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Sur l'écriture inclusive dans la langue française : normes et mutations sociales

Sur l'écriture inclusive dans la langue française : normes et mutations sociales

COLLOQUE PLURIDSCIPLINAIRE INTERNATIONAL  

Les 10 et 11 juin 2024 à Abidjan

La réflexion que soulève le sujet sur l’écriture inclusive décline une orientation qui réévalue le problème d’une distribution du masculin, du féminin ou d’une neutralité quelconque à l’aune du jeu de guerre des sexes. Cela amène à conjecturer que ces revendications grammaticales, posent, en arrière-plan, des revendications sociobiologiques d’ordre sexuel et identitaire telles que conduites par les différents mouvements de luttes égalitaires émergés depuis la seconde moitié du XXe siècle. Autant le dire, ces revendications tendent à soumettre le genre à une sorte de guerre de sexes articulée autour de trois paradigmes : l’hétérosexualité, l’homosexualité, et la transsexualité. Les débats ont permis de faire prendre conscience que la langue, en tant qu’outil de communication, moyen d’échanges verbaux et véhicule de la pensée, a un rôle déterminant à jouer dans l’égalité femmes / hommes / transgenres. Sa place dans le contexte de la lutte pour l’harmonisation et l’équilibre des rapports sociaux expurgés de toute impartialité, de tout préjugé et de toute discrimination est à déterminer par des études scientifiques fondées sur des approches heuristiques savamment élaborées. C’est pour cette raison que ce colloque invite les spécialistes des sciences du langage, les exégètes des autres sciences sociales et humaines, ainsi que les experts de tous les domaines, intéressés par la question de l’écriture inclusive, à contribuer à la réflexion autour des quatre grands axes suivants :

         Axe 1 : Contexte d’émergence, fondements juridiques, cadre heuristique et épistémologique de l’écriture inclusive

           Il sera question, ici, de jeter un regard diachronique sur l’écriture inclusive, d’en faire le point des contributions scientifiques ou non depuis son émergence dans l’espace francophone, d’exposer sur ses bases juridiques, c’est-à-dire sur les arguments qui fondent ou justifient, sur le plan du droit, son adoption dans les pratiques scripturaires, de déterminer également le cadre heuristique et épistémologique dans lequel l’on peut inscrire les différentes études sur le sujet. 

          Axe 2 : Déclinaisons morphosyntaxiques, implications sémantico-pragmatiques  et domaines d’application de l’écriture inclusive      

               Dans la grammaire française, la pratique d’usage, depuis près de quatre siècles, repose sur l’accord, non pas de proximité (Les garçons et les filles sont heureuses), mais plutôt du masculin générique (Les garçons et les filles sont heureux), en vertu de la règle de la prééminence du masculin (le masculin générique) établie par l’Académie française à la fin du XVIIe siècle sous l’initiative volontariste de certains grammairiens tels que Vaugelas (1585-1650)[1]. En réaction à cette règle, les féministes proposent l’accord de proximité.

               Le point médian (les étudiant.e.s) est l’un des procédés qui attisent le plus la polémique entre « pro » et « anti » écriture inclusive. En effet, le point médian est une convention graphique qui consiste à mettre un point à la fin d’un mot qui désigne un groupe composé d’hommes et de femmes à l’effet de rendre visibles, par la graphie, les deux sexes. Car traditionnellement, les usagers de la langue française utilisent les termes génériques au masculin (les étudiants) pour désigner des substantifs renvoyant à la fois aux hommes et aux femmes. Ce qui pose un problème de visibilité ou d’invisibilité de la femme dans les pratiques scripturaires.

               Les défenseurs de l’écriture inclusive proposent ainsi un ensemble de principes et de procédés (formulations neutres, doublets et alternance, point médian, etc.) qui peuvent permettre de rédiger de manière neutre ou de façon à rendre visibles tous les acteurs sociaux. 

               Cet axe invite, par conséquent, les communicants à réfléchir, d’une part, aux difficultés posées par l’usage de l’écriture inclusive, et d’autre part, aux avantages qu’elle pourrait offrir aux usagers de la langue et à la société. 

           Axe 3 : Écriture inclusive, quête identitaire et positionnement idéologique   

           Les termes « rédaction épicène », « rédaction égalitaire », « rédaction neutre » ou « écriture non sexiste », parfois employés comme synonymes d’« écriture inclusive », laissent entendre que la pratique de l’écriture inclusive s’inscrit dans une logique de quête d’identité, d’affirmation de soi, de revendication du droit d’exister dans la langue.

