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Figures de femmes aux confins de l’Europe en guerre (Paris)

Figures de femmes aux confins de l’Europe en guerre (Paris)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Cécile Rousselet)

Figures de femmes aux confins de l’Europe en guerre

Université Paris Sorbonne, 11-12 octobre 2018

L’année 1918 comme tournant dans les représentations littéraires du féminin

et des renégociations identitaires et nationales en Europe centrale et orientale

Colloque international

 

Mises à l’écart d’une politique devenue la chasse gardée du sexe masculin, ainsi que de l’exercice de la guerre, qui en était la continuation par d’autres moyens, les femmes ne semblaient pas appelées, par leur statut dans les sociétés européennes, à représenter la nation, cet enjeu du “long XIXème siècle” et de la Première Guerre mondiale qui devait le conclure. L’exaltation des valeurs viriles chez les belligérants et dans les nationalismes de tous bords ne laissait pas non plus présumer d’un lien privilégié avec la question des nationalités dans les imaginaires culturels, qu’illustrent pourtant autant de personnages féminins, autant d’allégories de la nation en armes, de la Germania de Kaulbach à la Libuše peinte par les légionnaires tchécoslovaques sur les portes de leurs trains, de Fräulein Feldgrau en 1914 à Wonder Woman à partir des années 1950.

L’année 1918 redessine lignes d’horizon et points de fuite dans le paysage littéraire et critique européen, en même temps qu’elle augure de grands bouleversements dans le contexte social et politique, définissant notamment un nouveau statut pour la femme dans ces « années folles » qui ont paru réinventer la féminité d’après-guerre. La question des marges s’y pose tout particulièrement. Sur le plan politique et idéologique, d’une part, dans la mesure où le développement de discours orthodoxes scinde inévitablement, d’une certaine façon, l’espace de production discursive entre des centres idéologiques et des marginalités propres à questionner — voire à subvertir — ceux-ci. Mais aussi sur le plan esthétique : les esthétiques avant-gardistes interrogent les sens possibles des marges ou encore des contrées reculées de l’espace européen, comme production de contrepoints esthétiques aux discours officiels.

Au centre de ces bouleversements, les personnages féminins se font le support d’une culture populaire développée tant par la propagande de guerre que par certains des mouvements d’avant-garde qui apparaissent dans le sillage du conflit : écran de projections masculines, les figures féminines se prêtent particulièrement bien à toucher le grand public ou, le cas échéant, à remettre en cause des dispositifs de pouvoir qui s’expriment aussi dans la thématisation de la sexualité. Cartographier cette problématique dans un espace européen en mutation, c’est également la situer dans sa relation aux confins : confins littéraires, mais également proximité fantasmatique et poétisée de ces figures féminines aux seuils liminaires qu’elles sont invitées, souvent, dans les textes, à prendre en charge. Enfin, cette situation des personnages féminins invite à se poser la question de la proximité suggérée par de très nombreux textes littéraires et productions intellectuelles entre les figures féminines et les peuples associés aux confins, marqués par l’éloignement géographique ou la distance des instances de pouvoir.

Si les études de genre en contexte postcolonial (dans la lignée des travaux de Benedict Anderson sur les « imagined communities » et de l’idée des subaltern studies), permettent d’interroger l’interaction d’une politique impérialiste avec les représentations de la femme, ainsi qu’entre les mouvements d’émancipation nationale et féministe, cette approche ne devra pas pour autant méconnaître les spécificités de l’espace européen par rapport à l’histoire coloniale. Leur application à une Europe de l’Est qui se définit aujourd’hui comme espace post-communiste ne doit pas toutefois amener à négliger l’idée impériale qui peut se refléter dans la littérature des Empires centraux comme de l’Empire russe au tournant de 1918 et dont Claudio Magris, dans une toute autre perspective, a montré l’importance pour la Monarchie habsbourgeoise. Sans céder aux anachronismes que de tels rapprochements risquent d’entraîner dans l’investigation de l’espace centre-européen au tournant du XXe siècle, il s’agira dans ce colloque d’interroger les développements heuristiques que cette articulation ne manquera pas de susciter. Espaces géographiques, nationaux, genrés, littéraires : les reconfigurations esthétiques et politiques tendent à faire de l’Europe centrale et orientale au tournant de 1918 le lieu de profonds bouleversements que ce colloque s’attachera à interroger, articulant étude des représentations genrées et questionnements historiques et contextuels d’un univers en mutation.

Comité scientifique : 

Luba Jurgenson (Université Paris Sorbonne)
Xavier Galmiche (Université Paris Sorbonne)
Carole Matheron (Université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle)
Pawel Rodak (Université Paris Sorbonne) et Libuše Heczkova (Filozofická fakulta Univerzity Karlovy)

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Il n’y a pas de frais de participation, et nous proposons une prise en charge financière des déplacements et de l’hébergement.

