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Colloque : "Le Silence, l’Autrement-dit, le Trop-dit" (Bucarest)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Sonia Berbinski)

Colloque International « Langage(s), Discours et Traduction »

Le Silence/l’Autrement-dit/le Trop-dit

9-11 juillet 2019, Université de Bucarest

 

Qui ne dit mot, consent

Qui (trop) s’excuse, s’accuse

 

PRESENTATION

Le Colloque international « Le Silence/l’Autrement-dit/le Trop-dit » qui s’inscrit dans la série des colloques « Langage(s), Discours et Traduction (LangDTrad) » et de son dérivé TermTrad[1] se propose d’aborder cette thématique dans une perspective pluridisciplinaire. Sont invités à exprimer et à défendre leurs points de vue des spécialistes en plusieurs disciplines universitaires – linguistique générale, linguistique appliquée (domaine économique, juridique, technique, scientifique), littérature, argumentation, négociation, arts (musique, arts visuels, danse), anthropologie, traductologie, terminologie, didactique.

Les débats porteront sur diverses théories de l’expression et de l’interprétation du sens et de la signification en langue et en discours (langues/discours de spécialité, belles lettres, discours artistique), ainsi que sur la problématique (discursive) de leur reformulation (paraphrase ou : traduction intralinguale et traduction interlinguale, voire intersémiotique comprise) et sur celle (métalinguistique) de leur définition (dimensions lexicographique et terminologique comprises).

AXES

En clair, notre colloque s’organise autour de trois axes génériques :

Le Silence

Le Silence est le maître de la parole. Savoir quand, où, comment, pourquoi, devant qui, sur quoi se taire ou tenir sa langue, c’est l’arme la plus forte des âmes et des esprits forts. Les arts (musique, arts plastiques, danse, théâtre), la psychanalyse, la psycholinguistique, les théories de la communication et de l’argumentation (négociations, stratégies argumentatives, rhétoriques, etc.), les théories du/des langage(s), la traductologie et la pratique de la traduction, sans oublier les grands silences de la littérature, le silence nécessaire comme stratégie didactique, tous ces domaines donnent tour à tour du sens au silence, le transforment en un point zéro du dit. De cette façon, le Silence ne se tait jamais. Il ne signifie pas une absence du dit et du dire, mais plutôt un refus de dire et de faire, une astuce de tout discours (silence significatif, silence éloquent, silence analytique, silence polémique, etc.), un non-dit (avec ses implicites, sous-entendus, approximations, à propos, allusions, etc.), un dire autrement (gestuelle, écoute active, silence complice, etc.). Il va du refus de dire au silence parlant, du vouloir ne pas dire au dire caché, du silence créateur d’univers au silence destructeur.

Le Silence organise les discours (ponctuation, versification, césure, pause oralisée, etc.), les apprivoise structurellement en tolérant des structures non-conformes aux standards (ellipse, anacoluthe, fragmentation du discours, lapsus, etc.), les instruit sémantiquement et pragmatiquement, se chargeant d’un sens (refus, révolte, stupeur, mépris, étonnement, etc.) devenant un acte de langage en soi, ou bien il s’impose comme une stratégie rhétorico-argumentative (composante tacite d’un raisonnement, silence non respecté/vs/observer le silence, oxymore, ironie…). Le Silence est une expérience vécue cognitivement et sensoriellement, s’invitant à être débattu dans une perspective multidisciplinaire.

L’Autrement-dit

Si le silence apparaît comme une loi non-dite et non-écrite de l’organisation des langages (verbal et non-verbal), l’Autrement dit est un principe du langage qui se rapporte à un repère représentant le domaine du Proprement dit. Si cette dernière notion explicite et complète sémantiquement « dispense l’interlocuteur de combler les lacunes du locuteur pour mieux comprendre son dit, […] l’Autrement-dit, c’est l’incomplet du côté de la forme et l’implicite du côté du fonds » (Lobacev 1995[2]). Cette insatisfaction syntactico-sémantico-discursive du dit et du dire impose aux instances du discours de chercher des manières d’expression capables de refaire la mémoire du proprement-dit, du dénotatif ou du déjà-dit, donc d’« un discours déjà là » (Peytard 2001 : 172[3]). De ce fait, l’Autrement-dit repose sur une déformation du sens et du signe par allusion, par altération, par parallélisme, par glissement de sens, par recomposition, par restructuration syntaxique, par approximation, par détournement, etc. qui se rapporte invariablement à un sens et à un signe de départ pour mesurer ultérieurement les écarts de la norme/point de référence. Phénomène créé dans l’activité discursive, l’Autrement-dit est aussi le lieu de la subjectivité et du dialogique. Derrière une réorganisation sémantique et pragmatico-discursive parlent les multiples voix du discours.

