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L’esthétique malehienne à l’épreuve de la contemporanéité

L’esthétique malehienne à l’épreuve de la contemporanéité

Publié le par Arnaud Welfringer (Source : ZIGHIGHI ZOUHIR)

L’esthétique malehienne

à l’épreuve de la contemporanéité

(Jeudi 18 et vendredi 19 janvier 2018, Faculté des lettres, Kénitra, Maroc)

(*date définitive)

Dans le cadre de la célébration du centenaire de la naissance d’Edmond Amran El Maleh, le laboratoire Didactique, Littérature, Langage, Arts et TICE de la faculté des lettres et des sciences humaines de l’université Ibn Tofail de Kénitra (Maroc) et la Fondation Edmond Amran El Maleh organisent un colloque international sous le titre : L’esthétique malehienne à l’épreuve de la contemporanéité. L’événement entreprendra la dimension esthétique dans la pensée et l’œuvre de cet écrivain pluriel. Il vient clôturer l’ensemble des activités scientifiques et culturelles qui ont meublé cette année 2017. Le SIEL de Casablanca, le Salon du Livre de Paris et Essaouira ont constitué des étapes importantes dans la célébration de la pensée malehienne en portant sur un aspect particulier de sa pensée prospective. « Peinture et écriture », « E. A. El Maleh : l’écrivain et le philosophe », « E. A. El Maleh : valeurs et universalité » telles étaient respectivement les thématiques des trois rencontres que nous pensons promouvoir dans un esprit de contemporanéité.

 

  Plus vivant que jamais, Edmond Amran El Maleh (1917-2010) aurait fêté son centième anniversaire le 30 mars 1917. Il lègue une œuvre considérable qui aujourd’hui ouvre des perspectives nouvelles, alors même que la figure marquante qu’il incarne semble, en apparence seulement, s’éloigner dans le temps. Or, l’auteur de Parcours immobile, l’œuvre fondatrice (1980), est des plus actuels. La célébration du centenaire de la naissance d’El Maleh nous offre en effet l’opportunité de montrer l’actualité de son œuvre et son apport décisif à la production littéraire, artistique et culturelle marocaine. Ainsi, le choix de l’esthétique comme étape ultime de ces activités constituera une belle perspective en vue d’un hommage intégral redu à El Maleh, l’homme, l’écrivain, le philosophe et l’esthète. En effet, l’esthétique est le lieu de capitalisation mais aussi d’harmonisation de l’esprit malehien qui nous permet d’accéder, à plusieurs niveaux, à la pensée plurielle de l’auteur.

Selon le philosophe allemand Alexander Gottlieb Baumgarten dans son ouvrage Aesthetica, paru en 1750, l’esthétique est «  la science du mode de connaissance et d’exposition sensible ». Baumgarten considère l’idée du beau comme une perception confuse ou un sentiment, et de ce fait, comme une forme inférieure de connaissance, d’où l’usage du mot esthétique qui s’oppose, pour une grande partie, à la logique. Cette acception de l’esthétique, étant moderne, voire contemporaine, est en partie partagée par Edmond Amran El Maleh pour qui l’esthétique est une seconde nature que permet et promeut la culture. C’est autant une manière d’être dans le monde que celle d’agir sur lui. Son intérêt pictural est l’aboutissement d’une carrière philosophique, journalistique et d’écriture sur l’art depuis 1965 qui se capitalise progressivement à travers une œuvre esthétique et littéraire imposante. Ses écrits sur l’art pictural développent une interrogation permanente sur la condition humaine et le sort imprévisible de l’être avec une quête inachevée sur le corps, la matière et leur poétique plastique commune. Lesquels questionnements engendreront un entretien particulier entre la matérialité de l’homme, sa métaphysique et sa spiritualité.

Dans ce sens, l’introspection scripturale malehienne célèbrera l’esthétique d’une existence marocaine et le multiculturalisme d'un Maroc pluriel, fier de ses origines arabe, berbère et juif, synonymes de richesse et de diversité humaine productive. Son œuvre protéiforme traduit, selon Abdallah Mdarhri Alaoui, l’exercice d’une identité multiple, ouverte sur l’universel. Elle est une action interminable de coupures, de nomadisme, de diaspora et de rencontres réitérées qui marquent sa trajectoire de Marocain cosmopolite.

