Colloques en ligne

éditos

Lire les Œuvres de Louise Labé

Lire les <em>Œuvres</em> de Louise Labé

Après un sommaire sur "Les fabliaux en réseau" et un dossier consacré à L'Astrée d'Honoré d'Urfé également destinés aux agrégatifs, les Colloques en ligne de Fabula accueillent les actes de la journée d’étude tenue en décembre dernier à la Sorbonne nouvelle, consacrée aux Œuvres de Louise Labé, au programme de l’agrégation 2024. Les communications rassemblées par Emmanuel Buron viennent ramener les textes de la poétesse sous l’attention de la critique alors que depuis une quinzaine d’années, la querelle historiographique ouverte par Mireille Huchon, qui mettait en doute leur attribution, a placé la question de l’auteur au cœur du débat. Les analyses portent sur la construction de l’autorité problématique d’une poétesse dans l’épître « A M.C.D.B.L. » (E. Rajchenbach ») ; sur le traitement du motif de l’innamoramento (N. Le Cadet) ; sur une éthique de l’amour et sur la manière dont est vécue la passion (A. Godet), principalement dans les poèmes ; sur les références humanistes qui forment l’infrastructure des Œuvres (L. Millon-Hazo) et sur la dynamique de décentrement qui se manifeste aussi bien dans la conception de l’amour que propose l’allégorie du Debat que dans l’expérience amoureuse que mettent en scène les poèmes (E. Buron).

L'Astrée : un roman troublé

<em>L'Astrée</em> : un roman troublé

En 2023-2024, le programme des agrégations de Lettres faisait place, pour la première fois, au célèbre chef-d’œuvre d’Honoré d'Urfé, L’Astrée (1607-1628). Une belle occasion s’offrait pour remettre sur les chemins de la lecture ce roman pastoral qui fut un véritable best-seller en son temps, et d’en mesurer la richesse et l’ambition au-delà de la seule histoire littéraire où il occupe une place déterminante. Le 25 novembre 2023 s’est tenue en Sorbonne une Journée d’étude organisée par Delphine Denis, dont elle a réuni les actes pour les Colloques en ligne de Fabula. Le sommaire qui réunit des approches diverses (politique, morale et philosophie, poétique, rhétorique et stylistique) offre l’image d’un roman complexe, traversé de nombreuses tensions, mais aux propositions profondément cohérentes.

Les fabliaux en réseau

Les fabliaux en réseau

En novembre dernier s’est tenue à l’Université Grenoble Alpes une journée d’études consacrée aux Fabliaux du Moyen Âge, dans l’anthologie de Jean Dufournet inscrite au programme des agrégations de lettres 2024. Rassemblés dans un recueil moderne, détachés de leur contexte codicologique, les fabliaux doivent se lire "en réseau", à travers les séries qu’ils créent, dans les effets de similitude et de contraste qu’ils provoquent. Les contributions rassemblées pour les Colloques en ligne de Fabula par Corinne Denoyelle et Stéphanie Le Briz-Orgeur montrent la richesse de cette approche qui permet de penser les variations des motifs en synchronie voire en diachronie. Des échos se créent alors entre les versions autour de motifs qui se recomposent d’œuvre en œuvre.

"Sauvages d'aucune idée" : la critique au féminin au XIXe siècle

Les femmes critiques ont fait l'objet au XIXe siècle une double réprobation : non seulement elles ont pris la plume, mais elles l’ont fait pour se livrer à une activité souvent décriée, la critique étant volontiers accusée de vénalité, de partialité et d’impuretés diverses. Ces femmes ont été remises à l’honneur et en lumière lors de deux journées d’étude organisées à l’université de Caen Normandie les 21 et 22 octobre 2022 par Julie Anselmini et Lucie Barette, qui ont dressé la liste des préjugés dont elles ont fait l’objet, des accusations qu’elles ont subies, et des stratégies et scénographies qu’elles ont adoptées pour se justifier et pour surmonter les contradictions dans lesquelles on voulait les enfermer. Qui sont ces femmes critiques ? Où écrivent-elles ? Quels commentaires méta-critiques produisent-elles ? Quelles postures critiques construisent-elles, quelles stratégies adoptent-elles ? Comment défendent-elles la légitimité de la pratique littéraire et critique des femmes ? Les Colloques en ligne de Fabula en accueillent les actes dans la nouvelle collection Le fond de l’air

Rappelons au passage le sommaire récemment réuni par Camille Islert et Wendy Prin-Conti sur la Théorie littéraire féminine à la Belle Époque.

Impossibles fictions

Impossibles fictions

Théorie littéraire féminine à la Belle Époque

Théorie littéraire féminine à la Belle Époque

Les femmes écrivains du XIXe siècle semblent s’être peu souciées de querelles d’école, abstenues de déclarations fracassantes, de proclamations théoriques et de manifestes. Qu’en est-il à la toute fin du siècle, dans ce moment de contradiction qu’on nomme "Belle Époque", partagé entre misogynie fin-de-siècle et émergence conjointe de la production littéraire féminine et des mouvements politiques féministes ? Rares sont, en 1900, les femmes qui livrent, à côté de leurs œuvres, un mode d’emploi théorique sous forme d’essai, ou revendiquent publiquement une innovation littéraire. Quelques contre-exemples sont pourtant remarquables, de Marie Krysinska engagée dans la querelle du vers libre, au Manifeste de la femme futuriste de Valentine de Saint-Point. Surtout, absence de texte essayistique n’est pas absence de pensée théorique : en effet, comment considérer les réflexions glissées par Renée Vivien dans Une femme m’apparut, les préfaces et aphorismes de Natalie Barney, les mises en scène métalittéraires qui émaillent les œuvres de Colette, ou bien encore la vision qui structure les critiques littéraires de Rachilde ? Les voies empruntées par les femmes pour théoriser quand même interpellent les capacités de lecture et leurs biais genrés, questionnent les limites entre théorie, fiction, critique, et finalement, interrogent notre rapport aux institutions de la littérature et à la production de ses normes. Les Colloques en ligne de Fabula accueillent les actes revus et augmentés de la journée d’étude organisée à la Sorbonne Nouvelle le 8 février 2020, réunis par Camille Islert et Wendy Prin-Conti.

(Illustr. : La symbolique du théâtre, chromolithographie d’Auguste François-Marie Gorguet pour le Comoedia illustré, 1908)

Être de son siècle (ou pas)

Être de son siècle (ou pas)

Les Colloques en ligne de Fabula accueillent les actes d'une manifestation tenue à l’université Paris Nanterre en décembre 2021. Des acteurs institutionnels venant d’horizons divers (université, classes préparatoires, Inspection générale de l’Éducation nationale, directions de revues scientifiques) ont pu y dialoguer sur les raisons qui président à la constitution d’une histoire littéraire qui associe étroitement un auteur à un siècle, à un mouvement, à une école, rigidifiant ainsi la pensée du fait littéraire et créant les conditions d’une transmission discutable. Les institutions ne sont pas seules en cause et la source de semblables assignations peut se trouver dans l’attitude des auteurs eux‑mêmes, dans leurs réseaux, leurs écrits. Réuni par Mathilde Bernard, Carole Boidin, Flavie Kerautret et Florence Tanniou, ce sommaire Être de son siècle tente donc d’établir des ponts entre les générations d’auteurs mais également de saisir les étapes critiques de l’inscription des auteurs dans l’histoire littéraire, en leur siècle.

(Illustr.: Camille Flammarion, L'Atmosphère : météorologie populaire,  Paris,  1888)