L'écriture de soi : une éthique de soi immoraliste (séminaire C. Laurens & I. Galichon (Collège International de Philosophie, Reid Hall, Paris)
Séminaire au Collège International de Philosophie (Paris)
dirigé par Camille Laurens et Isabelle Galichon
"L'écriture de soi : une éthique de soi immoraliste"
Les séances auront lieu au Columbia Global Centers (Reid Hall),
4 rue de Chevreuse, 75006 Paris (Métro Vavin).
"Si depuis deux ans nous avons travaillé sur la dimension éthique des pratiques d’écriture de soi – dans un premier temps, en distinguant l’éthique du politique, puis en analysant la singularité de la résistance qu’elle porte –, il s’agit cette année de poursuivre notre réflexion en interrogeant les tensions entre éthique et morale au sein de ces pratiques.
En effet, l’écriture de soi s’inscrit dans le cadre d’une « économie morale » (Fassin, p. 18) et l’on sait depuis les travaux de Michel Foucault sur les pratiques de soi antiques, qu’elle relève davantage d’une « morale tournée vers l’éthique » que vers le « code » (Foucault, 1994, p. 559). Il est donc légitime de se demander comment la pratique de l’écriture de soi en tant que pratique éthique d’émancipation, peut relever d’une pratique morale qui imposerait le respect d’une norme et induirait la reproduction de modèlesalors même que le travail de soi sur soi implique une déprise, une invention de soi afin de créer de nouveaux « styles de vie », de nouveaux « mondes relationnels » (Foucault, 1994, p. 309).
Dans quelle mesure l’écriture de soi peut-elle alors répondre à un projet moral comme semble l’affirmer Catherine Cusset dans un article intitulé « L’écriture de soi : un projet moraliste » (Cusset, 2007, p. 197) ? C’est le deuxième point de l’étude « Éthique et morale » de Paul Ricœur que nous questionnons ici dans le cadre de l’écriture de soi comme pratique éthique d’émancipation : « la nécessité néanmoins pour la visée éthique depasser par le crible de la norme » (Ricœur, 1999, p. 258).
À partir de la pensée de Pierre Hadot, Arnold Davidson définit la singularité éthique du récit de soi de Primo Levi, Se questo è un uomo, comme émanant d’« un paradigme éthique sans moralisme » (Davidson, 2009, p. 18). Dans la lignée d’une pensée immoraliste nietzschéenne, cette perspective nous semble éclairante afin de travailler la tension entre éthique et morale dans l’écriture de soi, toujours à la lisière de la littérature et de la philosophie.
Mercredi 17 octobre 2018, 18h30-20h30
Généalogie éthique de l’écriture de soi : entre éthique et morale
Vincent Delecroix(Ecole Pratique des Hautes Etudes) Camille Laurens, Isabelle Galichon
Columbia Global Centers – Paris, Salle 316
Programme
Mercredi 7 novembre 2018, 18h30-20h30
S’écrire : avec, contre ou sans l’éthique
Philippe Forest(Université de Nantes), Camille Laurens, Isabelle Galichon
Columbia Global Centers – Paris, Salle 316
Mardi 27 novembre 2018, 18h00-20h00
Sade
Azucena Gonzalez(Universidad de Granada), Camille Laurens, Isabelle Galichon
Columbia Global Centers – Paris, Salle 316
Mercredi 5 décembre 2018, 18h30-20h30
Gide, l’immoraliste face à la norme
Jean-Michel Wittmann(Université de Lorraine), Camille Laurens, Isabelle Galichon
Columbia Global Centers – Paris, Salle 316
Mercredi 19 décembre 2018, 18h30-20h30
Maurice Sachs
Thomas Clerc (Université Paris-Nanterre), Camille Laurens, Isabelle Galichon
Columbia Global Centers – Paris, Salle 316
Mercredi 16 janvier 2018, 18h30-20h30
Bataille
Philippe Sabot (Université de Lille), Camille Laurens, Isabelle Galichon
Columbia Global Centers – Paris, Salle 316
Mercredi 23 janvier 2019, 18h30-20h30
Pasolini
Fabrice Bourlez(École Supérieure des Arts et du Design de Reims), Camille Laurens, Isabelle Galichon
Columbia Global Centers – Paris, Salle 316
Mercredi 30 janvier 2019, 18h30-20h30
Synthèse conclusive des trois ans de séminaire
Dominique Sigaud, Camille Laurens, Isabelle Galichon
Columbia Global Centers – Paris, Salle 316