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Contrat doctoral Université de Bourgogne-Franche-Comté : sur Marcel Arland

Contrat doctoral Université de Bourgogne-Franche-Comté : sur Marcel Arland

Publié le par Arnaud Welfringer (Source : Laboratoire ELLIADD)

Projet de thèse de l’UR ELLIADD

ED LECLA 2017

Intitulé du projet : Étude génétique de l’œuvre de nouvelliste de Marcel Arland

Encadrant HDR : Yvon Houssais

Co-encadrant  ou co-directeur :

Description du projet :

Contexte et problématique

Alors que la critique voit en Marcel Arland un maître de la nouvelle, au même titre que Marcel Aymé ou Paul Morand, il est aujourd’hui oublié par le grand public. Pourtant il a obtenu le prix Goncourt en 1929 pour L’Ordre et il est également l’auteur d’une dizaine de recueils de nouvelles, unanimement salués par la critique de l’époque et novateurs à plus d’un titre, notamment dans la conception du recueil en tant qu’ensemble organisé. Arland fut également une figure majeure de la vie intellectuelle du vingtième siècle par le rôle joué au sein de la Nouvelle Revue Française où il est entré en 1923 et qu’il a dirigé à partir de 1966.

Malgré la place fondamentale que son œuvre occupe dans l’histoire de la nouvelle du vingtième siècle, l’œuvre d’Arland n’a fait l’objet jusqu’à présent que d’une seule étude d’ensemble[1]. Quelques thèses lui ont été consacrées, quelques études dont l’ouvrage remarquable de Jean Duvignaud[2], quelques colloques[3]. Par ailleurs, les travaux de René Godenne[4] ont contribué à associer durablement le nom de Marcel Arland à une nouvelle forme : la nouvelle-instant.

Les recueils de nouvelles d’Arland n’ont donc donné lieu à aucune étude génétique. Or, la Bibliothèque Jacques-Doucet possède un fonds d’archives extrêmement riche qui permettrait de retracer l’histoire des textes, des premiers brouillons jusqu’aux versions finales. Les archives comportent les brouillons de la plupart des œuvres d’Arland, qu’il s’agisse des essais autobiographiques, des ouvrages de critique littéraire, des romans et des nouvelles. Ce fonds n’a été que très partiellement inventorié. Les feuillets sont sommairement regroupés en pochettes à l’intérieur des cartons sans classement générique ou chronologique. D’autre part, le Centre Jacques-Petit possède les archives numérisées de deux grands recueils de nouvelles : Les Vivants (1937) et Il faut de tout pour faire un monde (1947). La totalité des avant-textes des nouvelles composant ces recueils est donc disponible.

Objet de la thèse

Le doctorant aura donc à effectuer un inventaire et un classement précis des archives disponibles, soit à la Bibliothèque Jacques-Doucet, soit au Centre-Jacques-Petit à l’Université de Franche-Comté pour les deux œuvres mentionnées plus haut. Vu l’ampleur de la tâche, la thèse pourra porter uniquement sur les deux recueils de nouvelles mentionnés plus haut. Il s’agira donc de reconstituer les différents états de chacune des nouvelles qui composent le recueil ainsi que l’évolution de son organisation (Arland attachant beaucoup d’importance à l’ordre et  la place des nouvelles). Ce premier travail permettra de mener ensuite une étude génétique afin d’analyser toutes les étapes de conception des œuvres. Une première lecture des archives montre en effet un énorme travail de réécriture pour certaines nouvelles ; « Florence »,  dans Les Vivants, a été ainsi réécrite à de multiples reprises. D’autre part, Arland a  republié des textes, parus d’abord isolément avec l’étiquette « Roman » pour les intégrer dans des recueils de nouvelles par la suite ; il en va ainsi d’Édith, publiée d’abord à part puis intégrée au recueil La Grâce. Il conviendra donc de reconstituer cette « circulation » des textes et des œuvres.