L’Autrement-dit est un phénomène qui touche pratiquement tous les domaines de la communication (verbale et non-verbale) qui peuvent générer autant de perspectives de présentation des communications pour ce colloque : linguistique, littérature, traduction et traductologie, interprétariat, terminologie, langages spéciaux, anthropologie, sémiologie, sémiotique, didactique,  arts du visuel, de l’auditif et du jeu théâtral.

Pour mieux servir les intérêts des instances énonciatives de nommer autrement et d’exprimer indirectement ce qu’elles veulent transmettre, l’Autrement-dit est mis en marche par des mécanismes sémantico-discursifs et pragmatico-argumentatifs comme les homophonies, les réorganisations phonétiques des groupes rythmiques, les altérations intonatives, la paronomase, la reformulation, la paraphrase, la métaphore, la métonymie, le figement/défigement, la néologie, les relations sémantiques, la terminologisation, la réorganisation des schémas syntaxiques, le discours rapporté, etc.

Une place particulière est occupée par l’Autrement-dit dans le domaine des traductions et de l’interprétariat. Ainsi, les acteurs des disciplines de l’interprétariat (traductions consécutives et traductions simultanées) non seulement se forgent leur propre code de raccourcissements, d’abréviations, de siglaisons, d’isolement de mots, mais il leur arrive souvent d’utiliser des codes visuels comme la sténographie. La traduction écrite oblige le traducteur à jouer avec toute sorte d’Autrement-dit, transformant forme et contenu du texte source de manière à ne pas trop déformer le miroir que doit devenir le texte cible.

La didactique tire parti de ce phénomène par les multiples techniques et stratégies d’enseignement/apprentissage qui peuvent être créées à partir de ces mécanismes. Apprendre l’altérité de l’autre langue n’est autre chose qu’un parcours croisé de ces stratégies.

Le Trop-dit

Garder le silence, mesurer ses paroles évite souvent de dire plus qu’il n’était nécessaire. Le Trop-dit est un excès discursif qui bafoue au moins une maxime conversationnelle gricéenne – la quantité qui exige qu’on fournisse « autant d’information qu’il est requis (mais pas plus) », ce qui a des conséquences sur la cohérence discursive. La non-observation de cette maxime provoque un effet boule de neige, car le Trop-dit s’éloigne, à des degrés variables, de toutes les maximes (pertinence, qualité, manière).

Le Trop-dit portant sur un objet du discours déclenche parfois une dissolution du contenu et de la forme du message. Il revêt plusieurs aspects, se matérialisant dans les diverses formes d’ambiguïtés et même d’obscurités sémantiques, dans des déformations de sens jouant sur l’extension sémantique et sur l’accumulation de traits attribués au même item (supradéfinition terminologique et sémantique, périphrases redondantes), dans la dés-organisation morphosyntaxique (difficultés des accords, emploi défectueux des modes et des temps, connexions imparfaites entre les phrases/paragraphes, transgression des règles de relation : unité thématique et rhématique, invention non-justifiée et non-nécessaire d’arguments, etc.). Ce phénomène est trop présent dans la communication quotidienne « sans absolue nécessité, dans un simple et très compréhensible besoin d’expressivité » (Lavric 2016[4]), dans les discours testimoniaux ou justificatifs (les divulgations, les (demi-)confidences – jouant sur le trop-dit et le pas-assez-dit – les délations, explications, justifications, excès de franchise, etc.) mais il est utilisé souvent comme une stratégie argumentative dans les domaines les plus divers (littérature, linguistique, traductologie, interprétariat, terminologie, économie, politique, société, etc.), à des fins persuasives et stylistiques. L’usage des hyperboles, des exagérations de toute sorte (linguistique, gestuelle, sonore ou visuelle), de divers types de reprises, des accumulations graduables, etc. peut avoir des effets discursifs contradictoires : soit de mise en valeur, d’emphase de l’objet du discours, soit « une compensation d’un silence inopportun » (Lavric 2016).

En interprétation, le Trop-dit peut être parfois une stratégie qui débloque une situation, quand l’interprète se substitue à l’autre ou traduit la gestuelle de sa source. En traduction, ce phénomène peut allonger inutilement le texte si le traducteur, en voulant rendre le texte source le plus clair possible, pèche par l’abondance d’informations extratextuelles.

En didactique, le Trop-dit  serait une technique d’enrichissement lexical et phrastique, de la découverte progressive du sens par un procédé surveillé de gestion mentale. Ce phénomène peut se transformer en un jeu de dé-construction et reconstruction discursives.

