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Interartes: hypertextualité mimétique entre réécritures et continuations allographes (Milan)

Interartes: hypertextualité mimétique entre réécritures et continuations allographes (Milan)

Publié le par Marc Escola (Source : Université IULM Milan)

Appel à contribution pour un volume d’études centré autour du phénomène de la réécriture

au sein d’un projet du Département di Studi Umanistici de l’Université Iulm de Milan,

intitulé Interartes: hypertextualité mimétique entre réécritures et continuations allographes.

Ce projet interdisciplinaire compte parmi ses adhérents les collègues de 10 disciplines différentes, auxquels il faut ajouter des collègues des universités italiennes de Milano Statale, Bologna, Macerata, Pisa, Trento, Varese et étrangères (Madrid, Paris, Clermont-Ferrand) outre au groupe de recherche CELIS de l’Université Clermont-Auvergne.

 

Argumentaire

L’intérêt pour la transtextualité, à savoir le réemploi conscient de thèmes, sujets et personnages, connaît une diffusion croissante dans les dernières années. La pratique de la reprise, très courante pendant le XVIIe et le XVIIIe siècles, s’était interrompue pendant le Romantisme, pour recommencer ensuite et s’exprimer aujourd’hui en traversant les genres et les arts.

Pour en étudier les formes et les manifestations, le Département di Studi Umanistici de l’Université Iulm de Milan a mis en place depuis le mois de juin 2017 un projet intitulé « Interartes: hypertextualité mimétique entre réécritures et continuations allographes » dont on trouvera une description à cette page : http://www.iulm.it/wps/wcm/connect/iulmit/iulm-it/ricerca/progetti-di-ricerca/progetti-di-ateneo/interartes-ipertestualita-mimetica-tra-riscritture-e-continuazioni-allografe.

Le projet entend s’insérer dans deux tendances qui ont caractérisé la critique depuis les années 80 : d’une part l’essoufflement du postmodernisme, de l’autre la réflexion sur le canon littéraire. Ce sont deux courants critiques qui semblent prendre des directions opposées si l’on considère que l’un, le postmoderne, fait émerger les réseaux intertextuels qui relient les œuvres entre elles, en insistant sur les liens dont chacune se sert pour construire sa propre unicité ; l’autre, à savoir les nombreuses réflexions autour de la question du canon littéraire produites depuis les années 90, tend à sélectionner des œuvres sur la base de l’originalité et de l’innovation pour en attester la valeur (concept par ailleurs très discutable et très discuté).

Ses fondements narratologiques ont été affrontés par Genette qui, dans les chapitres 27-39 de Palimpsestes (1982), en fournit le cadre théorique.  Les exemples sur lesquels se base Genette pour formuler ses catégories remontent à Homère et s’arrêtent aux années 60 du XXe siècle, bien avant, donc, de l’affirmation d’une mode qui s’exprime dans le domaine non seulement littéraire, mais aussi dans le cinéma, la télévision, la musique, les arts visuelles, les jeux vidéo.

La plus grande partie des recherches stimulées par Palimpsestes était concentrées surtout sur l’intertextualité entendue en tant que tissu citationnel du texte littéraire. La bibliographie critique est décidément moins riche dans le domaine de la réécriture, même si elle est en train de s’enrichir rapidement, comme le montre le livre de Richard Saint-Gelais, Fictions transfuges, Seuil, 2011.

Délimitation du domaine

Ce n’est pas le mécanisme de l’intertextualité tout court qui nous intéresse dans ce projet. Pour circonscrire le sujet, et le décliner de manière homogène, on exclut la simple allusion intertextuelle, le tissu citationnel qui caractérise pratiquement toute forme d’écriture ; sont exclues aussi les pastiches et les parodies, pour privilégier ce que Genette appelle le domaine de la « forgerie » («imitation en régime sérieux, dont la fonction dominante est la poursuite ou l’extension d’un accomplissement littéraire préexistant»). Parmi les hypertextes mimétiques rigoureusement allographes publiés depuis 1970, on prendra donc en considération :

Les réécritures, à savoir la réutilisation de thèmes et sujets dans une relation avec l’hypotexte dépassant nécessairement l’allusion, pour arriver jusqu’au plagiat. Les suites et les continuations, à savoir la reprise de thèmes, sujets et personnages qui vont constituer la charpente d’une nouvelle œuvre. Dans le domaine de la forgerie, Genette distingue entre suite et continuation, mais il reconnaît que la distinction que l’on peut poser sur le plan théorique s’avère être nettement moins claire dans les textes. Les œuvres qui se greffent sur l’hypotexte comme continuations proleptiques, analeptiques, elleptiques, paralleptiques peuvent être regroupées en deux catégories:

                  a. Les œuvres qui proposent un dénouement nouveau par rapport à l’original

                  b. Les œuvres qui proposent un dénouement original à un épitexte inachevé

          3. Les adaptations intersémiotiques (poèmes-tableaux, symphonies-narrations, film-romans, romans-romans graphiques).

          4. Un secteur intéressant de la transfictionnalité est représenté par les jeux vidéo, dont beaucoup utilisent des modèles narratifs basés sur les grands classiques.

Parcours possibles :

- le contexte historique et culturel

- le registre linguistique, le style, le genre

- les éléments thématiques

- les éléments structuraux

- l’ethos auctorial

- les variations des éléments narratologiques

- les variations intersémiotiques

- les répercutions sur l’hypotexte

Axes de la recherche :

- configuration du phénomène du point de vue théorique, en continuant la recherche de Genette au de là de la narratologie ;

- recensement des modalités, qui vont au-delà de la formalisation de Genette, et des poétiques qui ont affronté explicitement le thème ;

- études de cas.

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Pour envoyer une proposition

Les propositions d’articles, sous forme d’abstracts (500 mots, hors bibliographie), en langue française, anglaise, espagnole, accompagnées d’une bibliographie et d’une courte notice biographique, sont à envoyer

pour le 31 mars 2018

par courriel, au format .doc ou .docx, à interartes.iulm@gmail.com.  Une sélection des articles sera publiée. Les articles retenus après une première sélection devront comprendre dans leur version finale environ 30 000 caractères +/- 10 %, espaces compris, et seront à envoyer pour fin novembre 2018 (une deuxième sélection aura lieu à partir des articles complets).

Le référent du projet est Laura Brignoli (laura.brignoli@iulm.it)

Organisateurs du comité scientifique :

Silvia Albertazzi (silvia.albertazzi@unibo.it) Paolo Proietti (paolo.proietti@iulm.it) Rémy Poignault (remy.poignault@uca.fr)