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Communitas : Les mots du commun et de la Communauté

Communitas : Les mots du commun et de la Communauté

Publié le par Pierre-Louis Fort (Source : Rémi Astruc)

 

Colloque international CCC et congrès SFLGC 2018

Maison Internationale de la Recherche, Cergy-Neuville, du 15 au 17 novembre 2018

Présentation de la manifestation et objectifs scientifiques :

Après avoir organisé en juin 2016 à Paris un premier colloque portant sur les images de la Communauté qui visait à interroger les représentations et l’idée même de représentabilité du « commun » en images, et avant un futur colloque qui interrogera les rythmes, gestes et mouvements de la Communauté (2019), le réseau CCC (Communauté des Chercheurs sur la Communauté) s’associe avec la SFLGC (Société Française de Littérature Générale et Comparée) pour lancer un appel à communication en vue d’une manifestation internationale intitulée : Communitas[1]et portant sur l’examen des « mots du commun et de la Communauté », soit l’imaginaire verbal des aspirations à la Communauté.

 

Argument

Comment se formulent les idéaux ou les espoirs de la vie en commun, mais aussi l’épiphanie de la Communauté, son existence ressentie ? Comment se capture et se verbalise le sentiment d’être ensemble et quels mots peuvent en fixer puis transmettre l’expérience ? Quelles poétiques sont ainsi en mesure d’exprimer l’effervescence de la communauté en train d’advenir et d’en partager ensuite le souvenir ? Il ne fait aucun doute que l’enthousiasme communautaire engendre et stimule une force de création, notamment verbale, tout à fait prodigieuse. Chants d’espoir, poèmes, slogans, allocutions, romans, films, performances, sont là, parmi d’autres formes d’invention et d’expression, pour manifester et communiquer l’effusion à laquelle conduit souvent la réunion des hommes en une entité organique qui prend soudain conscience d’elle-même. Cette réunion se vit alors avec une intensité extraordinaire et les hommes ressentent très vite le besoin de célébrer cette excitation et sensibilité merveilleuse.

Il s’agira dès lors d’analyser dans leurs multiples dimensions (notamment esthétique, linguistique, historique, anthropologique  et politique) les formulations verbales du sentiment de Communauté. L’enquête, qui trouvera à s’exercer naturellement dans les différentes formes d’art (poésie, théâtre, roman, mais aussi éventuellement cinéma, chanson, performance, etc.), pourra ne pas s’y limiter et aborder, mais sous un angle esthétique ou linguistique, toutes les productions verbales liés aux événements et à l’avènement de la Communauté ou de la vie en commun : appels, manifestations, soulèvements, révolutions, par exemple.

Cette enquête pourra se déployer dans les différentes époques et les différentes cultures, avec une préférence pour les perspectives véritablement comparatistes ou qui chercheront à théoriser et généraliser, à partir de l’examen d’exemples particuliers, les résultats obtenus.

Parmi les innombrables pistes possibles, voici une liste non exhaustive de directions ou d’explorations envisageables :

- les différents sens du mot communauté en langues (perspectives historiques et philologiques) et leurs conséquences sur la compréhension de la notion ;

- comment se disent les communautés locales, nationales, internationales ?

- les épopées, légendes et mythes face à la question de la production de la Communauté, hier et aujourd’hui ;

- les genres du commun : quelles formes littéraires ou langagières sont plus aptes à dire la Communauté et pourquoi ?

- les mots de la Communauté absente, des tentatives ou espoirs déçus, au sein des sociétés individualistes ;

- Communauté et approche genrée, masculin, féminin, queer…

- les mots du communautarisme : version étriquée du commun ou forme de vitalité contemporaine des affects communautaires ?

- les œuvres « communistes » (leurs ambitions, leur échec et réussite, leurs limites)

- dire le commun aujourd’hui à l’ère numérique et transmédiatique. Le sens des « communautés » d’utilisateurs. Leur rapport au commun.

- comment dire une communauté francophone, une communauté postcoloniale ?

Le colloque se tiendra pendant deux jours et demi à la Maison Internationale de la Recherche (MIR) de l’Université Paris-Seine sur le site de Neuville (95) de l’Université de Cergy-Pontoise (RER A direct, 40 minutes de Paris).

