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Dante en Belgique francophone : de la traduction aux transcréations sémiotiques (Mons & en ligne)

Dante en Belgique francophone : de la traduction aux transcréations sémiotiques (Mons & en ligne)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Laurence Pieropan)

Dante en Belgique francophone : de la traduction aux transcréations sémiotiques

15-17 mai 2024

UMONS (FTI-EII, Service d’études italiennes),

UCLouvain Saint-Louis Bruxelles (Faculté de traduction et interprétation Marie Haps), en collaboration avec

l’Université de Florence (Dép. FORLILPSI), avec la participation du projet DHAF (pôles de Paris, de Rennes et de Grenoble)

Colloque organisé par :

Laurence Pieropan, Laurent Béghin, Fernando Funari

À la faveur des commémorations du 700e anniversaire de la mort de Dante, la Divina Commedia a inspiré des retraductions ou des rééditions de traductions en France (Michel Orcel, Lucienne Portier, Jacqueline Risset, Danièle Robert), mais également en Belgique francophone où les traductions récentes de L'Enfer et du Purgatoire du poète William Cliff s'inscrivent dans un processus traductif historique et pluriel peu exploré jusqu’ici (1).

Dans le contexte du champ traductif et littéraire belge francophone, le texte éminemment existentiel d’un poète condamné à l’exil dès 1302 a pu inciter les traducteurs belges à vouloir transmettre un souffle poétique et une force imaginative aptes à dépeindre une condition humaine confrontée au bannissement et à l’éloignement de la terre natale. En effet, aux yeux des lecteurs contemporains, Dante apparaît sous les traits d’« un moi [mystérieux] à la fois fortement affirmé et en déplacement constant » (Risset, 2010, XL). D’autre part, au-delà du leitmotiv de « Dante, le père de la langue italienne », la créativité langagière a aussi pu attirer ces traducteurs souvent familiers des frontières linguistiques et des subtiles questions de variations diatopiques, de sorte que traduire la Divina Commedia, c’est aussi relever le défi de l’hétérolinguisme, des registres et des néologismes. Par ailleurs, pour les traducteurs qui ont poussé l’incursion jusqu’au versant lyrique, la recherche dantesque d’un « vulgaire illustre » – métaphorisé selon le mythe de « la panthère parfumée » – les a confrontés à la quête d’une langue idéale. Si aux XIX-XXe siècles les traducteurs belges francophones ont effectivement pu réfléchir selon la double perspective linguistique précitée, il semblerait qu’au XXIe siècle la Divina Commedia ait induit une lecture plus attentive, cette fois, à la question des frontières géographiques, soudainement rendue actuelle par les nouveaux phénomènes migratoires.

[1] Au départ d’une recherche amplement menée dans le champ traductif, littéraire et culturel belge francophone, le colloque entend ouvrir la réflexion comparatiste à la Belgique néerlandophone, et aux aires culturelles francophones et italophones.

Problématiques de recherche

1.  Les traductions
S’interroger sur les choix et stratégies de traduction de Cliff conduit à découvrir l’existence d’autres traductions belges francophones – complètes ou partielles – échelonnées du XIXe au XXIe siècle (Chevalier Ernest de Laminne, Robert Vivier, Pierre Poirier, Fernand Desonay), parfois documentées par des archives conservées aux Archives et musée de littérature (AML) ou à l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique (ARLLFB), tandis que certaines traductions attendent encore l’heur d’une édition (Jean-Pierre Pisetta), ou sont en pleine germination (Philippe Toussaint). La problématique portera sur la constellation diachronique et synchronique des traductions (essentiellement de la Divina Commedia) produites en Belgique francophone, avec une attention aussi à l’activité traductive en Belgique néerlandophone, et dans l’espace francophone.

