2018.

"Les nouveautés continuent de tomber, parfois comme des fruits mûrs, souvent comme des feuilles mortes. Il faudrait prendre le temps d’en recenser les plus belles — on s’y emploiera, mais en ce début d’année, ce sont quelques rééditions, particulièrement bienvenues, qui captent en premier lieu notre attention.

Rééditions ? À peine ce mot lancé, un doute saisit celui qui l’a pourtant frappé comme allant de soi sur le clavier. Convient-il vraiment pour qualifier les ouvrages dont il va être question ? Par exemple, le Volume 2de Pepito que Cornélius a publié en septembre dernier (soit un peu plus de cinq ans après la sortie du premier) est tout sauf une « réédition », même si l’intégralité du matériel proposé (ces 12 histoires palpitantes)avait déjà été publié çà et là (aussi bien dans ces fameux « fascicules crapoteux » parus à la fin des années 50 et tout au long des années 60 que dans la belle anthologie Futuropolis de 1982 qui eut si peu de succès en librairie  ce qui n’a pas empêché ses rares acquéreurs de la ranger au meilleur endroit de leur bibliothèque). La somptuosité de cette édition Cornélius vient de ce que tout (ou presque) a été repensé de A à Z : non seulement le choix des épisodes (préservant le très correct lettrage de la traduction d’origine), leur mise en ordre, leur accompagnement par une précieuse introduction de l’éditeur ; mais aussi celui de les publier, soit en noir et blanc, soit en bi ou quadrichromie — manière de penser post-futuro, mais avec un savoir-faire technique et des moyens qu’il y a quasiment quarante ans Florence Cestac et Étienne Robial ne pouvaient avoir à disposition. Rien n’est trop beau pour Pepito, même si (ou plutôt, paradoxalement : parce que) son succès public n’est plus qu’un souvenir. Bottaro éclate enfin comme l’auteur qu’il a toujours été : intemporel — ses personnages apparaissant toujours d’une incomparable fraîcheur, comme vêtus de neuf, c’est-à-dire immuables (non assujettis au vieillissement), même si sempiternellement remis en scène, sans que jamais ne nous soit imposé tel ou tel artifice lié aux appétences de l’air du temps, par la grâce d’un trait bien accordé à une imagination intarissable. Le vieux fond de nostalgie réveillé par les retrouvailles avec cette lecture d’enfance est fort heureusement mis en sourdine par ce travail d’édition particulièrement créatif, qui va donc bien au-delà de l’acte mécanique de réédition.(...)"

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