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Restauration et remploi

Restauration et remploi

Publié le par Philippe Robichaud (Source : École nationale des chartes)

Le mercredi 24 mai 2017 à l’École nationale des chartes (salle L. Delisle)

Journée d’étude des doctorants du centre Jean-Mabillon (École nationale des chartes) en collaboration avec l’École pratique des hautes études

Le centre Jean-Mabillon (École nationale des chartes) organise, en partenariat avec l’École pratique des hautes études, une journée des doctorants le 24 mai 2017. Cette journée est destinée à rassembler des doctorants français et étrangers afin qu’ils partagent leurs idées et leurs recherches autour d’un thème général qui sera, cette année, « Restauration et remploi ».

Présentation

Arnold Esch a proposé en 1998, dans un article consacré au reimpiego, de distinguer dans les objets archéologiques l’Überleben, la simple survie matérielle d’un objet, d’une ruine, et la Nachleben, véritable vie après la vie « par transformation continuée »[1] des vestiges du passé. Ces notions sont probablement importables – moyennant quelques adaptations – dans l’ensemble des disciplines historiques qui s’intéressent aux enjeux et aux formes de la mémoire : que ce soit l’histoire (politique, des idées, etc.), l’histoire de l’art et l’archéologie, ou la philologie et la littérature.

Dans la vie et la survie des objets, des documents, des idées, des œuvres du passé, on peut distinguer deux types d’intervention humaine. D’une part, l’homme a tenté, à plusieurs moments de son histoire, de retrouver et sauver les traces du passé qui subsistaient, que ce soit par des « fouilles archéologiques » ou par l’exploration d’archives, de manuscrits, de bibliothèques. Au sein de ces manœuvres de « sauvetage » des vestiges du passé, les opérations de restauration constituent un moment important et délicat, tant d’un point de vue technique que d’un point de vue déontologique. Il n’en reste pas moins que la restauration a participé, dans la majeure partie des cas, à la survie, l’Überleben des objets du passé. D’autre part, nombreuses sont les traces (matérielles ou textuelles) du passé qui ont trouvé une nouvelle vie (une Nachleben) au cours de leur voyage à travers le temps, notamment grâce à la pratique du remploi. Bon nombre d’édifices anciens ont pu servir de « carrière de pierres » aux époques ultérieures. Il ne manque pas dans les écrits historiographiques d’exemples d’intégration de matière plus ancienne (servant quelques fois à la réécriture de l’histoire). Enfin, on ne connaît pas de littérature qui ne soit faite de remplois (qu’il s’agisse de citations, de plagiats, de réécritures, etc.).

Au cours de cette journée d’étude, nous aimerions réunir des doctorants de domaines différents (archéologues, historiens de l’art, historiens, philologues, littéraires) autour d’une réflexion concernant ces deux pratiques, restauration et remploi, et les produits qu’elles ont pu engendrer jusqu’à nos jours.

Définir les pratiques

Dans la perspective d’ouvrir une discussion méthodologique, nous aimerions poser la question des définitions de ces deux pratiques et des débats qu’elles impliquent. Qu’est-ce que la « restauration » ? Quels sont les enjeux de sa définition ? Quels peuvent en être aujourd’hui les principes ? Doit-on tout restaurer ? Qu’est-ce que le remploi ? Quelle est la valeur symbolique de ce geste ?

Il pourrait être utile de poser également la question de la proximité de ces pratiques qui participent toutes deux d’un regain d’existence offert aux objets auxquels elles s’appliquent : dans quelle mesure remploi et restauration sont-ils liés ? Une restauration est-elle un remploi ? Et, inversement, le remploi pourrait-il être compris comme une "restauration partielle" de l'œuvre ?

Définir les « produits »

Un autre obstacle méthodologique est celui de la définition et du statut des objets issus de ces pratiques. Le résultat de chacun de ces processus est un objet qui présente une certaine complexité. Un vestige du passé soumis à un travail de restauration subit une modification. Quant à la matière (concrète ou textuelle) remployée, elle s’insère dans un nouveau contexte, elle évolue. Comment ces produits ont-ils été perçus dans le passé ? Comment les analyse-t-on aujourd’hui ?

Cerner les enjeux de ces pratiques hier et aujourd’hui

Enfin, nous aimerions proposer une ouverture dans la réflexion sur ces objets, touchant plus particulièrement à l’interprétation des gestes de restauration et de remploi. À quelles fins a-t-on restauré dans le passé ? À quels desseins restaure-t-on aujourd’hui ? Quels ont pu être les enjeux du remploi jadis? Ont-ils servi une idéologie ? Ont-ils répondu à un besoin d’actualisation, de mise à jour ? Ou ont-ils simplement satisfait au nouveau goût contemporain ? Et aujourd’hui ?

Modalités de soumission et contact

La journée d’étude est ouverte à tout doctorant ou jeune docteur, quelle que soit son école ou université de rattachement, désireux de participer à cet événement. Les propositions de communication d’une page maximum sont à envoyer à l’adresse suivante je.doctorants.enc.ephe.2017@gmail.com jusqu’au 15 mars 2017, accompagnée de quelques mots-clés et précisions vous concernant (doctorant/jeune docteur, école/université, laboratoire, sujet de recherche). La réponse du comité scientifique sera notifiée dans le courant du mois d’avril.

[1] Esch Arnold, « Reimpiego dell’Antico nel Medioevo : la prospettiva dell’archeologo, la prospettiva dello storico », dans Ideologie e pratiche nel reimpiego nell’alto Medioevo. Atti della Settimana di studio del Centro italiano di studi sull’altt Medioevo (Spoleto, 16-21 aprile 1998), Spolète, coll. « Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto Medioevo », 46 (1999), 2 vol., t. I., p. 77-78.