Méthodologie

En ce qui concerne, la critique génétique, l’ouvrage de référence demeure Logiques du brouillon de Daniel Ferrer (Paris, Seuil, coll Poétique, 2011). Rappelons que la critique génétique, officiellement pratiquée depuis 1974 dans le cadre d’un laboratoire constitué à présent en Unité mixte de recherche CNRS située à l’ENS et rassemblant de nombreuses équipes, s’est intéressée aux avant-textes des grands romanciers : Flaubert (avec les travaux fondateurs de Raymonde Debray-Genette), Zola, Proust, Joyce, Sartre. Si chaque œuvre implique son propre protocole de recherche, dans le cas d’Arland la thèse devra apporter la plus grande attention aux différents état du texte, en identifiant très précisément la nouvelle à laquelle appartient le feuillet et surtout en tentant une reconstitution chronologique qui, pour l’instant n’existe pas. D’autre part, il s’agira d’interpréter les réécritures pour aboutir à une vision dynamique de la poétique arlandienne. Cette analyse devra également porter attention à la spécificité de l’écriture nouvellistique : comment Arland procède-t-il ? Ecrit-il beaucoup pour condenser, resserrer ensuite, conformément à l’esthétique de la nouvelle ? La logique du récit subit-elle des modifications conséquentes en cours de réécriture ? Le doctorant tirera profit pour cette analyse de l’excellente synthèse de Michel Viegnes : L’Œuvre au bref (Genève, La Baconnière, 2014).

Apports de la thèse

La thèse s’inscrira ainsi dans une perspective originale, dans la mesure où aucune étude génétique d’envergure n’a été consacrée à un ou plusieurs recueils de nouvelles. Elle est tout à fait propre à faire avancer la recherche théorique sur l’écriture nouvellistique en général et sur Marcel Arland en particulier ; elle permettra notamment d’avoir une vision plus précise de ses stratégies d’écriture et de réécriture, ce qui apportera également un éclairage plus large sur la nouvelle du vingtième siècle. Enfin, le doctorant sera amené à travailler en collaboration à la fois avec la Bibliothèque Jacques-Doucet et la MSHE de l’Université de Franche-Comté, ce qui engendrera une synergie positive entre ces deux pôles. Le doctorant pourra ainsi se familiariser aux traitements de l’archive et aborder les questions de numérisation. L’apport concernant le fonds d’archives Arland sera considérable et pourra ouvrir la voie à d’autres travaux du même genre portant sur les essais intimes ou l’œuvre romanesque.

 

Délai : 15 mai
Pré-requis : bonne connaissance de la littérature du vingtième siècle
Modalités : les candidats peuvent contacter directement
yvon.houssais@gmail.com, une sélection des dossiers sera effectuée par l'école doctorale, le candidat retenu sera auditionné à Besançon début juin.

 

Présentation du porteur de projet

Nom du porteur de projet : Yvon Houssais

Affectation et axes de recherche : Université de Bourgogne Franche-Comté, Laboratoire ELLIADD, pôle Arts et lettres.

Spécialiste de la nouvelle, il a consacré tout d’abord ses travaux à Stendhal et à la nouvelle historique du dix-neuvième siècle. Par la suite, sa réflexion s’est étendue à la nouvelle contemporaine, qu’il s’agisse de sa place dans le champ littéraire telle que la donnent à voir les revues ou de son esthétique. Il s’est ainsi intéressé à de nombreux auteurs de l’entre-deux-guerres, dont Marcel Arland, à qui il vient de consacrer un essai. Il s’intéresse aussi à la littérature de jeunesse et plus spécialement au roman historique dans la littérature contemporaine. Il est l’auteur notamment de : La Nouvelle dans le premier vingtième siècle, numéro spécial co-dirigé par Bruno Curatolo et Yvon Houssais, Revue d’Histoire littéraire de la France, juin 2009, Nouvelles sans récit. Une crise de la narration dans la fiction brève (1900-1939), Bruno Curatolo et Yvon Houssais, Revue des Sciences Humaines, n°312/octobre-décembre 2013, Marcel Arland, lecteur, éditeur, écrivain, Bruno Curatolo, Yvon Houssais, Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, 2015, Arland nouvelliste Une poétique du recueil, Yvon Houssais, Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, 2016.

 

 

 

 

 

[1] Yvon Houssais, Arland nouvelliste, une poétique du recueil, Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, 2016.

[2] Jean Duvignaud, Arland, Paris, Gallimard, 1962.

[3] Alluin Bernard et Baudelle Yves (dir.), Marcel Arland ou la grâce d'écrire, op. cit., Didier Jean-Jacques (dir.), Marcel Arland nouvelliste, Actes du colloque de Bruxelles (5 mars 1989), Glons, Le Marronnier, 1990.

[4] Une synthèse de ces travaux a été publiée sous le titre « Arland nouvelliste » dans Marcel Arland ou la grâce d’écrire, op. cit., p. 113-121.