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Appel à contribution de la revue Sciences Sociales sur

Appel à contribution de la revue Sciences Sociales sur "À la première personne. Mettre la souffrance en récit(s)"

Publié le par Léo Mesguich (Source : Jadwiga Bodzińska-Bobkowska)

Depuis le « tournant narratif » des années 1980 et le « tournant affectif » des années 1990, les sciences humaines et sociales contemporaines, ainsi que les pratiques scripturales, ont accordé une place croissante aux récits individuels, comme autant de points de vue qui permettent d’enrichir la compréhension des expériences humaines et de la réalité sociale. Longtemps considéré avec méfiance dans une conception positiviste d’un savoir surplombant, le « sujet » gagne une place centrale dans un contexte de remise en question des « métarécits » et de luttes sociales – pour les droits civiques, pour l’autodétermination des peuples, etc. (Grard 2017). Le domaine de la santé n’est pas en marge de ces évolutions : le slogan du mouvement pour le droit des personnes en situation de handicap (« nothing about us without us ») traduit cette volonté de replacer la personne concernée au cœur du discours. Le développement des maladies chroniques, et en particulier du sida (Barbot 2002), favorise l’émergence de formes d’activisme thérapeutique qui s’engagent sur le terrain de la recherche et multiplient les narrations individuelles de l’expérience de la maladie. S’il est aujourd’hui communément admis que l’on peut produire de la connaissance sur le monde médical à partir de « trajectoires de maladies » (Strauss 1992) inscrites dans des « récits de vie » (Bertaux 2010), il est néanmoins toujours indispensable de réfléchir à la façon dont ces narrations sont construites, à ce qu’elles mettent en lumière et laissent dans l’ombre, et aux effets de réel qu’elles produisent. Ce nouveau dossier de la Revue des sciences sociales propose de réfléchir à la façon dont les sciences humaines et sociales participent à la production et à l’analyse de récits individuels susceptibles d’éclairer autrement l’expérience de la maladie et de la souffrance, en dépliant ces trois questionnements complémentaires.

Axe 1 : Mettre en récit

Une première série de réflexions pourra porter sur les modalités de la mise en récit. Les propositions pourront soulever les enjeux méthodologiques, déontologiques qui entourent le recueil et l’écriture de récits individuels autour de la souffrance et de la maladie, que ceux-ci soient produits par des entretiens, par observation, à partir d’archives médicales, d’archives personnelles ou encore à partir d’un témoignage à la première personne (du singulier ou du pluriel). Elles pourront explorer le vaste champ de l’autoanalyse et de l’autoethnographie : autopathographies, illness narratives ou même graphic memoirs (Miller 2014). Au-delà des questions relatives à la tension entre anonymisation et reconnaissance du sujet (Weber 2008), les propositions pourront se pencher sur la figure du narrateur : whose story is it ? Se demande Aneta Pavlenko (2002). Qui parle et pour qui ? Comment les personne(s) concernée(s) sont-elles et peuvent-elles être impliquées dans la construction du récit ? À quelles conditions peut-on se prémunir d’une forme d’objectivation voire d’instrumentalisation – le beau spécimen, le cas éclairant – lorsqu’on tente de transformer en objet de savoir des expériences de détresse (Perreault, Thifault 2016) ? En d’autres termes, comment préserver la dignité et la voix des personnes impliquées tout en rendant compte d’expériences de souffrance et de maladie ? Les propositions pourront également étudier la façon dont les sciences humaines et sociales tentent de faire entendre aussi celles et ceux qui semblent ne « compter pour personne » (Heller-Roazen 2023), comme ces femmes autrices de néonaticides dont les « violences inaudibles » peuvent pourtant, si l’on tend l’oreille, être comprises comme le résultat d’inégalités sociales de santé (Ancian 2022) ou comme ce « Gavroche » dont l’expérience de la drogue, de la prison et de la rue peuvent aussi être lues comme une quête « d’in-dépendance » (Beauchez 2022).

Axe 2 : Dire et (se) taire

Les propositions pourront par ailleurs porter sur ce qui est mis en récit et ce qui est passé sous silence dans les expériences de la souffrance et de la maladie. Les articles pourront ici réfléchir aux conditions de possibilité de ces récits, qui amènent certain·e·s à faire œuvre de témoignage quand d’autres gardent le silence. Il s’agira d’explorer les ressources mais également les circonstances et les époques qui favorisent ou au contraire éteignent les voix singulières. Les articles pourront ici proposer un recul historique (le « mal du siècle » romantique, l’avènement de la psychanalyse, le « trou noir » de la mémoire autour de la Shoah, par exemple) qui permettra de mettre en perspective la nouveauté, la reconfiguration, le renouvellement de la narration individuelle à l’époque contemporaine.

Il s’agira par ailleurs d’étudier ce qui est dit et ce qui est passé sous silence au sein même de ces récits : que dit-on de la maladie ou de la souffrance, que dissimule-t-on par pudeur, honte ou encore par impensé ? Au sujet de l’impensé, la réflexion pourra par exemple porter sur les humanités médicales et en particulier la narrative based medicine qui tentent, notamment par l’élaboration de cas cliniques prenant en compte le contexte socio-culturel, d’étendre le regard clinique vers la prise en compte du « social » encore trop souvent considéré par les professionnels de santé comme une « boîte noire désordonnée et impénétrable » (a messy, impenetrable black box) (Stonington et al. 2018).