Les communications (20 min + discussion) pourront se faire en français, anglais ou portugais. Des moyens de vidéo-projection seront mis à disposition. Le colloque est ouvert à toute personne désireuse d’y participer ou d’y assister. Les doctorants en littérature comparée sont en particulier encouragés à proposer une communication.

 

Invités confirmés :

Jean-Luc Nancy, philosophe : conférence d’ouverture –  jeudi 15 novembre

Antoine Volodine, écrivain

 

Le comité scientifique du colloque est composé de Anne Duprat, présidente de la SFLGC, Jean-Marc Moura (UPONLD- Nanterre), Xavier Garnier (UPSC- Paris 3), Sébastien Hubier (U. de Reims), Thierry Tremblay (University of Malta), Nathalie Wourm (Birkbeck University, London), Cory Stockwell (Bilkent University, Turkey), Carlos Garrido (University of Lisboa) et Rémi Astruc (Université Paris-Seine, Cergy)

Le comité d’organisation (Université Paris-Seine, Cergy) est constitué de Louis Nana, Mylène Charon, Abderrahmane El Yousfi, Sylvie Brodziak, Benoît Humbert, Catherine Lesaffre, Claude Coste et Rémi Astruc.

 

Agenda:

Les propositions sont à déposer sur la plateforme sciencesconf.org avant le 01/06/2018

Les participants seront avisés que leur communication est retenue avant le 30/06/2018.

Les informations concrètes seront ensuite envoyées aux participants via le site de la conférence.

 

Site de la conférence : http://motscom.sciencesconf.org

Contact : remi.astruc@u-cergy.fr

 

Suggestions bibliographiques :

Site du CCC : nombreux articles en ligne et en accès libre dans la « communauthèque ». www.communautedeschercheurssurlacommunaute.wordpress.com

Agamben, Giorgio, La communauté qui vient, Théorie de la singularité quelconque, Paris, Seuil, 1990

Agamben, Giorgio, Le Feu et le récit, Rivages, Paris, Rivages, 2015

Anderson, Benedict, Imagined Communities, Reflections on the Origin and Spread of Nationalism, London, Verso, 1983

Astruc, Rémi, Nous ? L’aspiration à la Communauté et les arts, RKI Press, 2015

Astruc, Rémi (dir.), La Communauté revisitée (Community Redux), RKI Press, 2016

Augé, Marc, La communauté illusoire, Paris, Rivages, 2010

Bailly J-C. et Nancy, J-L., La Comparution, Paris, Christian Bourgois, 1991

Bataille, Georges, Œuvres complètes, t.1 (Premiers Écrits. 1922-1940), Paris, Gallimard, 1970

Blanchot, Maurice, La communauté inavouable, Paris, Minuit, 1983

Dardot Pierre, Laval Christian, Commun, essai sur la révolution au XXIe siècle, Paris, La Découverte, 2014

Esposito, Roberto, Communauté, Immunité, Biopolitique, Paris, Les Prairies ordinaires, 2010

Nancy, Jean-Luc, La Communauté désoeuvrée, Paris, Christian Bourgois, 1986

Schnapper, La Communauté des citoyens, Paris, Gallimard, 1994

Tönnies, Ferdinand, Communauté et société, Paris, PUF, traduction et présentation de Niall Bond et Sylvie Mesure, 2010

Vibert, Stéphane, La Communauté des individus, Montréal, éd. Le bord de l’eau, 2016

 

 

[1] On gagnera à distinguer la Communauté (singulier et majuscule) au sens le plus large de Communitas, aspiration à vivre en ensemble avec des hommes qui sont différents de moi, des communautés (pluriel et minuscule), actualisation dans le réel de cette aspiration dans des regroupements autour d’intérêts ou de marqueurs communs (par exemple claniques, ethniques ou religieux) qui excluent d’avance une partie des hommes du cercle communautaire.

Dans l’ethos de la Communitas, les membres, s’ils sont parfois perçus comme mes semblables voire mes « frères », ne sont cependant pas à proprement parler « les miens », c’est-à-dire n’appartiennent pas directement à mon environnement familial, ethnique ou clanique. Sur cette distinction voir en bibliographie notre ouvrage, Nous ? L’aspiration à la communauté et les arts, RKI Press, 2016, notamment le chapitre 1.