Actualité
Appels à contributions
Présence de la science-fiction dans la bande dessinée d’expression française (ResFuturae)

Présence de la science-fiction dans la bande dessinée d’expression française (ResFuturae)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Irène Langlet)

Présence de la science-fiction dans la bande dessinée d’expression française

Appel à contributions pour le dossier n° 14 de ReS Futurae

Dossier dirigé par Alain Boillat (Université de Lausanne)

 

Échéances

Les propositions d’articles d’environ 250 mots, accompagnées d’une brève bio-bibliographie, sont à envoyer avant le 14 juillet 2018 à Alain Boillat (alain.boillat@unil.ch).La date de remise des articles est fixée au 31 janiver 2019.

Les auteurs sont invités à consulter les consignes aux auteurs.

Les contributions du dossier se pencheront sur la place accordée à la science-fiction au sein de ce phénomène de presse puis d’éditionqu’est la bande dessinée d’expression française en examinant en tant que modes d’appropriation du genre différents régimes visuels apparus au cours de l’histoire du médium, de Saint-Ogan à Pellos jusqu’aux productions contemporaines. La délimitation linguistique du corpus – très différent des comics ou des mangas au niveau du style, du contexte d’édition/réception et du réseau intertextuel – tient au constat qu’à l’intérieur de l’espace géographique, linguistique et culturel de la bande dessinée dite « franco-belge » qui en constitue le noyau, le genre de la SF a été plutôt sous-représenté dans la période d’essor de l’après-guerre en raison de nombreuses caractéristiques – souvent héritées des comic strips – peu compatibles avec la loi de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. Exception faite de la reprise de matériel d’exportation venant des Etats-Unis (notamment les récits de super-héros), la bande dessinée de SF s’est en effet développée dans un premier temps plutôt via les petits formats (à l’exemple de la série Meteor chez Artima) qui ne visaient pas en priorité le public enfantin ou, s’est inscrite, chez des dessinateurs de premier plan comme Hergé, Jacobs ou Franquin, dans une filiation de l’anticipation scientifique à la française qui reste à explorer dans ses rapports à la science-fiction.

Faire l’histoire du genre à travers différents contextes permet d’aborder des questions de légitimation culturelle : la science-fiction étant quasiment confondue, dans les discours de défense d’une certaine « para-littérature », avec le médium bédéique lui-même (voir l’appel à souscription en vue de la création d’un « Club des Bandes Dessinées » à la suite d’un article du Genevois Pierre Strinati dans le numéro 92 de la revue Fiction), le processus de légitimation porte autant sur la science-fiction que sur la bande dessinée elle-même, comme en témoignent des jalons tels que Barbarella, la création des Humanoïdes associés et de la revue Metal Hurlant ou certaines réalisations de type « roman graphique » (Tardi, Berberian et Mardon, Serges Clerc,…).

Destinées à contribuer à une histoire du genre dans la bande dessinée franco-belge (avec une ouverture au Québec et à la Suisse romande), les études proposées prendront en compte les spécificités sémiotiques, pragmatiques (contexte de production/diffusion/réception), représentationnelles, esthétiques et narratives des productions étudiées. Cette démarche peut avantageusement se faire comparatiste en mettant les œuvres francophones en regard de comics ou d’autres productions médiatiques. Il s’agira avant tout de repérer et de définir en quoi la bande dessinée formule de manière spécifique certains enjeux de l’étude de la science-fiction en général.

Si une approche auteuriste se justifie pour certaines figures centrales du champ comme Forest, Druillet, Bilal, Caza ou Moebius dont on pourra par ailleurs prendre en compte la production dans le domaine de l’illustration, nous souhaiterions que soient également explorées, afin d’évaluer leur rapport évolutif au genre, des séries populaires qui s’étendent sur une longue période (Les Pionniers de l’Espérance, Les Aventures de Valérian et Laureline, Les Naufragés du temps) ou qui font coexister la science-fiction avec d’autres genres en fonction des épisodes (Dan Cooper, Yoko Tsuno, etc.).

Le numéro est ouvert à des articles basés sur l’analyse d’un corpus restreint mais également à des synthèses traitant d’une problématique définie (analyse des représentations à travers un motif donné, théories de la science-fiction et du récit, etc.). Nous privilégierons des approches transversales, non limitées à un seul album, qui permettent de fournir, à partir d’études de cas, des éléments de réflexion sur les manifestations spécifiquement bédéiques du genre de la science-fiction. Elles mobiliseront une analyse qui portera conjointement sur la représentation dessinée, le style graphique, le récit ainsi que sur des caractéristiques sémiotiques du médium.

