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L'approche matérialiste de la littérature dans les Cultural Studies (SLAC)

L'approche matérialiste de la littérature dans les Cultural Studies (SLAC)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Anaïs Goudmand)

Les cultural studies se sont taillé dans les vingt dernières années une place importante dans les études de lettres et les départements qui les enseignent. Importé directement de l’anglais, le terme recouvre en vérité des approches diverses. 
Quand elles apparaissent dans les années 1960 en Angleterre, ces « études culturelles » constituent les pratiques et les institutions culturelles en objet d’étude de plein droit, à travers les travaux de Raymond Williams (Culture and Society 1958, The Long Revolution 1961) de Richard Hoggart (The Uses of Literacy 1957) ou de E.P. Thompson (The Making of the English Working Class 1963). Ce faisant, elles opèrent un double déplacement : de l’histoire des nations à celle de l’expérience individuelle et collective chez Thompson, qui revendique la nécessité d’une histoire « par le bas » ; de l’étude des œuvres à celle de la littérature comme fait social chez Williams ou Hoggart, ou chez Richard Altick en Amérique (The English Common Reader 1957), qui s’intéressent aux conditions de sa production et de sa distribution, en rompant résolument avec le formalisme du New Criticism et la distinction entre « haute » et « basse » culture que celui-ci implique et perpétue.
Dans l’intérêt qu’elle porte aux conditions de possibilité matérielles de la culture, la démarche présente des affinités évidentes avec le marxisme, dont Thompson comme Williams ont été très proches. Le matérialisme culturel a pourtant essaimé bien plus largement et n’a pas été frappé de la même défaveur. Ainsi l’histoire du livre, de l’édition et de la presse, qu’ont beaucoup développée pour la France les travaux de Roger Chartier et de Robert Darnton, l’étude des transferts culturels, que les nouvelles technologies dotent d’outils de plus en plus performants (cf. le projet Mapping the Republic of Letters développé par l’Université de Stanford), l’intérêt pour les genres dits inférieurs, du roman policier aux séries en passant par les comics américains, ou encore la mode des « object studies », qualifiée parfois de « nouveau matérialisme », subissent toutes son influence. 
C’est à ce matérialisme culturel et à sa descendance protéiforme que veut s’intéresser la neuvième séance du Séminaire Littéraire des Armes de la Critique.. Les communications, d’une trentaine de minutes, pourront prendre la forme d’exposés généraux sur les cultural studies, présenter plus spécifiquement un ouvrage ou un auteur, ou appliquer ces théories à l’étude d’un cas précis. 

La séance aura lieu le vendredi 2 juin, de 14h30 à 17h30, à l’ENS Ulm (45 rue d’Ulm, Paris 5e), salle à déterminer. Merci d’envoyer vos propositions (150 à 200 mots environ) avant le 18 mai aux adresses suivantes : marion.leclair@gmail.com et anais.goudmand@unil.ch.