Actualité
Appels à contributions
Liliane Giraudon, une écriture qui dégenre (Paris 8)

Liliane Giraudon, une écriture qui dégenre (Paris 8)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Agnès Blesch )

Manifestation annulée

 

Appel à communications

Journée d'étude, 19 juin 2018

Université Paris 8, Vincennes-Saint-Denis

LHE EA 7322 

 

Liliane Giraudon écrit dans les marges, celles de la littérature mais aussi celles de la poésie française contemporaine, « sous-catégorie de la sous-classe » comme elle l’indique dans La Poétesse : homobiographie (2009). Peu étudiée par la critique universitaire, Liliane Giraudon a pourtant publié depuis 1978 une œuvre foisonnante, hybride, entre prose et vers, principalement chez P.O.L. Dans la continuité de la réflexion amorcée par la revue de poésie Faire Part intitulée Liliane Giraudon. Une creative method accidentée (2017), cette journée d’étude réunira chercheurs, auteurs et artistes désireux de participer à ce moment de réflexion collective sur une œuvre qui dérange et dégenre.

Parmi les sujets d’étude possibles de l’œuvre de Liliane Giraudon figurent les pistes suivantes :

  • L’œuvre poétique : son jeu avec les genres, sa réception, son inscription dans le champ poétique contemporain.

Du poème Têtes ravagées, une fresque (1978) au carnet de voyage (Sker, 2000 ; Les Talibans n’aiment pas la fiction, 2009) en passant par les nouvelles (Pallaksch Pallaksch, 1991 ; Fur, 1992 ; Parking des filles, 1998), le roman de science-fiction (La Fiancée de Makhno, 2004), le dialogue de théâtre (Le Garçon cousu, 2014), Liliane Giraudon brouille les genres littéraires quand elle n’en invente tout simplement pas de nouveaux comme l’« homobiographie » (La Poétesse, 2009 ; Madame Himself, 2013) ou le « dramolette » (Les Animaux font toujours l’amour de la même manière, 1995).

  • Le rapport aux documents : une poésie-reportage.

« Poésie documentariste » (Sker), l’œuvre de Liliane Giraudon se compose, à Marseille, au Tibet, dans les Caraïbes ou encore, en Afghanistan, d’un éventail de sensations, d’observations, un voirentendre et un écriredessiner sans hiérarchie. Il s’agit d’évoquer le réel tout en échappant au réalisme, de mettre en valeur un « art d’exister contre les faits / face ou profil / des choses arrachées décousues » (La Poétesse). Constitués de fragments du monde, les livres de Liliane Giraudon sont également composés de voix, celles des artistes, écrivains, penseurs dont les discours sous-tendent l’écriture et dont les noms apparaissent en fin de livre comme autant de relais de la pensée (L’omelette rouge : mélodrame, 2011 ; L’amour est plus froid que le lac, 2016).

  • L’écriture du corps, de la sexualité.

Liliane Giraudon revendique sa « haine » du bon goût (Sker) : elle évoque les amours malheureuses, le viol, la prostitution, l’avortement, dans une écriture qui exhibe le heurt, la cassure. L’importance de la thématique sexuelle parcourt l’ensemble de son œuvre et les figures de l’Amazone, de l’ange sexué, contribuent à brouiller les identités des personnages mis en scène.

  • Le rapport aux arts : le dessin, la photographie, le cinéma.

Les dessins de Liliane Giraudon essaiment à la manière de grotesques dans les marges de l’écriture. Poète plasticienne, Liliane Giraudon ne fait pas qu’associer dessins, photos et photogrammes à ses textes, elle travaille également avec des artistes et cherche, là-encore, en valorisant ce qui est habituellement déconsidéré, le dessin griffonné, le calligraffiti, à subvertir la hiérarchie des genres.

  • L’animation de la vie littéraire : la création collective, le travail de revuiste, l’importance de la littérature étrangère et de la traduction dans le travail poétique.

Après avoir écrit pour Action poétique, Liliane Giraudon crée avec le poète Jean-Jacques Viton la revue Banana Split (1980-1990). Suivront plus tard la revue If (1992-2012) et La gazette des jockeys camouflés (2013-2014), avec toujours le même souci de faire dialoguer écrivains et artistes, textes français, étrangers, classiques et contemporains. On retrouve ce désir de collectif dans les livres écrits à plusieurs mains (Marquise, vos beaux yeux, 2005), ou encore les textes écrits pour le théâtre (Robert Cantarella, Notre Faust I et II, 2014-2017 ; Hubert Colas, Une mouette et autres cas d’espèces, 2016).

*

Les propositions de communication (20-30 lignes) sont à faire parvenir avant le 15 février 2018, accompagnées d’une courte notice biographique, à Agnès Blesch (agnes.blesch@gmail.com) et Zsófia Szatmári (zsofszatmari@gmail.com).

 

Comité scientifique / comité d’organisation : Agnès Blesch (doctorante à l’Université Paris 8), Vincent Broqua (Université Paris 8), Jean-François Puff (Université Jean Monnet, Saint-Étienne), Zsófia Szatmári (doctorante à l’Université Paris 8 et à l’Université Eötvös Loránd, Budapest).