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L’écriture 

L’écriture "entre deux mondes" de Marie Darrieussecq (Paris & Metz)

Publié le par Marc Escola (Source : Cécile Narjoux)

L’écriture  « entre deux mondes »  de Marie Darrieussecq

 

Après les recueils de contributions consacrés à « la langue » de Sylvie Germain (EUD, 2010), à celle de Laurent Mauvignier (EUD, 2012), d’Éric Chevillard (EUD, 2013), de Jean Rouaud (EUD, 2015), il s’agit de poursuivre l’investigation du matériau langagier dans ses réalisations et ses singularisations littéraires les plus contemporaines.

À cet égard, l'œuvre de Marie Darrieussecq, a retenu notre attention. Auteur fidèle à POL, depuis son premier roman Truismes, paru en 1986, suivi depuis de 15 autres (le dernier en cette rentrée littéraire 2017 Notre vie dans les forêts), d’une pièce de théâtre (Le Musée de la mer, 2009), d’une biographie (Être ici est une splendeur. Vie de Paula M.Becker, P.O.L, 2016), de plusieurs romans pour la jeunesse, Marie Darrieussecq a aussi questionné la langue à ses frontières par l’entremise de ses nombreuses traductions mais aussi au travers de sa réflexion sur l’art, comme en témoignent sa production textuelle et photographique ininterrompue sur la création moderne et contemporaine depuis 1998.

Elle semble avoir ainsi adopté une posture auctoriale plurielle qui multiplie les expériences littéraires et interroge dans la labilité de ses métamorphoses, de ses travestissements la question de l’un et du multiple, de l’autre et du même : « A quoi sert un livre qui ne propose pas de voir le monde comme s'il se dévoilait pour la première fois ? Pour ce travail, il faut des phrases nouvelles, des formes nouvelles, de nouvelles postures d’écriture. »[1] "Tous mes livres ont une écriture différente. A chaque sujet sa forme, à chaque livre son rythme, son harmonie… Mais le style profond reste le même, les questions restent les mêmes. »[2]

Quelles sont les « questions » qui font, par delà la pluralité des facettes et des styles, l’unité de l'écriture de Marie Darrieussecq ? de quelle « pulsion » l’écriture de l’écrivaine-psychanalyste est-elle animée ? Il s’agit sans doute « D’aller vers ce qui ne parle pas. »[3] (98), de tenter de saisir, dans les franges des « clichés «  dont elle s’empare   (sur la maternité, le féminin…), au travers même des mots  « une zone hors de tout repérage préexistant » : le blanc, le vide, la mort, les morts, les fantômes, l’in-fans, l’animal, l’animalité, aussi bien le corps, « corps traversé et traversable, poreux au monde » (ibid.), « toujours monstrueux » (103). Il s’agit de tenter de saisir « quelque chose de plus grand, ou de plus large, ou de plus insaisissable ou de plus mystérieux ; quelque chose d’immuable ; en tout cas quelque chose de pas là » (White, 2003, p. 65).

C'est l'objet du colloque co-organisé par les universités de Paris-Sorbonne et de Lorraine (Metz) (vendredi 26  janvier 2018 à Metz et lundi 29 janvier 2018 à Paris) et du recueil qui en découlera que de rassembler des contributions intéressées, dans une perspective stylistique, linguistique, sémiotique, par  la description et l’analyse de cette écriture des franges et des limites : « Ecrire c’est être entre deux mondes, là où rien n’est certain mais où tout est possible, où circulent les fluides, les sensations ». (Naissance des fantômes, 1998)

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Les actes de ce colloque seront rassemblés en vue de leur publication.

Les propositions de communication devront parvenir avant le 31 octobre 2017 par courrier électronique aux adresses suivantes :

 

Karine Germoni (Karine.germoni@gmail.com)

Sophie Lawson (Sophie.lawson@orange.fr)

Cécile Narjoux (cnarjoux@gmail.com)

 

[1] http://darrieussecq.arizona.edu/fr/entretien-réalisé-par-becky-miller-et-martha-holmes-en-décembre-2001

[2] http://darrieussecq.arizona.edu/fr/entretien-réalisé-par-amy-concannon-et-kerry-sweeney-en-mars-2004

[3] « Le corps tel qu’il s’impose », Assises internationales du roman, Le roman, tout dire ?, 2010, p.97-103