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Colloque : "Pourquoi la poésie aujourd’hui ? Motifs politiques du poème depuis 1990" (Montréal)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Jean-Philippe Gagnon)

Pourquoi la poésie aujourd’hui ? Motifs politiques du poème depuis 1990

 

Montréal 

14-15 mai 2020

 

PRÉSENTATION

Alors que l’étude de la relation entre la politique et la littérature jouit d’un renouveau depuis quelques années dans les contextes québécois et français, le genre poétique se voit laissé pour compte dans cette réflexion, au profit des écritures en prose. Le rapport complexe que la poésie entretient avec le monde, sa relative illisibilité, décrite parfois comme une intransitivité, lui ont conféré un statut marginal. Il est pourtant clair que la poésie jouit d’un intérêt et d’une force politiques : on le voit déjà dans les lectures qu’on peut en faire, ce que Jean-François Hamel a mis en évidence dans son Camarade Mallarmé (2014). Différentes scansions ont modalisé l’engagement poétique dans la seconde moitié du xxe siècle, alors que le poème s’est engagé sur la place publique dans les années 1960-1970 au Québec ; qu’en France, au même moment, avait lieu une diversité d’expérimentations formelles visant à élargir le champ des possibles poétiques. Réaction à l’emphase verbale et à la surenchère sociale qui a pu caractériser cette époque, l’écriture intimiste des années 1980 a été située symboliquement à l’envers de toute ambition politique de l’écriture. Aujourd’hui, bon nombre de productions cherchent à ouvrir les horizons de cet intimisme.

En effet, les dernières décennies ont montré que l’écriture s’efforce d’échapper au repli, les poètes travaillant avec l’intuition que « [l]’intime rejoint le collectif, le politique » (Antoine Emaz, 2009), que le politique traverse la voix et le corps. Le désir d’une présence à soi devient une manière d’être avec autrui, de faire partie d’une communauté et par là de mettre en relief l’appartenance (voilée ou non) du poème à un contexte singulièrement humain et social. C’est donc l’implication fondamentale de l’écriture poétique que plusieurs poètes cherchent à réinvestir : ils interrogent le sens et la pertinence de la poésie aujourd’hui afin de faire ressortir sa portée critique dans la société à laquelle elle appartient. Ce colloque entend réfléchir sur les enjeux poétiques et politiques de cette revalorisation. Bien que cet événement soit d’abord pensé comme l’occasion de faire dialoguer les corpus français et québécois, nous sommes ouverts à toute proposition de communication portant sur la poésie contemporaine d’expression française.

Nous proposons les axes de réflexion suivants à titre indicatif. Ils portent à l’attention trois dominantes dans les modes d’intervention politique des poèmes, modalités qui sont par ailleurs nullement hermétiques les unes aux autres :

 

  • - Modalité pragmatique : comment le poème invite-t-il à l’action ? Comment le poème lui-même se propose-t-il comme action engagée ? L’écriture propose des options politiques et critiques particulières (Jean-Marie Gleize), un espace discursif orienté vers une communauté à refonder. Au Québec, la poésie autochtone conjugue singularité de l’expérience sensible, affirmation et résistance (Joséphine Bacon). Chaque fois, alors qu’il reconfigure les liens entre identité et communauté, l’exercice poétique se présente comme une façon de continuer à vivre (ensemble), forme minimale de l’action (Antoine Emaz, Valérie Rouzeau).
  • - Modalité critique : quels sont les discours et idéologies envers lesquels le poème se positionne ? Comment la langue du poème se propose-t-elle comme arme de combat ? Une force politique découle de l’« opacité critique » (Gleize) du poème, qui remet en cause de façon radicale l’expérience vécue en commun, autant dans le refus de la célébration des grands récits sociaux (Nathalie Quintane) qu’à travers la désaffection des modèles utopiques (Bernard Noël). Il s’agit de critiquer les rapports de pouvoir qui façonnent le monde et qui sont incrustés dans la langue elle-même, porteuse d’une violence à laquelle le poème désire répondre (Carole David, Caroline Sagot-Duvauroux).
  • - Modalité testimoniale : comment le poème est-il dépositaire du présent et d’une diversité d’expériences qui échappent aux regards dominants, qui survivent à la violence ? Quelle politique de l’expérience sensible propose-t-il ? L’écriture interroge les origines et les espaces partagés (Benoit Jutras), comme elle se fait consigne de la variété du vivant dans une époque donnée (Charles Sagalane). La parole poétique cherche une solidarité humaine, en prenant acte de la vulnérabilité et nourrissant la compassion (Marjolaine Beauchamp), alors que petits et grands événements historiques travaillent la voix (Patrick Quillier).

Nous attendons vos propositions de communication de 200 mots jusqu’au 31 mai 2019 à l’adresse suivante : julie.st-laurent.2@umontreal.ca

 

Comité organisateur :

Lucie Bourassa

Jean-Philippe Gagnon

Karim Larose

Julie St-Laurent