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Appels à contributions
Populaire, moi ? (Le Pardaillan n° 3)

Populaire, moi ? (Le Pardaillan n° 3)

Publié le par Marc Escola (Source : Luce Roudier)

Appel à propositions d’articles, pour le 15 février 2017

Pour son troisième numéro, Le Pardaillan souhaite revenir sur l’épineux adjectif « populaire », et sur les délimitations du champ populaire, pour essayer d’en proposer des éclairages différents. Cet adjectif sert de point d’appui épistémologique, en ce qu’il est constitutif d’une catégorie théorique, alors même qu’il est sémantiquement flottant. Il hérite en effet de tous les jeux polysémiques, rhétoriques et idéologiques du mot « peuple », de la masse indifférenciée aux couches socialement défavorisées, en passant par la communauté souveraine ou encore le populisme… Lourd de toutes ces significations possibles, il s’est constitué comme pôle d’adversativité (le populaire comme polarisation constante du non-populaire), définissant en négatif une « culture légitime ».

Il peut sembler étonnant d’avoir choisi un mot si instable pour désigner une catégorie littéraire et culturelle, d’autant que « le populaire » a la vie dure, malgré les nombreuses expressions de remplacement (paralittérature, culture médiatique…) qui ont pu être proposées. Mais il est possible d’apporter des éclairages à cet usage de l’adjectif « populaire » en se penchant sur des cas-limites, frontaliers. Le fait de prendre la culture populaire comme objet d’étude implique en effet de forger des outils théoriques adaptés, et de réfléchir à ces outils que l’on se crée (comme le fait, par exemple, le dernier numéro de Poétiques comparatistes, « Fictions médiatiques et récit de genre. Pour en finir avec le populaire ? »). Que se passe-t-il lorsque l’on applique ces outils à des objets qui semblent inattendus, car ils n’appartiennent a priori pas au champ du populaire ? Un auteur comme Martial, du fait de son ancienneté et de son genre littéraire, l’épigramme, est aujourd’hui un auteur de spécialistes, relégué au domaine des études littéraires et antiques. Mais que devient ce même Martial lorsqu’on le considère comme populaire au point d’avoir été imité par d’innombrables auteurs jusqu’au XVIIIe siècle, et que devient la notion de « populaire » ainsi employée ? De nombreux auteurs du XIXe siècle, aujourd’hui intégrés au canon littéraire et faisant figure de monstres sacrés, ont publié leurs écrits dans les mêmes circuits de diffusion que la littérature dite populaire, à savoir le feuilleton. Comment articuler ce croisement entre populaire et canon, et comment, peut-être, relire le canon à la lumière de ce mode de diffusion ? Autre forme de croisement possible, la figure de Louis XIV, figure non-populaire au possible, à un certain sens du mot du moins, est aujourd’hui l’un des personnages historiques les plus populaires de la culture médiatique, de la série télévisée à la comédie musicale. Les zones de croisement sont nombreuses, on le voit.

C’est ce genre d’expériences que souhaite rassembler ce numéro du Pardaillan, dans le but de relire la notion de « populaire », ainsi désancrée de son domaine habituel. On s’est en effet habitué à considérer l’usage du terme « populaire » comme légitime dans certains champs culturels (le jeu vidéo est populaire), et scandaleux dans d’autres (Rembrandt ne l’est pas) : il ne peut être que fructueux d’essayer de réfléchir en sens inverse. Les contributions pourront porter sur l’ensemble du champ médiatique (littérature, BD, jeu vidéo, spectacle vivant, cinéma, musique et chanson, internet, etc), et seront particulièrement bienvenues les propositions transversales (chronologiquement et médiatiquement), et les propositions d’exploration des transferts médiatiques (adaptation, circulation, réécriture…).

Les propositions de contribution, d’une longueur de 500 à 1000 mots environ, sont à adresser à luce.roudier [@] gmail.com pour le 15 février 2017 au plus tard. Si la proposition est retenue, l’auteur sera informé avant le 20 février, et l’article sera demandé pour le 15 août 2017. La parution est prévue pour septembre 2017.