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L'État et son territoire depuis l'Antiquité : construction, déconstruction et reconstruction (Cergy-Pontoise)

L'État et son territoire depuis l'Antiquité : construction, déconstruction et reconstruction (Cergy-Pontoise)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Ruelle Alexandre)

L'État et son territoire depuis l'Antiquité :

construction, déconstruction et reconstruction

15 février 2019 à l’Université de Cergy-Pontoise

 

Le territoire est au cœur de la construction de tout État, quelque soit sa taille. Pourtant, la dimension territoriale du processus étatique passe souvent inaperçue et reste peu étudiée de nos jours. Remontant pour la plupart aux années 1980, les travaux se focalisent sur le développement des institutions et sur l’affirmation de l’État moderne sans se pencher sur son « cadre physique ». Or, le territoire est le premier critère, du moins le plus visible, pour définir un État puisqu’il constitue à la fois son enveloppe et son cœur. Un État sans territoire n’existe pas : toute construction politique recherche un ancrage géographique – Daech en apporte récemment la preuve ! –, voire chevauche plusieurs territoires à l’exemple des cartels de la drogue qui tendent à devenir de véritables États. Par ailleurs, tout territoire dispose d’un patrimoine, de ressources naturelles et humaines nécessaires au développement d’une structure administrative, bien que certains offrent plus de possibilités – les plaines et les littoraux semblent plus prisés que de hautes montagnes, des zones volcaniques, englacées ou arides. Tous ces espaces ont fait et font l’objet d’expériences politiques !

Cette rencontre vise à proposer une nouvelle vision de la construction de l’Etat en étudiant la place du territoire dans ce processus, souvent issu de la guerre, ainsi qu’à identifier le rapport que ses acteurs entretiennent avec leur espace, leur attachement à celui-ci et leur(s) représentation(s) de celui-ci. Dans quelle mesure le territoire façonne-t-il un État, son administration, son identité ? Existe-t-il des critères géographiques idéaux pour (re)créer un État ? La localisation de ce dernier a-t-elle un réel impact dans sa déconstruction ? Autant d’interrogations au cœur d’une actualité brûlante avec l’essor du régionalisme : marquées par une identité forte, certaines régions comme la Catalogne, la Lombardie ou encore le pays basque portent des projets favorables à la réapparition d’anciens États dans une carte politique de l’Europe morcelée.

 S’inscrivant dans le temps long, de l’Antiquité à de nos jours, cette journée d’études trans-périodes historiques s’ouvre à l’ensemble des continents de notre monde, l’Europe n’étant pas le seul laboratoire d’expériences politiques. Elle se veut aussi transdisciplinaire. Historiens, géographes, littéraires, politistes, civilisationnistes, sociologues, juristes ou encore philosophes sont ainsi invités à proposer des communications de 20 minutes abordant le lien étroit mais complexe entre l’État et son territoire selon les axes suivants :

  • La construction d’un État. Quelles sont les circonstances de sa naissance ? Cette dernière est-elle conditionnée par un contexte particulier, des éléments déclencheurs ou des critères territoriaux bien définis ? Le territoire permet-il de « faire communauté » ? Soulignons le rôle des conflits qui, souvent issus d’une querelle territoriale, débouchent parfois sur la création d’État : l’unification des Espagnes à la suite de la Reconquista, la Nation France à partir de la guerre de Cent Ans, les États-Unis à la suite de la guerre d’Indépendance, la sécession du Soudan du Sud chrétien et animiste en 2011 après cinq décennies de luttes intestines…
  • La déconstruction d’un État. Comment meurt-il ? Quel rôle le territoire joue-t-il dans sa chute ? Certains espaces géographiques sont-ils d’emblée vecteurs de projets chimériques ? Nombre d’États n’ont pu surmonter les heurts de l’Histoire à cause de leur situation géographique convoitée : les États latins d’Orient isolés de l’Europe s’écroulent face à la menace musulmane, les anciens États d’entre-deux de l’Europe lotharingienne (Alsace, Lorraine, Piémont-Savoie…) et les Républiques-sœurs disparaissent face aux ambitions hégémoniques de la France, la Pologne se voit partagée à quatre reprises entre ses voisins…
  • La reconstruction d’un État. Pourquoi certains territoires sont-ils marqués par un projet politique distinct ? Comment certaines constructions s’appuient-elles sur d’anciennes expériences ? Le patrimoine très prisé de certains États disparus depuis plusieurs siècles, voire millénaires, a été à l’origine de projets de recréation : la Grèce d’après 1821 se rattache au glorieux passé athénien, l’Italie fasciste entend restaurer la grandeur de l’Empire romain ; plus récemment, Israël symbolise la renaissance d’un État hébreux dans les limites de l’ancien royaume de Judée. Par ailleurs, grâce à leur solide ancrage territorial, certains États comme le Piémont-Savoie disparaissent provisoirement, puis renaissent et d’autres comme l’Ecosse luttent toujours pour retrouver leur indépendance. Enfin, l’aspect administratif de la redéfinition d’un État peut aussi être envisagé (découpages en régions, départements…).
  • Les projets utopiques et uchroniques d’État. Pourquoi certaines constructions se révèlent-elles impossibles ? Quelle place le territoire occupe-t-il dans les projets d’États rêvés, fantasmés ? Pensons à l’idylle communiste, à l’utopie des États-Unis d’Afrique du Sud d’Arthur C. Clarke (2061 : Odyssée trois), à un royaume lombard brigué par la maison de Savoie… Songeons aussi à la construction d’États imaginaires dans certains jeux vidéo.

 

Journée d’études prévue le 15 février 2019 à l’Université de Cergy-Pontoise (site des Chênes). Les propositions de communication (un titre et un résumé d’une page maximum) sont à envoyer au plus tard le 15 novembre 2018 aux adresses alex.ruelle@hotmail.fr et florian.coppee@hotmail.fr.

 

Comité scientifique :                        

  • Claire Bourhis-Mariotti (Maître de Conférences en histoire et civilisation des Etats-Unis, Paris 8).
  • François Pernot (Professeur d’Université en histoire moderne, Cergy-Pontoise).
  • Jenny Raflik-Grenouilleau (Professeur d’Université en histoire contemporaine, Nantes).
  • Eric Vial (Professeur d’Université en histoire contemporaine, Cergy-Pontoise).