2.  La réception
Au départ de cette pratique traductive intense, un autre matériau et objet d’étude se dévoile, celui de la bibliophilie. Les bibliothèques précieuses ou fonds d’archives de Belgique conservent des exemplaires précieux de la Divina Commedia/Divine Comédie, sans qu'une étude systématique n’ait jamais été entreprise pour dresser une genèse de la réception dantesque via les ouvrages manuscrits ou imprimés. La consultation des catalogues en ligne des bibliothèques de référence laisse toutefois présager un beau chantier de recherche : la KBR (Koninklijke Bibliotheek/Bibliothèque royale), les AML, la bibliothèque Wittockiana à Bruxelles ; le Musée Royal de Mariemont, la Bibliothèque centrale de l’UMONS en Wallonie ; et les bibliothèques universitaires en Flandre. En complément aux traductions examinées, cette présence matérielle devrait aussi permettre de sonder les moments d’éclosion des réflexions traductologiques, comme celles engagées en Belgique francophone par Robert Vivier, Robert O.J. Van Nuffel, André Sempoux, Jean-Pierre Pisetta. Plus largement, c’est l’histoire de la « Lectura Dantis » en Belgique jusqu’à l’élaboration de bases de données numériques qui pourront être interrogées. 

3.  Les transcréations
Par ailleurs, réfléchir à la réception contemporaine de la Divina Commedia (et de l’œuvre dantesque) signifie aussi aller explorer les références, tantôt explicites, tantôt implicites, dont regorge la création littéraire belge. Plus largement, il conviendrait de considérer l’évolution des publics récepteurs de la Divine Comédie (et autres œuvres du poète), un public sociologiquement plus élitiste jusqu’au XXe siècle (lectures, expositions, concerts, cinéma et théâtre), et faisant place au XXIe siècle à une nouvelle génération qui découvre les trois Cantiche via des supports médiatiques aussi variés que les livres audio, les bandes dessinées, les mangas, les jeux vidéo, les jeux de réalité virtuelle, et parfois aussi le web 2. 0. Au vu des résultats des recherches en cours dans d’autres espaces culturels, la question d’un « Dante pop » en Belgique mériterait aussi d’être posée.

Axes de recherche
Dans une perspective comparatiste, et au croisement des univers littéraires et culturels italien, belge francophone, belge néerlandophone et français, le Colloque international « Dante en Belgique francophone : de la traduction aux transcréations sémiotiques » souhaite développer les axes de recherche suivants :

1.  Axe traductologique et exégétique

2. Axe bibliophilique

3. Axe littéraire

4. Axe « transcréations sémiotiques »

5. Axe « Dante pop »

6. Axe didactique et ressources numériques

(Ces axes sont développés dans l'appel joint à l'annonce)

Envoi des propositions 

Les propositions de communication sont attendues sous forme d’abstract (environ 300 mots, avec mention de l’axe de réflexion choisi) dans un fichier word intitulé : « Dante en BE NOM ».

Dans ce même fichier, les propositions seront accompagnées d’une notice bio-bibliographique (environ 150 mots) indiquant les titre, affiliation et domaines de recherche. Les communications peuvent être proposées en français, italien, anglais ou néerlandais. Les collègues souhaitant proposer un atelier de traduction à destination des étudiants de la FTI-EII et de la Faculté de traduction et interprétation Marie Haps prévoiront une activité d’une durée de 1 h 30.

  • Les contributeurs et contributrices pourront communiquer pour le 15 décembre 2023 leur marque d’intérêt pour ce colloque en écrivant à ces 3 adresses : SEI@umons.ac.be, laurent.beghin@uclouvain.be, fernando.funari@unifi.it, avec comme objet du mail : « Intérêt – Colloque Dante en Belgique 2024 ».
  • Les propositions seront envoyées pour le 15 janvier 2024 aux mêmes adresses, avec comme objet du mail : « Proposition – Colloque Dante en Belgique 2024 ».
    Les présentations dureront 20 minutes, et seront suivies de 10 minutes de questions, ou bien elles pourront prendre la forme d’un poster ou d’un atelier de traduction (veuillez indiquer votre choix).

