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Enchantement et désillusion en France au XVIIe siècle (NASSCFL 2019)

Enchantement et désillusion en France au XVIIe siècle (NASSCFL 2019)

Publié le par Marc Escola (Source : Michael Call)

Appel à communications

49e Congrès Annuel de la North American Society for Seventeenth-Century French Literature

Salt Lake City, Utah, États-Unis

16 à 18 mai 2019

 

Enchantement et désillusion en France au XVIIe siècle

Dans un passage célèbre de La Science, profession et vocation, Max Weber a déclaré à propos de l’époque moderne : « Le sort de notre temps se caractérise par la rationalisation et l'intellectualisation et surtout, par le désenchantement du monde. » Les penseurs et les écrivains français du XVIIe siècle tels que René Descartes, Pierre Gassendi et Pierre Bayle ont joué un rôle non négligeable dans l’élaboration et l’accélération de ce processus culturel, fournissant dans bien des cas les calculs et les explications qui ont progressivement banni le mystère et le surnaturel en faveur de l’illumination rationnelle. Dans un exemple que Weber aurait pu considérer comme emblématique de la période, au dénouement de la pièce à machines La Devineresse (1679) de Donneau de Visé et Thomas Corneille, le prétendu diable mandé par le personnage principal est forcé à admettre, un pistolet sur la tempe, qu’il n’est en fait qu’un procureur fiscal. L’autre monde cède la place à une réalité qui est connaissable, voire même banale.

Mais les rapports de la France du XVIIe siècle, et surtout de sa littérature, avec la raison sont plutôt compliqués. Comme La Mesnardière l’a exprimé de manière mémorable dans sa Poétique (1639) : « À parler absolument, un poème n’est point raisonnable s’il n’enchante et s’il n’éblouit la raison de ses auditeurs. » La dichotomie simpliste illusion/rationalité tend à disparaître à une époque caractérisée par des méthodologies d’enchantement théâtral ou par une machinerie politique liée intrinsèquement au spectacle. Au début de la France moderne, l’enchantement était souvent soigneusement calculé et la science pouvait produire des miracles, comme dans le cas de l’horticulture de Le Nôtre, célébrée par Crispin dans Les Femmes coquettes (1672) de Raymond Poisson : « Moy qui vous parle, moy, j’ay veu dans Trianon, Quand le froid rendoit l’eau plus dure que le marbre, Les parterres fleuris, et les fruits dessus l’arbre. »

Nous vous invitons donc lors de ce colloque à engager une discussion sur la France du XVIIe siècle en tant que lieu de tensions entre la science et la magie, le scepticisme et la croyance, la désillusion et le charme. Les sujets des communications et des séances (non exhaustifs) peuvent inclure :

Le merveilleux

Technologies et prodiges

Scepticisme et/ou désillusion en France au XVIIe siècle (Histoire des oracles, Pensées diverses sur la comète, etc.)

Spectacles 

Poétiques de l’enchantement

Changements épistémologiques

La France et la révolution scientifique

Politiques du spectacle

Contes de fées

Croyances populaires

Superstitions

Miracles et ritualité

Voyages

 

À travers l’exploration de ces thèmes, le colloque vise également à s’interroger sur notre propre approche critique, alors que la méthode dominante de la critique universitaire, « l’herméneutique du soupçon » selon l’expression de Paul Ricœur, est sujette à de plus en plus d’attaques d’éminents critiques littéraires comme Rita Felski. Est-ce que les méthodes critiques fondées sur le désenchantement s’épuisent ? Comment les productions culturelles de la France du XVIIe siècle continuent-elles à fasciner, surprendre et séduire ?

 

Les propositions de communication (300 mots) sont à envoyer avant le 14 décembre 2018 : nasscfl2019@gmail.com

 

Le comité évaluera les propositions et en rendra compte aux intervenants le 4 janvier 2019.