Les propositions de communication (500 mots), accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique (comprenant vos affiliations universitaires), sont à envoyer au plus tard le 1er mai 2018 à l’adresse suivante : femmesconfins1918@gmail.com

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Female Figures in the Borders of war-torn Europe.

The Year of 1918 as a Turning Point in Literary Representations of Femininity, Identity Shifts and National Changes in Central and Oriental Europe.

International Conference

Women in the XIXth century were swept aside from politics that was primarily a men’s concern, and from the exercise of war. Therefore, due to their social status they seemed to be excluded from all forms of representation of Nation – which was a major issue of this XIXth century and of the First World War. The values nurtured during the war and the nationalist conflicts were almost those of virility. Cultural imaginaries should not build henceforth an automatic poetic link between Nation-in-arms and feminine characters. Nevertheless, numerous feminine figures tend to embody these issues about nationalities – for example the Germania from Friedrich August von Kaulbach, the Libuše that Czechoslovakian legionnaires painted on their trains, the Fräulein Feldgrau in 1914 or the Wonder Woman from the 50s. 

The year of 1918 is the theatre of profound changes in literary and critical fields in Europe and bodes great upheavals in social and political contexts, notably by setting up a new standing for women in the “Roaring Twenties” that seemed to reinvent post-war femininity. Margins represent a key concern in these issues. On a political and ideological level, the increase of orthodox discourses inevitably split the discursive production between ideological centers and margins that question and subvert them. About aesthetics, avant-gardes examine the possible meanings and symbolic significances both of margins and distant lands of Europe. The margins tend to become in these artists’ productions, aesthetic counterpoints to official lines.

Feminine characters stand at the center of these changeovers. They tend to become a mean of outreach for the popular culture increasing by war propaganda and by some avant-gardes that emerge from the conflicts. Female figures are suited to move the broader public as they stand as projection screens of male fantasies, and occur to question the power structures that the thematisation of sexuality may express. To adopt a topographical approach of this issue in the changing European area consists on setting out its relation to its borderlands. Geographic and aesthetic borders, but also themes of birth and death that literary fantasies may often articulate to female figures.  Last, numerous literary texts and intellectual outputs link feminine figures and peoples that are associated to the geographical and/or ideological borders of Europe.

Gender studies in post-colonial fields, following the works of Benedict Anderson on “imagined communities” or these that concern subaltern studies, enable to consider the interactions both between imperialist policies and representations of women, and between movements of national and feminist emancipation. However, this approach will not misunderstand the specificities of the European Area, nor will it neglect the imperial issue that organize numerous of literary texts from the Central and Oriental Europe at the turn of 1918 – as Claudio Magris wrote about.  This conference will focus on the heuristic approach that this articulation builds when they refuse the anachronisms that such linkages may lead to in the investigation of Central European spaces at the turn of the XXth century. All this is about geographic, national, gendered and literary spaces. Because of the esthetic and political reconfigurations, central and oriental Europe around 1918 become the scene of major changes. This conference will focus on these concerns, by articulating the study of gendered representations and the historical and contextual issues about Europe as a space in mutation.

Scientific Commitee : 

Luba Jurgenson (University Paris Sorbonne)
Xavier Galmiche (University Paris Sorbonne)
Carole Matheron (University Paris 3 Sorbonne-Nouvelle)
Pawel Rodak (University Paris Sorbonne) and Libuše Heczkova (Filozofická fakulta Univerzity Karlovy)

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There is no fee to attend and we can cover travel costs and accommodation for invited speakers.

Proposals are due May 1st, 2018. They should include a title, an abstract (of no more than 500 words), and a short biography including your university and department affiliation. 

Please direct proposals and questions to femmesconfins1918@gmail.com

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Frauenfiguren im Grenzbereich Europas während des Krieges.

Das Jahr 1918 als Wende in den literarischen Darstellungen der Weiblichkeit sowie Identitäts- und nationaler Neubildungen in Ostmitteleuropa.

Internationale Tagung

Seitdem die Frauen aus der zum Revier des männlichen Geschlechtes gewordenen Politik, sowie aus der Kriegstätigkeit – weiter nichts als Fortsetzung der Politik mit anderen Mitteln gehalten – zur Seite geschoben worden sind, schienen sie angesichts ihres Status in den europäischen Gesellschaften nicht gerade dazu berufen, die Nation zu verkörpern, welche als zentraler Begriff des langen 19. Jahrhunderts und des anschließenden Ersten Weltkrieges auftrat. Die Wertschätzung der Virilität bei den Kriegsführenden und in den damals rundherum entstehenden Nationalismen ließen auch nicht vermuten, dass die Frauen in den kulturellen Vorstellungen mit der „Nationalitätenfrage“ in der Tat verknüpft waren. Jedoch ist dieser Zusammenhang durch zahlreiche Frauenfiguren und zahlreiche Allegorien der „Nation in Waffen“ gut belegt, von Kaulbachs Germania bis zu der auf den Zugwagen von tschechoslowakischen Soldaten gemalten Libussa, vom Film Fräulein Feldgrau 1914 bis zur während des Zweiten Weltkrieges erdichteten Wonder Woman.