             Selon Charaudeau (2021), cité par Raus et al. (2022 : 2), « l’intérêt porté à l’écriture inclusive a donné l’occasion de réfléchir sur l’importance des discours et des usages en relation à la création des relations sociales ». Car, 

outre les problèmes de dissymétries lexicales (grammaticale et sémantique) entre les genres masculin et féminin, qui ont été analysés et dénoncés dès les années 1970 par les premières recherches qui s’intéressaient au sexisme socio-discursif, les recherches actuelles incluent la dénonciation de stéréotypes liés à la circulation discursive des mots qui peuvent déboucher sur des préjugés et même justifier des formes de violence (Conseil de l’Europe 2014).  (Raus et al., 2022 : 2)

               En France, par exemple, depuis 2017, les débats les plus enragés ont commencé quand il y a eu la publication d’un manuel scolaire qui a décidé d’utiliser l’écriture inclusive. Certains linguistes y ont vu une politisation, un militantisme effréné et le produit d’une idéologie féministe hystérique qui dévoient la pureté de la langue française. D’autres (pas nécessairement linguistes) pensent que l’écriture inclusive est d’ailleurs exclusive, complexe ; que seule une caste de spécialistes en maîtrisent les règles morphosyntaxiques, qu’elle ne peut être utilisée à l’oral, qu’elle évacue l’étymologie dans l’approche de la langue. 

               Les « pro », au contraire, estiment que l’écriture inclusive est une lutte pour la reconnaissance et la visibilité, dans les pratiques langagières, du droit des femmes et des transgenres. Ils jugent certains contenus de grammaire sexistes : Quand, par exemple, les enseignants disent plusieurs fois à des enfants que « le masculin l’emporte sur le féminin » (le masculin générique), il n’est pas évident qu’ils comprennent tous que cela ne concerne que la grammaire, et non les rapports sociaux entre hommes et femmes. 

            Les intervenants sont, par conséquent, invités à analyser la problématique de l’égalité des genres, du droit des minorités, des valeurs démocratiques, socioculturelles et religieuses sous le prisme de l’écriture inclusive. 

          Axe 4 : L’Écriture inclusive à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle

           À l’heure où les pratiques sociales, les méthodes d’enseignement, les moyens de communication, la diffusion des recherches scientifiques, brefs tous les secteurs d’activités sont, de plus en plus, subordonnés aux outils numériques, on ne peut envisager l’application des principes et procédés de l’écriture inclusive sans s’interroger comment, dans leur usage et mode d’application, ils peuvent être adaptés à ces NTIC. L’observateur de la langue est en droit de se demander comment l’on peut combiner ces différents principes et procédés pour produire un texte inclusif, qu’il s’agisse d’un courriel, d’un SMS, d’un post publicitaire ou de tout autre type de texte qui soit le plus neutre et le moins sexiste possible. 

          Par ailleurs, les défenseurs de l’écriture inclusive (Bartoletti, 2020 ; Raus et al., 2022 ; Marzi, 2021 ; etc.) interpellent les concepteurs d’algorithmes d’intelligence artificielle (IA), dans l’industrie des langues, sur les risques d’accentuation des pratiques sexistes dans le traitement automatique des langues. Si « les réseaux neuronaux, en effet, s’entraîneraient sur des corpus, et donc des discours, déjà biaisés, ils deviennent des dispositifs capables d’alimenter ce qu’Eni Orlandi (1996) appelle la « mémoire métallique » […], et d’enraciner des pratiques discriminatoires ». (Raus et al., 2022 : 2) 

               Il s’agira, dans cet axe, de communiquer sur les modalités d’usage de l’écriture inclusive sur les réseaux sociaux et dans la perspective de l’intelligence artificielle.

            Les propositions de communication, avec 5 mots-clés en français et en anglais (500 mots au maximum), sont reçues à colloquecritureinclusive@gmail.com au plus tard le 15 janvier 2024.

https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=revue&no=875

Contacts :  Cell : (+225) 0707970962 /  (+225) 0708656553 / (+225) 0143876743 /  (+225) 0708178020 

 

INDICATIONS

Titre de la communication :
Nom :
Prénoms :
Filiation (Université, centre de recherche, laboratoire, pays.) :
Département : 
Spécialité :
Courriel :


CHRONOGRAMME

·       Réception des propositions : du 02 novembre 2023 au 15 janvier 2024 ;

·       Date du colloque : 10 – 11 juin 2024 ;

FRAIS DE PARTICIPATION

1) Enseignants-chercheurs, chercheurs, travailleurs et autres : 

· 50 000 F CFA (77 euros) : Inscription, Restauration, Publication ;

2) Doctorants, étudiants :

· 25 000 F CFA (39 euros) : Inscription, Restauration, Publication ;

· 20 000 F CFA (31 euros) : Inscription, Restauration.

NB : La publication dans les Actes est conditionnée par la participation effective au colloque. 

PORTEURS DU PROJET

Dr YAO N’Guessan, Université Félix Houphouët-Boigny (Abidjan - Côte d’Ivoire)

Dr YAO N’Da Kouakou Cyrille De Paul,  Université Félix Houphouët-Boigny (Abidjan -Côte d’Ivoire)

Dr KARAMOKO Mamadou, Université Peleforo Gon Coulibaly (Korhogo - Côte d’Ivoire)