1. Date limite de soumission des abstracts : 15/01/2024

2. Date de remise des avis : 10/02/2024

3. Dates du colloque « Dante en Belgique : de la traduction aux transcréations sémiotiques » : 15-17/05/2024

Comité organisateur

Coordinatrice : Laurence Pieropan (UMONS)

Laurent Béghin (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles)

Fernando Funari (Università di Firenze)

Letizia Imola (UMONS)

Laure Kazmierczak (UMONS) 

Thea Rimini (UMONS)

Nathanaël Stilmant (UMONS)

Comité scientifique

Paola Allegretti (Società Dantesca Italiana, Firenze)

Laurent Béghin (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles)

Federica Coluzzi (University of Warwick)

Béatrice Costa (UMONS)

Loïc De Faria Pires (UMONS)

Filippo Fonio (Université Grenoble-Alpes)

Fernando Funari (Università di Firenze)

Claudio Gigante (Université libre de Bruxelles)

Catherine Gravet (UMONS)

Philippe Guérin (Université Sorbonne Nouvelle, responsable scientifique du projet ANR DHAF) 

Damien Hansen (Université de Liège)

Juan Jiménez Salcedo (UMONS)

Laurence Pieropan (UMONS)

Thea Rimini (UMONS)

Giuliano Rossi (Università di Milano)

Dirk Vanden Berghe (Vrije Universiteit Brussel)

Gudrun Vanderbauwhede (UMONS)

Claudia Zudini (Université de Rennes 2)

Bibliographie sélective
1. Bibliographie primaire (2)
- Cliff
Alighieri (Dante), L’Enfer, traduit de l’italien par William Cliff, Bruxelles, éditions du Hazard, 2013, Édition bilingue toscan-français.

Alighieri (Dante), Le Purgatoire, traduit de l’italien par William Cliff, Bruxelles, éditions du Hazard, 2019, Édition bilingue toscan-français.

- de Laminne
de Laminne (Chevalier Ernest), Dante Alighieri, La Divine Comédie. L’Enfer. Traduction nouvelle accompagnée du texte italien avec une introduction et des notes par Ernest de Laminne, Paris, Perrin et Cie Libraires-Éditeurs, 1913.

de Laminne (Chevalier Ernest), Dante Alighieri, La Divine Comédie. Le Purgatoire. Traduction nouvelle accompagnée du texte italien avec un commentaire et des notes par Ernest de Laminne, Paris, Perrin et Cie Libraires-Éditeurs, 1914.

- Desonay
Desonay (Fernand), « Un essai de traduction de la Divine Comédie », in Marche Romane. Cahiers de l’Association des Romanistes de l'Université de Liège, 15e année, n. 4, t. XV, 4e trimestre 1965, p. 153-157. [contient la traduction du Chant II de l'Enfer]

Desonay (Fernand), « À propos de la traduction de la Divine Comédie », in Marginales. Revue bimestrielle des idées et des lettres, 21e année, n° 105, février 1966, p. 18-22. [contient la traduction du Chant I de l’Enfer]

- Pisetta
Pisetta (Jean-Pierre), « Coup d’œil en enfer », in Équivalences, n° 1-2, 2010, p. 81-105.

- Poirier
Poirier (Pierre), Boccace moraliste de la chair, Bruxelles, Office de Publicité, 1943, coll. « Lebègue ».

Poirier (Pierre), Dante Alighieri. Humain-surhumain, Bruxelles, Office de Publicité, 1945, coll. « Lebègue ».

Poirier (Pierre), Pétrarque par lui-même, Bruxelles, Office de Publicité, 1942, coll. « Lebègue ».

- Vivier
Vivier (Robert), Dante Alighieri, La Divine Comédie, La Vita nuova, traduction, notes et introduction par Robert Vivier, professeur à l’Université de Liège, Bruxelles, Labor, [1941].

Vivier (Robert), Dante Alighieri, La Divine Comédie, La vita nuova, II, traduction, notes et introduction par Robert Vivier, professeur à l’Université de Liège, Bruxelles, Labor, 1959, coll. « Collection nouvelle des classiques » (n° 15).


[2] Mentionnons aussi les récentes traductions parues en France et mieux connues des spécialistes de Dante : Christian Bec (dir., Librairie générale française, 2009), René de Ceccatty (Points, 2017), Michel Orcel (La Dogana, 2021), Lucienne Portier (Cerf, 2021), Jacqueline Risset (Gallimard, 2021), Jacqueline Risset (Flammarion, 2010), Danièle Robert (Actes Sud, 2021), Jean-Charles Vegliante (Gallimard, 2012).

Voir l'appel joint à l'annonce pour : 2. Bibliographie secondaire, 3. Dante dans la littérature belge francophone, Sitographie sélective