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Claude Santelli et Le Théâtre de la jeunesse (Colloque, Amiens)

Claude Santelli et Le Théâtre de la jeunesse (Colloque, Amiens)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Noëlle BENHAMOU)

Claude Santelli et Le Théâtre de la jeunesse : quand la télévision adaptait le patrimoine littéraire.

 

Université de Picardie, Équipe CERCLL, Université d’Artois, Équipe Textes et Cultures, Cultures d’enfance et de jeunesse, Université de Lorraine, Equipe CREM, Institut National de l’Audiovisuel

Amiens, Logis du Roy, 16 et 17 mai 2019

 

PRESENTATION

Dans le cadre d’un projet de recherches portant sur les adaptations de romans classiques pour la jeunesse à la télévision, projet prévu sur deux ans, et intitulé « Médias et Littérature au XXème siècle : vulgarisation, transmission, éducation », les universités de Picardie, d’Artois, et de Lorraine, en partenariat avec l’INA, proposent de consacrer un premier colloque au rôle du producteur Claude Santelli, et de sa série d’émissions connues sous le titre de Théâtre de la jeunesse.

Cette émission phare de la télévision des années 60 est étroitement liée au nom de celui qui en fut le créateur, et le principal producteur, par ailleurs très impliqué dans la politique culturelle du service public de télévision des années cinquante jusqu’au début des années 80.

Par son titre même, cette émission témoigne des conditions de tournage de l’époque : il s’agit bien de théâtre filmé, de « dramatiques » comme on disait alors, laissant peu de place à des tournages en extérieur. Mais ce titre dit aussi une ambition : s’adresser aux plus jeunes pour faire connaitre la littérature. Entre 1960 et 1969, trente-huit dramatiques seront diffusées, souvent en deux parties de presque une heure chacune, majoritairement adaptées de romans ou de nouvelles. Le corpus comprend Mark Twain, Dickens, la Comtesse de Ségur, Jules Verne, Oscar Wilde, Pouchkine, ou encore Victor Hugo, mais aussi des auteurs plus contemporains des jeunes téléspectateurs comme Erich Kästner, des créations comme celle de l’acteur George Riqier, Youm et les longues moustaches, ou, de Santelli lui-même, Gaspard ou le petit tambour de Fulda. A ces transpositions s’ajoutent quelques biographies comme celle de Marie Curie, Ésope, Thomas Edison, ou Ambroise Paré, dont on raconte, bien sûr, l’enfance. Santelli adapte lui-même cinq textes, mais s’entoure aussi d’une équipe d’adaptateurs, scénaristes, et réalisateurs qui contribueront au succès de plusieurs adaptations : Marcel Cravenne, Jean-Christophe Averty, ou Albert Husson. Tous contribuent à ce que la télévision devienne, selon une expression de Santelli, une « autre école de la république » (Interview archivée par l’INA sous le titre « Claude Santelli sur le Théâtre pour la jeunesse »). Une école qui accorde une place essentielle à la littérature. Marcel Bluwal qui réalisa Les Indes Noires, d’après Jules Verne, pour Le Théâtre de la jeunesse, assume aussi ce rôle : « nous voulions être les hussards noirs de la République, mais à la télévision » (Jean-Jacques LEDOS, L’âge d’or de la télévision 1945-1975, Paris, L’Harmattan, 2007, préface, p. 8).

Le fonds Santelli, déposé aux archives de la BNF, département Arts du Spectacle, a fait l’objet d’un catalogage qui s’achève, et est désormais à la disposition des chercheurs. L’INA de son côté a mis en ligne Le Théâtre de la jeunesse.

Le colloque propose de mieux cerner cette série, et le rôle de son producteur, en développant plusieurs axes.

Axe 1 : questions de corpus et de public.

Quels auteurs et quelles œuvres sont privilégiés pour être adaptés, peut-on établir des critères de sélection, des critères d’adaptation ? Et quelles interprétations de ces œuvres sont proposées au public ?

Axe 2 : contexte de production des émissions visant le jeune public.

L’ORTF est créé en juillet 1964, mais à partir d’un héritage de la RTF que des recherches, comme celles de Sylvie Pierre sur le rôle de Jean D’Arcy (Sylvie PIERRE, Jean d’Arcy, une ambition pour la télévision, 1913-1983, Paris, L’Harmattan, collection « Le Mouvement des Savoirs », 2003), nommé en 1952, ont éclairé. Une attention spéciale peut être accordée cependant à ces années 60, car c’est là qu’émerge la représentation de la jeunesse, en particulier de l’adolescence, comme un public à différencier du public familial. Culture jeunesse, ou culture pour tous, comment cet enjeu est traité par Santelli lorsqu’il s’agit de littérature ?

Axe 3 : esthétique et genre.