 

Sections :

Phonétique et Morphosyntaxe

Sémantique et Lexicologie

Terminologie

Langages spéciaux

Traduction spécialisée /vs/ Traduction littéraire

Langage artistique

Langage quotidien et littéraire

Sémiotique, Sémiologie

Pragmatique et Argumentation

Littérature et Anthropologie

Didactique – enseignement/apprentissage du FLE, FOS, FOU

 

Soumission des propositions :

Les propositions comprendront :

  • un titre,
  • cinq mots clefs,
  • une bibliographie de quatre titres maximum
  • un développement en 500 mots environ présentant la problématique, le cadre méthodologique, le corpus analysé, les principaux résultats escomptés.

Langues de communication – principales : français, roumain ; secondaires : espagnol, italien, anglais, allemand

Les communications donneront lieu, après expertise des textes définitifs par le comité de lecture, à une publication en volume. Les auteurs sont priés d’indiquer de manière explicite la section à laquelle ils voudront s’inscrire. Les propositions seront soumises avant le 20 avril 2019 à l'une des adresses suivantes :

soniaberbinski@yahoo.com;

soniaberbinski@lls.unibuc.ro;

langages_traduction2011@yahoo.fr  

 

Organisation des interventions :

  • Communications individuelles (20 minutes+10 minutes de débat/questions)
  • Tables rondes (4 intervenants pour 45 min + 15 min d’échanges)
  • Conférences plénières (40 minutes + 10 minutes de débat/questions)

 

Calendrier :

1er appel à communications : 10 janvier 2019

2ème appel à communications : 10 mars 2019

3ème appel à communications (clôture) : 20 avril 2019

Notification aux auteurs : 10 mai 2019

Colloque : Travaux du colloque : 9-11 juillet 2019

 

Comité scientifique :

Sonia Berbinski (Université de Bucarest)

Tita Beaven (Open University, UK)

Laura Cîțu (Université de Pitești)

Muguraș Constantinescu (Université « Stefan cel Mare », Suceava)

Anca Cosăceanu (Université de Bucarest)

Lidia Cotea (Université de Bucarest)

Giampiero de Cristofaro (FENICE, Italia)

Dan Dobre (Université de Bucarest)

Felicia Dumas (Université A.I.Cuza, Iasi)

Francis Grossmann (Université de Grenoble)

Mohammed Jadir (Université Hassan II, Mohammedia, Maroc)

Eva Lavric, (Université d’Innsbruck)

François Mangenot (Université de Grenoble)

Vincent Nyckees, (Université Paris VII)

Marina Păunescu (Université de Bucarest)

Henri Portine (Université Bordeaux 3, France)

Laurence Rouanne (Universidad Complutense de Madrid)

Brândușa Steiciuc (Université « Stefan cel Mare », Suceava)

Cristiana Teodorescu (Université de Craiova)

Maria Felicidad Tabuenca Cueva (Université d’Alicanté)

Agnès Tutin (Université de Grenoble)

Anca Marina Velicu (Université de Bucarest)

 

Comité d’organisation :

 

Sonia Berbinski, Université de Bucarest (soniaberbinski@yahoo.com), Lidia Cotea, Dan Dobre (dandobre26@yahoo.fr), Anca Velicu, Lucia Visinescu, Oana Ilinca Moldoveanu (oana.i.moldoveanu@gmail.com), Les volontaires du CRU

 

Frais de participation:

Les frais de participation de 90 Euros pour les enseignants/70 pour les doctorants couvrent les pauses-café, le dossier du colloque, partiellement la publication des Actes du colloque aux Editions de l’Université de Bucarest ou à une autre Maison d’édition de prestige. Les modalités de paiement seront indiquées après l’acceptation de la proposition, avant le 15 mai 2019.

Le comité d’organisation mettra à la disposition des participants l’offre d’hébergement pour la période du déroulement des travaux. Les frais d’inscription, de transport, d’hébergement et de l’achat/envoi du volume des actes sont à la charge des participants.

 

Fiche d’inscription

 

Nom :

Prénom :

Intitulé de la communication :

Affiliation :

Statut (enseignant, chercheur, doctorant, etc.) :

Courriel :

Adresse professionnelle :

Adresse personnelle :

Tél. (facultatif) :

Langue de communication:

 

 

[1] Cette série connaît une dérivation, TermTrad, manifestation scientifique plus appliquées au domaine de la terminologie et de la traduction des discours spécialisés. La première édition s’est déroulée en 2017 à l’initiative de Anca Marina Velicu et co-organisée à côté de Sonia Berbinski et Lidia Cotea.

[2] Lobatchev, Boris, (1995). » Principe de la traduction — principe du langage : l'autrement-dit ». Meta, 40(4), 707–713. https://doi.org/10.7202/003513ar

[3] Peytard, J. (2001), Syntagmes 5, sémiotique différentielle de Proust à Perec, PUFC, Besançon

[4] Lavric, Eva, (2016), « Rencontres avec le Dit et le Non-dit tout au long d’une vie de linguiste », in Sonia Berbinski (éd.), Du Dit au Non-dit, Peter Lang, Frankfurt and Main, pp. 25-63.