Das Jahr 1918 wälzte die literarisch-kritische Landschaft um und verhieß zugleich tiefgreifende Veränderungen im sozialpolitischen Umfeld, u.a. mit einer Neudefinierung der Stellung der Frau während der Goldenen Zwanzigern, da man in der Nachkriegszeit eine Art neuer Weiblichkeit zu erfinden trachtete. Hier stellt sich besonders die Frage der Ränder: zunächst auf der politischen und ideologischen Ebene, insofern als die Entwicklung orthodoxer Diskurse den Raum, wo solche Diskurse hervorgebracht werden, unvermeidlich zwischen ideologischen Centern und systemkritischen, subversiven Randbereichen spaltet ; zweitens auf der ästhetischen Ebene, insoweit als die neue Avantgarde den möglichen Sinnbehalt der Ränder und entlegener Gegenden im europäischen Raume infrage stellt, um ästhetische Kontrapunkte zu den offiziellen Diskursen dadurch zu erzeugen.

Im Zentrum dieser Umwälzungen übernahmen Frauenfiguren eine Rolle in der Populärkultur, die sowohl von der Kriegspropaganda als auch von den im Schatten des Krieges entstandenen Avantgardebewegungen verarbeitet und verbreitet wurde. Als Projektionsfläche männlicher Vorstellungen taugten diese Frauenfiguren besonders gut dazu, entweder ein breites Publikum zu erreichen, oder hingegen Machtverhältnisse umzustürzen, da jene auch in der Thematisierung der Sexualität zu Wort kommen. Die Landkarte dieser Problematik in einem sich verändernden Europa zu skizzieren, heißt auch, sie in ihrer Beziehung zu den Grenzbereichen zu situieren: Diese literarisierten Grenzbereiche kommen aber durch die Schwellenfiguren, die in Texten öfters von Frauen verkörpert werden, beträchtlich näher zur Fantasie und Dichtungskraft des Künstlers. Schließlich fordert diese Situierung der Frauenfiguren dazu auf, die durch zahlreiche Texte suggerierte Verbindung zwischen Frauenfiguren und jenen Völkern, die mit den Grenzbereichen assoziiert werden, infrage zu stellen: Auch sie werden durch ihre Entfernung von den Centren der Machtausübung definiert.

Erlaubt die Methode der Gender Studies in neokolonialem Kontext, die Wechselwirkung zwischen einer imperialistischen Politik und der Vorstellung der Frauen einerseits, den Frauenbewegungen und den nationalen Bestrebungen andererseits, zu diskutieren (in der Folge Benedict Andersons Studien über die sog. „imaginierten Gemeinschaften“ oder im Sinne der Subaltern Studies), so soll man jedoch im Bezug zur Kolonisierung das Spezifikum des europäischen Raumes nicht übersehen. Dabei dürfte man, indem man diese Methode auf Osteuropa (das sich heutzutage als postkommunistischer Raum definiert) anwendet, auch nicht verkennen, dass die imperiale Idee sich ebenfalls in der Literatur der Mittelmächte und des russischen Kaiserreiches spiegelt, wie es Claudio Magris für die Habsburger Monarchie gezeigt hat. Diese Tagung hat vor, ohne den Anachronismen nachzugeben, die solche Vergleichungen bei der Untersuchung des mitteleuropäischen Raumes am Beginn des 20. Jahrhunderts nach sich ziehen könnten, die heuristischen Aspekte dieses Parallelismus im geographisch-nationalen, geschlechtsbezogenen und literarischen Raum zu erörtern. Ziel der Tagung ist es, die politischen und ästhetischen Umwälzungen in Ostmitteleuropa um die Wende des Jahres 1918 unter Berücksichtigung geschlechtsbezogener Vorstellungen und historisch-kontextueller Fragen zu untersuchen.

Fachbeirat : 

Luba Jurgenson (University Paris Sorbonne)
Xavier Galmiche (University Paris Sorbonne)
Carole Matheron (University Paris 3 Sorbonne-Nouvelle)
Pawel Rodak (University Paris Sorbonne) und Libuše Heczkova (Filozofická fakulta Univerzity Karlovy)

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Es ist keine Tagungsgebühr vorhanden. Wir übernehmen gerne die Reise- und Unterbringungskosten.

Tagungsvorschläge sind in Form von Abstracts im Umfang von max. 500 Wörtern mitsamt einer kurzen bio-bibliographischen Notiz (institutioneller Anbindung einschließend) an die unten stehende Email-Adresse zu senden. Einsendeschluss für die Abstracts ist der 1. Mai 2018.

Kontakt: femmesconfins1918@gmail.com.