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Appels à contributions
Le paradigme royal. Der König als Fiktionsauslöser

Le paradigme royal. Der König als Fiktionsauslöser

Publié le par Marc Escola (Source : Olga Gancevici)

Le paradigme royal 

Le roi comme synthèse et point de convergence des représentations artistiques, philosophiques et scientifiques

(Le paradigme royal. Der König als Fiktionsauslöser)

 Appel à contributions pour un volume collectif

 

Située au croisement de multiples directions culturelles, scientifiques, judiciaires et métaphysiques, l’image du roi a été un triple générateur de fiction:

1. À partir de l’Antiquité, à travers l’époque élisabéthaine et jusqu’à la Révolution Française il s’intègre dans une description du système d’état en termes corporatifs[1] (E. H. Kantorovicz: The King'sTwo Bodies, 1957; Antoine de Baecque : The Body Politic. CorporrealMetaphor in Revolutionary France, 1997 ; Pierre Rosanvallon : Le peuple introuvable. Histoire de la représentation démocratique en France, 1998; Albrecht Koschorke, Susanne Lüdemann, Thomas Frank, Ethel Matala de Mazza: Der fiktiveStaat. Konstruktionen des politischenKörpers in der GeschichteEuropas, 2007). Son intégration au milieu des « projections instituantes » de soi (C. Castoriadis), que les sociétés humaines avaient besoin d’émettre pour subsister, fut constante tout ce temps-là.

2. À partir de l’image du roi un complexe paradigme de représentations fictionnelles s’est développé dans la littérature, aussi bien que dans les arts plastiques (Thomas Mann: Altesse royale, 1909; Heinrich Mann: Henri IV, 1935,1938).

3. Mécène responsable du développement artistique, la royauté elle-même a parfois été créatrice de littérature (le roi Frédéric II de Prusse, la reine Marie de Roumanie).

La définition du roi a toujours marqué un croisement de paradigmes, la rencontre de plusieurs formes de polarités: du point de vue de la position envers le système des lois, Agamben distingue une polarité entre le roi et le homo sacer de l’Antiquité (G. Agamben : Homo Sacer. Sovereign Power and Bare Life, 1998). Tous les deux se situent en dehors des lois humaines: le premier en tant que souverain, le second en tant qu’être sacré parce que damné à n’être plus protégé même par les lois divines. Du point de vue de la finalité du sacerdoce, une polarité fondamentale s’instaure entre le roi et son peuple, dont le catalyseur est la Volonté Divine. À l’intérieur de cette polarité le souverain incarne à l’égard de son peuple des vertus et des pouvoirs fondamentaux, tels que la générosité, la protection, le contrôle et la punition (v. Michel Foucault : Surveiller et punir. Naissance de la prison, 1975). Au Moyen Age, le corps du roi sert de base pour toute une suite de représentations métaphoriques liées au principe de la centralité, figurée à l’aide de l’organe central du corps, le cœur : cœur de l’espace du royaume, cœur de la justice, même cœur du temps et de la mémoire (une formule du droit roman, adoptée finalement par le droit canonique, dit que le roi détient les loi sin scrinio pectori – dans la boite de la poitrine (E . H. Kantorowicz, op. cit., p. 145).

La complexité de l’image du roi a inspiré le langage métaphorique de la psychanalyse néojungienne, qui s’en est servi pour désigner une composante fondamentale du psychisme masculin (v. Robert Moore, Douglas Gillette: King, Warrior, Magician, Lover. Rediscovering the Archetypesof the Mature masculine, 1990).

Notre volume se propose de réunir des contributions aptes à  exemplifier la triple fonction du roi en tant que  générateur de modèles fictionnels. Nous attendons des articles en français et en allemand portant sur l’un ou plusieurs des thèmes suivants:

  • La figure du roi comme générateur de modèles fictionnels à l’intérieur du corps politique (perspective historique, contextuelle).
  • Le roi/la reine comme personnage fictionnel (littérature, arts plastiques).
  • L’expression artistique royale (littérature, arts plastiques).
  • L’instance royale à la croisée des directions scientifiques et philosophiques: la phylogenèse,  la culture, l’administration, la justice, la métaphysique.
  • La symbolique de l’image royale (y compris la symbolique corporelle).
  • Le caractère synthétique de la royauté (croisement des paradigmes de l’espace-temps).
  • Les espaces royaux (descriptions d’espaces géographiques royaux, d’intérieurs royaux, des architectures et jardins royaux).
  • L’archétype du roi (psychanalyse).
  • Diversité de l’imaginaire royal.

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Les propositions de contributions (titres, résumés, mots-clés) sont attendues jusqu’au 10 juillet 2019.

Le comité scientifique rendra son avis dans un délai de trois jours.

Les articles in extenso, en français ou en allemand (entre 6 et 15 pages A4, Times New Roman, 12, 1.5) seront envoyés jusqu’au 20 septembre 2019.

Le volume sera publié à la fin décembre 2019.

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Responsables du volume:

Raluca Dimian : hraluca@gmail.com

Olga Gancevici: olga_gancevici@hotmail.com

 

 

[1] Entre autres, E. Kantorowicz prend pour exemple le discours de Lucas de Penna adressé à Néro (« Tu es l’âme de cette république et la république est ton corps » (citant Seneca : De Clementia. I, 5 : «  […] tu animus reipublicae tuas es, illa corpus tuum »)) et son discours des Efeseni (« L’homme est la tête de sa femme et la femme est le corps de l’homme. C’est de la même façon que le roi est la tête de son pays et le pays, c’est le corps du roi. » (idem. […] item, sicutvir est caputuxoris, uxor vero corpus viri [Efeseni, 5, 23] […] ita princeps caput reipublicae, et respublica, eius corpus. »); « Et tout comme les gens sont unifiés spirituellement dans un corps spirituel, dont la tête est Jésus Christ […], les gens sont unifiées moralement et politiquement dans la république, un corps dont le Roi est la tête. » (ibid. Item, sicut membra coniunguntur in humano corpore carnaliter, et homines spirituali corpori Christus est caput […], sic moraliter et politice homines coniunguntur reipublicaequae corpus est : cuius caput est princeps […] »).Antoine de Baecque (The Body Politic. Corporreal Metaphor in Revolutionary France, 1997) cite Laurent Pierre Bérenger (Les Quatre Etats de la France, 1789): « Sire, méditez la fable antique des membres et de l’estomac; travaillez également pour tous les membres du corps politique, puisque chaque membre travaille séparément et simultanément par là communément pour son chef royal. L’harmonie du corps humain figure celle de l’État… »