Les points suivants peuvent plus spécifiquement faire l’objet d’une étude :

– Motifs (narratifs, visuels, culturels,…) récurrents abordés dans leurs variations diachroniques (l’exploration et la colonisation de planètes, la course à l’armement, les systèmes politiques, l’intelligence artificielle, le transhumanisme, l’écologie, etc.) ;

– Sous-genres ou genres connexes présents dans la BD – le space opera (Tärhn, prince des étoiles), le steam punk (Le Régulateur,Hauteville House,…), le rétro-futurisme (Les Cités obscures), le post-apocalyptique (La Survivante, Jeremiah,...) et/ou hybridité générique envisagés sur un plan théorique (par exemple western et SF chez Giraud/Moebius ; Lanfeust des étoiles en écho à Lanfeust de Troye,…) ;

– Pratique éditoriale / de réception : rôle de la classification « SF », contextes éditoriaux (notamment avec la création de la revue Metal Hurlant ou l’apparition de formats de type « roman graphique »), comparaison entre la « pré-publication » en magazine et la parution en album, synthèse commentée d’ensemble de discours sur la science-fiction en BD (thématique de la nostalgie, de l’infantilisation, du rôle éducatif, approches gender, etc.), etc. ;

– Emprunts à la littérature et au cinéma de science-fiction avec prise en compte des spécificités de la BD : adaptation (La Guerre éternelle de Haldeman ou La Horde du contrevent de Damasio, ou inversement Valérian ou Le Transperceneige), transposition (Moby Dick de Pécau et Pahek, Immortel ad vitam) ou emprunts/échanges ponctuels (chez Bilal ou Jean-Philippe Dionnet par exemple).

Quelques références

  • Julien Baudry, « Science-fiction en bande dessinée (des années 1930 à 2000) », Philacterium, URL : http://www.phylacterium.fr/?cat=14&paged=2
  • Raphaël Baroni, « (Un)natural Temporalities in Comics », European Comic Art, n° 9 (1), 2016, p. 5-23.
  • Raphaël Baroni, « L’exploration temporelle comme modalité du voyage imaginaire dans la bande dessinée franco-belge (1930-1980) », Image [&] Narrative, n° 16 (2), 2015, p. 96-113. URL : http://www.imageandnarrative.be/index.php/imagenarrative/article/view/864
  • Vincent Bernière, Anthologie de la BD de science-fiction, Paris, Huginn & Muginn, 2015.
  • Évariste Blanchet, « Métal Hurlant et ses frères », 9ème Art, n° 12, janvier 2006.
  • Alain Boillat, « Yoko Tsuno : l’ambivalence du héros féminin face à diverses formes d’altérité », in Loïse Bilat et Gianni Haver, Le héros était une femme… Le genre de l’aventure, Lausanne, Antipodes, 2011, p. 211-226.
  • Alain Boillat, « A la découverte d'autres mondes : voyage autour de la bande dessinée franco-belge de science-fiction », in Marc Atallah, Frédéric Jaccaud et Francis Valéry (dir.), Souvenirs du futur. Les miroirs de la Maison d'Ailleurs, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2013, p. 144-160.
  • Alain Corbellari, « Jacobs à la croisée des chemins : de Flash Gordon à l’invention d’un style », dans Alain Boillat et Marc Atallah (dir.), BD-US : les comics vus par l’Europe, Gollion, Infolio, 2016, pp. 23-40.
  • Serge Lehman, « L’héritage du merveilleux scientifique », dans Sven Ortoli (dir.), Tintin chez les savants, Bruxelles/ Paris, Moulinsart/Science & vie, 2003.
  • Raphaël Oesterlé, « Les Pionniers de l’Espérance: Flash Gordon au pays des “vaillants” communistes », dans Alain Boillat et Marc Atallah (dir.), BD-US : les comics vus par l’Europe, Gollion, Infolio, 2016, pp. 41-57.
  • Gilles Poussin, et Christian Marmonnier, Métal Hurlant, la machine à rêver, 1975-1987, Paris, Denoël, collection « Graphic », octobre 2005.
  • André-François Ruaud et Raphaël Colson, Science-fiction. Les frontières de la modernité, Saint-Laurent-d’Oingt, Mnémos, 2014.
  • Natacha Vas-Deyres, Patrick Bergeron, Patrick Guay, Florence Plet-Nicolas et Danièle André (dir.), Les Dieux cachés de la science-fiction française et francophone (1950-2010), Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, « Eidôlon » 111, 2014.