Questions de société

éditos

Le moment post-moderne

Le moment post-moderne

Les respect des p…

Les respect des p…

Pute est sans doute l'insulte la plus proférée à l'encontre des femmes. Si elle renvoie en premier lieu aux travailleuses du sexe, de manière très péjorative, elle est employée contre toutes les femmes, ce qui contribue à assimiler les unes aux autres. Fortes de ce constat, nombreuses sont les femmes qui entendent retourner ce stigmate et revendiquent fièrement être des putes, qu'elles soient travailleuses du sexe ou non. Mais d'où vient ce terme aussi vieux que le français ? Quelle est son histoire et celle des dizaines de mots qui gravitent autour de lui (ribaude, fillette, grande horizontale, cocotte, bitch, grue...) ? Que nous raconte son usage des mœurs, des mentalités, des tabous des différentes époques et des différents milieux sociaux ? Faut-il bannir ce mot et les autres insultes putophobes et misogynes ? Dans Pute. Histoire d'un mot et d'un stigmate (La Découverte), Dominique Lagorgette traque avec minutie les occurrences de pute et de centaines de locutions, plus ou moins fleuries, qui renvoient aux travailleuses du sexe dans les dictionnaires d'argot, les archives criminelles, les textes de fiction, les chansons ou les films.

(Photo. : À la Chapelle, Bovis Marcel, Paris, 1933)

Le cours de l'eau

Le cours de l'eau

À chaque fois que l’eau apparaît dans un article du code civil, elle pose problème : des voisins par exemple s’entredéchirent à cause d’une source, ou l’État ne sait pas bien comment classer les rivières et les fleuves. L’eau est source de complications, de litiges. Fluide, elle déjoue les catégories juridiques et trouble le code, matrice de la propriété privée. Dans Le cours de l'eau (Corti), Grégoire Sourice s'empare du code civil pour lui opposer d’autres logiques, d’autres récits, d’autres manières de nous rapporter à l’eau et aux choses. D’article en article, cette enquête propose une stimulante dérive dans le lexique de la loi, dérive au cours de laquelle on croise des alluvions, des révolutionnaires de 1789, une élégie, des poissons de toute sorte, des personnes décédées dont la vie infuse encore dans des objets. À la fois commentaire, autofiction, poème, enquête, Le cours de l’eau invente une forme elle-même fluide qui s’emploie à prolonger le trouble et dénaturaliser la propriété privative. Fabula vous invite à lire un extrait de l'ouvrage…

Soulèvements (Ça va secouer)

Soulèvements (Ça va secouer)

Sous le titre Premières secousses, les éditions La Fabrique accueillent courageusement le premier volume publié par Les Soulèvements de la terre, qui vient manifester la volonté d’établir un véritable rapport de force en vue d'arracher la terre au ravage industriel et marchand : "Nous nous soulevons pour défendre les terres et leurs usages communs. Contre les méga-bassines, les carrières de sable, les coulées de béton et les spéculateurs fonciers, nous voulons propager les gestes de blocage, d’occupation et de désarmement, pour démanteler les filières toxiques. Nous nous soulevons parce que nous n’attendons rien de ceux qui gouvernent le désastre. Depuis des siècles, du nord au sud, des mouvements populaires se battent pour défendre une idée simple : la terre et l’eau appartiennent à tou·tes, ou peut-être à personne. Les Soulèvements de la terre n’inventent rien ou si peu. Ils renouent avec une conviction dont jamais nous n’aurions dû nous départir". Fabula vous invite à parcourir le sommaire et lire le début de l'ouvrage…

Rappelons la parution au Seuil du volume collectif déjà salué par Fabula : On ne dissout pas un soulèvement. 40 voix pour les Soulèvements de la Terre : loin des procès en "écoterrorisme", ce qui se joue autour des mouvements comme les Soulèvements de la Terre n’est rien d’autre que la bataille de ce siècle.

Silicium

Silicium

Du vide à la demande

Du vide à la demande

Depuis qu’elles sont disponibles "à la demande", sur tous les écrans, les séries ont colonisé nos vies. Accessibles tout le temps et partout, elles remplissent les moindres temps morts et s'invitent dans nos conversations comme elles construisent nos imaginaires. Ce phénomène, qui touche toutes les classes sociales, tous les âges, tous les niveaux culturels et toutes les sensibilités politiques, est indissociable d’une infrastructure numérique qui dégrade nos manières de vivre et de penser : diminution de l’attention et du temps de sommeil, surcharge informationnelle, surexcitation, consumérisme, etc. Parce que les séries sont l’objet et la forme de notre époque, on a prétendu réhabiliter ce genre supposé mineur, le parant de toutes les vertus : instrument d’émancipation politique, refuge de la création esthétique et même outil thérapeutique… L'essai de Bertrand Cochard qui paraît aux éditions de L'Échappée sous le tite Vide à la demande. Critique des séries prend l’exact contrepoint de ces discours et développe une critique radicale des séries. En croisant réflexions sur le temps libre, la fiction, l’imaginaire, l’histoire et l’économie de l’attention, il rend compte des effets délétères de ce « passe-temps » sur nos existences, trop pleines, ou plus exactement vides à craquer.