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Colloque: " Les chemins de l’imperfection. Reconfiguration d’un paradigme moderne (XIXe-XXIe siècles)" (Palerme)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Daniela Tononi )

Les chemins de l’imperfection. Reconfiguration d’un paradigme moderne (XIXe-XXIesiècles)

 

Université de Palerme            

4-5 avril 2019

 

PRÉSENTATION

Les Anciens considèrent l’imperfection selon des acceptions différentes : si, pour Aristote, l’imperfection est synonyme d’incomplétude (absence du fini), elle est, pour Empédocle, dont plus tard s’inspirera Vanini, l’une des conditions préliminaires pour atteindre la perfection. Aristote définit l’imperfection en se référant davantage au processus de création qu’à la valeur esthétique de l’œuvre, tandis qu’Empédocle considère l’imperfection comme la condition esthétique consubstantielle à l’œuvre-même. C’est à partir de ces deux interprétations que le concept d’« œuvre imparfaite » a été décliné et transformé pendant les siècles assez souvent en relation avec les canons littéraires imposés par la tradition. 

Jusqu’au XVIIIe siècle, l’imperfection est de fait essentiellement perçue comme un manque de conformation à un idéal esthétique dominant, potentiellement institutionnalisé par les traités. Fruit de la transgression aux normes — codes génériques ou, plus largement, conventions esthétiques et artistiques — l’œuvre imparfaite se définit en regard de la perfection harmonieuse et des canons de beauté qui caractérisent les œuvres reconnues par la tradition. Progressivement, l’imperfection abandonne la catégorie du jugement pour devenir une composante de l’acte créateur. 

Si la modernité littéraire n’invente pas la notion d’imperfection, on peut en revanche postuler qu’elle en reconfigure le paradigme : loin d’une conception de l’art et de la littérature basée sur un idéal que l’œuvre se doit d’atteindre, la modernité privilégie les recherches formelles qui font de l’imperfection, entendue tant au sens d’inachèvement que de manque, de défaut, le cœur même de leur activité.

Une fois abandonné l’idéal classique de perfection, l’œuvre imparfaite devient l’expression des temps modernes et conduit à la création d’une nouvelle esthétique. Ainsi, certains auteurs brandissent leur refus de la perfection comme l’insigne distinctif de la modernité, à l’instar, par exemple, de Valéry (Regards sur le monde actuel, p. 208): « Tendre à la perfection, donner à une œuvre un temps de travail illimité, se proposer, comme le voulait Gœthe, un but impossible, ce sont là des desseins que le système de la vie moderne tend à éliminer ». Le jugement porté par Sartre sur Flaubert procède de même : « Et en un sens, je n’aime pas le style de Flaubert ; il est trop fini. Je reconnais qu’il faut le considérer en gros comme beau, mais il est trop inexorablement fini » (Michel Sicard, Essais sur Sartre. Entretiens avec Sartre (1975-1979), Éditions Galilée, Paris 1989, p. 166). 

La valorisation séculaire de la perfection, d’autant plus estimée que réputée inaccessible, s’articule ainsi, dans une dialectique du tout et du fragment, de l’unité et de l’incomplétude, à la revendication de son strict antonyme, du non finito comme esthétique concertée de l’« œuvre ouverte », telle qu’a pu la définir Umberto Eco. 

L’imperfection pourra ainsi être définie comme inachèvement, qu’il s’agisse d’un choix esthétique ou d’un accident, qui interdit à l’œuvre d’arriver à sa fin. Elle peut être aussi déséquilibre, manque, défaut, qu’il s’agisse d’un défaut structurel — on pense, par exemple, au « défaut de ligne droite » de L’Éducation sentimentale—, formel et/ou stylistique.

L’imperfection peut enfin être thématisée, et se donner à lire sous la forme de motifs récurrents qui traversent l’œuvre, de la tare héréditaire zolienne à ses avatars contemporains.

L’approche génétique, sans être exclusive, sera appréciée : les avant-textes offrent en effet un terrain d’enquête privilégié pour étudier les différentes modalités de l’imperfection : ébauches jamais continuées, manuscrits interrompus et abandonnés ou stratégies d’inachèvement à l’œuvre dans les brouillons et qui participent de ce que l’on a pu désigner sous le terme de « poétique du non finito » pourront être analysés. 

 

AXES

Les contributions pourront s’inscrire,sans y être pour autant limitées, dans l’un ou plusieurs desaxessuivants :

Axe I : 

  • Imperfection et canons esthétiques ;
  • Monstrueux et monstruosité ;

Axe II : 

  • Imperfection en tant que forme du discontinu dans la narration ;
  • Éclatement formel du roman ;
  • Subversion des catégories logiques de l’œuvre ; 

Axe III : 

  • Imperfection et processus d’écriture ; 
  • Échec du projet scriptural ; 
  • Œuvre inachevée. 

 

PROPOSITIONS

Les propositions (titre et résumé : 400 mots) accompagnées d’une brève bio-bibliographie de l’auteur sont à envoyer avant le 15 novembre 2018 à daniela.tononi@unipa.it et à florence.pellegrini@u-bordeaux-montaigne.fr.

La publication des Actes du Colloque est prévue en décembre 2019 dans la revue Inverbis. Les articles seront à soumettre au plus tard le 5 juin 2019. 

 

COMITÉ SCIENTIFIQUE

Francesco Fiorentino (Université de Bari), Jacques Neefs (John Hopkins University), Florence Pellegrini (Université Bordeaux-Montaigne), Gilles Philippe (Université de Lausanne), Daniela Tononi (Université de Palerme), Philippe Willemart (Université Sao Paulo, Brasil).

  • Responsable :
    Daniela Tononi
  • Adresse :
    Sala delle Capriate, Université de Palerme