Dans la continuité des travaux de Gilles Delavaud sur l’esthétique de la « dramatique » télévisée entre 1950 et 1965, forme considérée comme l’ancêtre du « téléfilm » qui la remplacera chronologiquement, mais qui n’obéit pas à la même grammaire filmique, on pourra se demander s’il existe une spécificité de la dramatique pour la jeunesse.

Axe 4 : réception de l’émission.

La télévision est alors l’objet d’un certain mépris, et l’adaptation télévisuelle est particulièrement critiquée, quelque part entre le sous-cinéma et le sous-théâtre, un sous-produit d’un sous-média. Pourtant le public reste fidèle à la série et le fonds Santelli conserve des courriers de téléspectateurs et des articles parus dans la presse qui témoignent d’une réception favorable de l’émission. Quelles qualités reconnait-on aux adaptations ? Quel impact lui prête-t-on ? Quelles attentes du public sont ainsi exprimées ? Quel discours critique se construit au fil des années ?

Axe 5 : Claude Santelli, l’écrivain, l’essayiste

Producteur de télévision n’étant pas le seul rôle joué par Claude Santelli, on s’intéressera aux aspects de son œuvre pour la jeunesse. Fils de César Santelli qui obtint le prix de Littérature enfantine 1935 pour le roman L’escabeau volant publié chez Bourrelier (le jury est composé de Charles Vildrac, Paul Hazard, Charles ab der Halden), Claude Santelli est licencié ès lettres et fut professeur de français avant de rejoindre en 1956 la RTF. Il écrit des textes de théâtre pour la compagnie Jacques Fabbri qui, déjà, s’inspire de classiques, mis à la portée du grand public jeunesse, tel Le Fantôme (farce en cinq actes d’après Plaute, jouée au théâtre de l’Atelier en 1954). En 1955 La famille Arlequin obtient le prix Molière. À la tête de la SACD pendant une dizaine d'années, de 1982 à 1992, il y milita pour la création de quotas en faveur de la création audiovisuelle française et prit régulièrement des positions dans les médias.

On pourra rechercher dans ses écrits des éléments qui éclairent les choix du producteur de télévision.

Axe 6 : comparaison avec les autres productions pour la jeunesse de Santelli

Enfin, c’est encore dans le réservoir de la littérature que Claude Santelli puise pour les programmes spéciaux des soirées de Noël, tel Le Petit Claus et le Grand Claus, d’après le conte d’Andersen, programme pour lequel Santelli réunit trois artistes inventifs, Paul Grimault, le cinéaste d’animation, Jacques Prévert, et Pierre Prévert. Ces programmes sont conçus pour solliciter l’imagination du téléspectateur, le maintenir en éveil, par des dispositifs ludiques, qui pourront flirter à l’occasion avec le surréalisme ou l’absurde. On pourra donc les prendre comme élément de comparaison, tout comme l’adaptation du célèbre Tour de France par deux enfants, en 1957, qui lance la tradition des rendez-vous réguliers de toute la famille devant le « feuilleton ». Santelli crée aussi Livre mon ami, également destiné aux plus jeunes, et diffusé pendant dix ans, de 1958 à 1968, animé toujours des mêmes préoccupations de transmission des classiques.

 

PROPOSITIONS

Date limite d’envoi des propositions : 30 juin 2018.

Réponse du comité : 15 octobre 2018.

Une publication est prévue.

 

ORGANISATEURS

Noëlle Benhamou, Maître de Conférences, littérature française

Université de Picardie Jules Verne, Amiens

CERCLL, Roman & Romanesque

noelle.benhamou@u-picardie.fr

Christine Prévost, Maître de conférences                          

Littérature de jeunesse, didactique

Espé Lille/université d’Artois, Textes et Cultures

christine.prevost@espe-lnf.fr

Comité scientifique : Isabelle Rachel Casta, Daniel Compère, Francis Marcoin, Sylvie Pierre.

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

Histoire de la télévision:

EVENO, Patrick et MARECHAL, Denis (dir.), La culture audiovisuelle des années 1960-1970, Paris, L’Harmattan, 2009.

LEDOS, Jean-Jacques, L’âge d’or de la télévision 1945-1975, Paris, L’Harmattan, 2007. [chef opérateur à l’ORTF, publie articles et ouvrages mêlant témoignages et reconstituant la chronologie des programmes].

PIERRE, Sylvie, Jean d’Arcy, une ambition pour la télévision, 1913-1983, Paris, L’Harmattan, collection « Le Mouvement des Savoirs », 2003. [Mémoire de DEA sous la direction de Roger Viry-Babel, Professeur en Sciences de l’Information et de la Communication, Université de Nancy 2].

PIERRE, Sylvie, Jean d’Arcy, penseur et stratège de la télévision, éditions INA, Médias Histoire, 2012.

PIERRE, Sylvie, Jean- Christophe Averty, une biographie, éditions INA, avril 2017.

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