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Appels à contributions
Le commerce dans la littérature (Strasbourg)

Le commerce dans la littérature (Strasbourg)

Publié le par Marc Escola (Source : R. Atzenhoffer)

Appel à communication

 « Le commerce dans la littérature » 

Journée d'études - 10 janvier 2018 

Strasbourg

 

Vital Roux, dans De l’influence du gouvernement dans la prospérité du commerce, souligne la dépendance des hautes manifestations de l’esprit par rapport à la prospérité des affaires : «le commerce a précédé la naissance des arts et préparé leur triomphe, […] il nourrit l’enthousiasme de l’artiste, féconde les idées de l’homme, et prépare les découvertes des savants». Associer le commerce et les arts n’est pas un thème inédit et le désir profond de jeter des ponts entre les deux un  concept est décliné, depuis toujours, sous diverses coutures. Ainsi, le centre commercial Galerías Pacífico, achevé en 1895 à Buenos Aires, est situé dans un édifice dont l’intention de construction des architectes Agrelo et Le Vacher était claire : imiter la galerie commerciale du Bon Marché de Paris, créer un lieu, sur le modèle européen, qui proposerait de lier le commerce et l’art. En 1896, on inaugura dans cette galerie le premier siège du Musée National des Beaux-arts. Plus récemment, le groupe espagnol Afinsa s’est spécialisé dans le commerce et la littérature de l'art et des collections, et Digital Kitchen, une agence américaine spécialisée dans le Motion Design et à l’origine du générique de Dexter, de Six Feets Under et du très cynique Dr.House, a cherché à gommer la frontière entre le commerce et l’art, comme nous le prouve leur portfolio. Si le commerce est bien entré dans les Beaux-arts, les arts graphiques, le cinéma et la musique, il prolifère aussi dans le champ littéraire.

En 1763 déjà, dans Lettre historique et politique adressée à un magistrat sur le commerce de la librairie,  Diderot s'interroge d'abord sur le lien entre le commerce et la littérature et décrit avec soin, la transformation de la valeur littéraire en valeur mercantile. Ecrite en 1829 et placée plus tard par Balzac en ouverture de La Comédie humaine, La Maison du Chat-qui-pelote brosse le tableau du Paris commerçant, du Marais et de la rue Saint-Denis. Au Bonheur des Dames d’Émile Zola, publié en 1883, entraîne le lecteur dans le monde des grands magasins, l’une des innovations du Second Empire. En 2007, Jean Teulé dépeint, dans Le Magasin des Suicides, l’échoppe de Mishima et Lucrèce Tuvache où l'on vend, depuis dix générations, tous les ingrédients possibles pour se suicider. N’oublions pas de mentionner l’élevage des dragons pour le commerce par Hagrid ou la boutique de Barjow & Beurk dans la saga Harry Potter.

Le rapprochement des termes «commerce» et «écritures» fait apparaître une problématique qui propose, dans le domaine des sciences humaines, un objet anthropologique riche de sens et qui intéresse à la fois des spécialistes de la littérature, des arts et de la langue, des sociologues, des historiens, des philosophes, des psychologues et des spécialistes de la rhétorique, de la communication et des techniques commerciales. Dans un esprit véritablement pluridisciplinaire, cette rencontre scientifique veut faire appel, d’une manière très large, aux représentations du commerce les plus diverses, dans différents pays, à travers la haute littérature, la paralittérature ou la bande-dessinée. La diversité des approches scientifiques est souhaitable. Les approches - historique, thématique, mythocritique, psychanalytique, sociocritique, la poétique de l’imaginaire et de l’écriture - mettront en lumière, en se croisant, la richesse et la diversité de ce sujet.

Les communications retenues interrogeront les multiples formes et figures du commerce, du commerçant et des stratégies commerciales dans les écritures des XXème et XXIème siècles notamment en s’attachant aux thèmes et motifs récurrents mais aussi aux stratégies textuelles (narratives, énonciatives, discursives). Les communicants montreront le statut littéraire de l’homme d’affaires cosmopolite (« brasseur d’affaires », négociant, marchand ou même boutiquier), la représentation littéraire du négoce, sa mobilité, le trafic commercial, les voyages de commerce et les échanges commerciaux, la sélection des marchandises mises en vente (ainsi que leur importation ou exportation), le déclin du petit commerce, la concurrence féroce des géants de la distribution, la prospérité économique ou les liquidations judiciaires, car depuis Balzac et Zola, le thème de la faillite, moment douloureux de vérité économique, aboutissement possible et dramatique de l’entreprise commerciale, est marginal dans la littérature. Les fonds de commerce (de l’agence immobilière aux services), les détours de langage « être de commerce agréable » (ou non) ou « faire commerce de tout bois », le discours séducteur pour vendre ou encore le commerce de la chair : toutes les communications sur ces « commerces » d’essences bien différentes apporteront un éclairage nouveau sur le traitement littéraire, notamment, de l’« homo oeconomicus ».

 Les collègues intéressé.es sont invité.es à envoyer avant le 20 novembre 2017 un projet d’intervention de 2500 signes, en français ou en anglais, ainsi qu’une brève présentation personnelle (affiliation institutionnelle, principaux axes de recherche, publications majeures) à l’adresse suivante :

ecricommcolloque@gmail.com

Calendrier :

  • Dépôt des propositions : 20 novembre 2017
  • Examen des propositions et décisions : 10 décembre 2017

Format des propositions :

  • 1 document (format Word) comportant le nom, l’appartenance institutionnelle, le grade, le titre de la communication et les coordonnées de l’auteur (adresse professionnelle, adresse personnelle, adresse électronique et téléphone)
  • 1 document (format Word) comportant un projet de 2500 signes en français ou en anglais (Word, Times 12, interligne 1,5) présentant le corpus étudié, les idées principales, le raisonnement et les conclusions générales, et précisant le cadre et les notions. 3 mots-clés devront également être mentionnés.

 Langue de la communication : français et/ou anglais.

  • Les communications seront de 20 minutes suivies de 10 minutes de questions.

Le déjeuner du 10 janvier 2018 sera offert aux intervenants. Les frais de déplacement et d’hébergement ne sont pas pris en charge.