Référence bibliographique : Œuvres & Critiques, XLII, 1 (2017) La contribution de l‘archéologie à la genèse de la littérature moderneCoordinateur du fascicule : René Sternke, éditions Narr Francke Attempto, 2017. EAN13 : ISSN03381900.
Œuvres & Critiques, XLII, 1 (2017)
La contribution de l‘archéologie à la genèse de la littérature moderne
Coordinateur du fascicule : René Sternke
Pendant la dernière décade du XVIIIe siècle, le vieux système universitaire des trois facultés – médecine, jurisprudence et philosophie – vécut une crise. Kant formula la protestation et la volonté d’insurrection de la faculté inférieure. La philosophie s’était déclarée la science des sciences. Au cours des décennies suivantes, nous assisterons à une transformation totale du système des sciences et à l’apparition de sciences nouvelles. D’après Foucault, « l’Analogie et la Succession » devenaient les « principes organisateurs » d’un nouvel « espace d’empiricités ». La thèse qui sert d’idée de départ à la présente publication maintient que ce nouvel espace d’empiricités se caractérise également par une nouvelle approche de l’objet matériel, par une approche directe et visuelle qui ne passe pas par le détour des textes et qui le conceptualise comme un objet digne d’être étudié par la science ou plutôt par une nouvelle science qui se dédie exclusivement à son étude, l’archéologie. Cette approche se réalisa aussi en dehors de l’archéologie, la littérature la mit également en œuvre. Walter Benjamin atteste au XIXe siècle une « représentation chosiste de la civilisation » qui « correspond à un point de vue qui compose le cours du monde d’une série illimitée de faits figés sous forme de choses ».
La thèse centrale du présent volume maintient que l’archéologie contribua de manière décisive à la genèse de la littérature moderne. Elle le fit de différentes manières. D’un côté, l’archéologie fournit à la littérature aussi bien des méthodes et des pratiques que des objets de la représentation ; de l’autre, l’objet archéologique devint la préfiguration de l’œuvre d’art moderne. La littérature moderne fut le fruit de la liaison du traitement archéologique des objets matériels et de la conception de l’œuvre d’art comme œuvre autonome.
Le volume contient les contributions suivantes :
René Sternke
L’archéologie et la genèse de la littérature moderne. Prolégomènes
Alain Schnapp
Le futur est-il derrière nous ?
Volker Kapp
Poésie et archéologie dans Les Martyrs de Chateaubriand
Elena Calandra
Stendhal, ou l’invention des fouilles
Serges Linkès
« Mais j’aime le beau et non le rare », ou pourquoi Stendhal ne fut pas archéologue à Corneto
Luc Bonenfant
L’ancien comme ambition de la modernité. Gaspard de la Nuit, antiquaire non par état mais par goût
Sylvie Lécuyer
Vestiges du passé et quête des origines : de l’exploration archéologique à l’élaboration mythique dans l’œuvre de Gérard de Nerval
Pascale Hummel-Israel
Le « cachet de beauté » ou la prosopopée des cendres : le cas d’Arria Marcella de Théophile Gautier (1852)
Thierry Poyet
« Quelque chose entre le bohème et le pédant » : Flaubert, naissance et mort de l’écrivain-chercheur
Cecila Hurley
Un dieu errant : Paul Lacroix, le roman et le marché d’art au XIXe
Yann Mortelette
La poésie archéologique des Parnassiens
Henning Hufnagel
« Disiecta membra » : Archéologie, art et science dans les poèmes parnassiens sur la Vénus de Milo. Avec l’esquisse d’un modèle théorique du Parnasse
Klaus W. Hempfer
La poésie lyrique des Parnassiens, ou le contre-positivisme esthétique
Maurzio Harari
« À qui étrusque disait peu de chose… »
Étrusques perdus et retrouvés à travers Ruskin et la Recherche
Maciej Junkiert
L'archéologie sans objets et la poésie des objets : romantisme et postromantisme polonais