La scripturalité d’El Maleh chemine allégoriquement entre la peinture et l’écriture en s’inventant un destin picto-littéraire insolite. L’immixtion réussie de ces deux modes de représentation et de création sera le gage d’une écriture poétique, voire « plastique » qui investit les vertus inexplorées du langage et ses symboles jusque dans les sentiers de la kabbale et de la mystique. Son usages singuliers des signes et, par conséquent, celui de la logique linguistique, est à interpréter dans ses connexions esthétiques entre le domaine de la narratologie, de la sémiotique et de l’esthétique.

L’intérêt d’El Maleh pour l’expression artistique au Maroc ou ailleurs implique une étude approfondie de son œuvre afin d’apprécier sa prise en charge littéraire et esthétique des arts plastiques et de leur promotion socioculturelle. En effet, à rassembler les écrits d’Edmond Amran El Maleh sur l’art, on s’aperçoit aussitôt qu’on est devant un patrimoine artistique et littéraire inestimable. Son écriture plastique fait office d’une anthologie intégrale de l’art musulman, arabe et parfois occidental, mais en particulier marocain qui fête la naissance d’une création artistique nationale et retrace ses contours culturels. Les textes malehiens sur l’art sont d’une variété étonnante, s’étalant sur une durée importante et parcourant tous les domaines de la création artistique, allant de la peinture jusqu’à l’art de la tapisserie en passant par la sculpture, la gravure, l’architecture et s’engendrant, par extension, dans des postures modernes et futuristes de l’art contemporain, comme dans l’installation, la performance, le muralisme, la photographie, le graffiti, la vidéo, le cinéma, la musique, les arts du spectacle, etc. La posture d’El Maleh vis-à-vis de l’art, de son intellection et de son écriture est d’une utilité méthodologique capitale dans la compréhension de sa pensée et de sa production intégrale. Une position qui éclairera davantage son rapport éthique et esthétique à l’art et ses prospections philosophiques inachevées entre l’écriture, l’histoire, la philosophie, l’essai et la critique artistiques.

Ainsi un certain nombre d’interrogations interpellent les chercheurs qui se penchent sur cette problématique. De ces interrogations et de ces constats naissent les axes que nous suggérons ici à titre indicatif :

  • L’esthétique d’El Maleh à l’épreuve de la contemporanéité
  • L’écriture malehienne à l’épreuve de l’esthétique
  • Esthétique et éthique malehiennes : arts et littérature
  • El Maleh face à l’éthique de la mémoire et l’esthétique de l’oubli
  • El Maleh : historien, écrivain, philosophe, essayiste ou critique d’art ?
  • El Maleh : un homme qui a fait de sa vie une œuvre et de son œuvres une vie.
  • Rôle de la critique dans la détermination de la valeur chez El Maleh.
  • Le transfert des valeurs esthétiques dans le texte malehien.
  • Censure et autocensure chez Edmond Amran El Maleh.
  • El Maleh et la restitution des arts au Maroc.
  • Témoignages de peintres amis d’Edmond Amran El Maleh.

D’autres axes de réflexion pourraient enrichir ces indications.

 

Les propositions de communications doivent nous parvenir avant le 20 novembre 2017. Elles seront composées d’un résumé d’une dizaine de lignes et d’une notice bio/bibliographique ne dépassant pas ½ page. A envoyer par email au coordonnateur du colloque Zouhir ZIGHIGHI (zighighi_zouhir@yahoo.fr)

 

Le comité scientifique donnera une réponse aux auteurs le 30 novembre 2017.

La durée de la présentation de chaque communication sera de 20 minutes.

 

Comité scientifique : Sanae GHOUATI, Abderrahmane TENKOUL, Zouhir ZIGHIGHI, Anouar BENMSILA, Karima YATRIBI.

Responsables scientifiques: Sanae GHOUATI et  Zouhir ZIGHIGHI

Laboratoire DILILARTICE, Département de langue et de littérature françaises –Faculté des Lettres - Université Ibn Tofail, Kénitra, Maroc.