Penser la mise en récit c’est également s’interroger sur les formes d’écriture : comment la forme narrative peut-elle se glisser dans les contraintes de l’écriture scientifique, que perd-elle à se fondre dans le moule académique ? Dans quelle mesure la narration littéraire, voire d’autres formes de narration par l’image ou la vidéo, permet-elle de s’affranchir de ces contraintes et d’explorer d’autres formes esthétiques au service d’une compréhension plus sensible du monde, qui entremêle narrativité et esthétique (Good 1998) ?

Axe 3 : Adresser le récit

Enfin, la réflexion pourra porter sur les destinataires : à qui s’adressent les récits et avec quelles ambitions ? Si la démarche s’est largement diffusée tant dans la littérature que dans les sciences humaines et sociales, le choix de mettre en avant un sujet spécifique soulève la question
des intentions de l’auteur·rice : pourquoi isoler une personne particulière dans le flot général des vies, pourquoi situer la narration au niveau de son (ou d’une) expérience singulière ? Les articles pourront ici porter sur les fonctions du récit. La forme narrative individuelle est parfois mobilisée pour faire œuvre de témoignage, à l’instar de Fritz Zorn sur l’expérience du cancer (1976) ou encore de A.R. dans le Manifeste de DingDingDong sur la maladie de Huntingon (Huntington, A.R. 2013). Le récit est parfois mobilisé, seul ou dans une collection de voix singulières additionnées, pour « penser par cas » (Passeron, Revel 2005). Entre hommage et témoignage, recherche de sens, de reconnaissance ou de justice, et production de « savoirs situés » (Haraway 1988), que vise l’écriture de récits individuels ?

D’un point de vue sociopolitique, il pourra s’agir ici de se demander si le resserrement autour des singularités individuelles empêche de poursuivre l’analyse des inégalités structurelles dans le monde de la santé. Comment multiplier les points de vue et sans aboutir à un relativisme généralisé, à des expériences incommensurables ? Peut-on prendre la parole pour ne parler que de soi et comment identifier le « nous » implicite dont l’individu se fait le porte-voix ? Dans quelle mesure le récit individuel permet-il d’accéder à une compréhension plus sensible des expériences sociales, à la façon d’un « filon ce que l’on appelle aussi « une veine » dans une mine − ce filet envoûtant de richesse minérale qui se déplace dans un matériau terreux dense, où il ne se contente pas de mûrir mais s’empare de la planète granuleuse elle-même et en fait un foyer » (Fullwiley, 2022) ? Pour reprendre une distinction conceptuelle proposée par Arthur Kleinman (1988) : dans quelle mesure la perspective subjective de la maladie (illness) permet-elle d’éclairer et d’enrichir aussi les dimensions médicales (disease) et sociales (sickness) ?


Les articles pourront enfin s’interroger sur les effets performatifs du récit de soi : dans quelle mesure le récit de la souffrance et de la maladie peut-il avoir des vertus thérapeutiques ou réparatrices ? Comment concrètement peut-il contribuer à l’émergence de mobilisations collectives dans le champ de la santé, dans le champ de la pensée du care ? Comment, enfin, ces récits participent-ils à revoir – par l’attention accordée aux plus fragiles – le pacte social, selon les principes pour l’humanisme du XXIème siècle définis par Julia Kristeva (2011) ?

Nous invitons les chercheur·e·s en sciences humaines et sociales à soumettre leur proposition d’article – qui pourra consister en la présentation d’un cas ethnographique, d’un récit individuel ou d’une analyse de discours, ou en une réflexion plus méthodologique ou théorique sur la fabrique des récits à la première personne – sous la forme d’un résumé d’une page environ (3 000 signes environ) qui esquissera la structure du texte et détaillera précisément les sources originales (données empiriques, corpus littéraire, archives, etc.) sur lesquelles s’appuiera le propos.

Les résumés des articles proposés sont attendus pour le 12 janvier 2024. Ils doivent être envoyés à l’adresse de la revue, ainsi qu’à celles des coordinatrices du dossier: rss@misha.fr, j.bodzinska@ug.edu.pl et lancelevee@unistra.fr
     
Calendrier prévisionnel :

-  12 janvier 2024 : envoi et sélection des résumés
-  1e juin 2024 : envoi et relecture des articles (40 000 signes environ)
-  Juillet 2025 : publication du numéro

Coordinatrices du dossier

Jadwiga Bodzinska-Bobkowska, Université de Gdańsk, Pologne

Camille Lancelevée, Université de Strasbourg, France

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Since the "narrative turn" of the 1980s and the "affective turn" of the 1990s, contemporary human and social sciences, as well as writing practices, have given increasing prominence to individual narratives seen as enriching viewpoints to better understand human experience and social reality. The "subject", long viewed with suspicion in a positivist conception of knowledge, is taking center stage in a context of weakening "metanarratives" and growing social struggles – for civil rights, for the self-determination of peoples, etc. (Grard 2017). These changes also emerge in the healthcare field: this slogan of the Disability rights movement, "Nothing about us without us", reflects a yearning to place the subject at the heart of the discourse. The rise of chronic illnesses, and in particular AIDS (Barbot 2002), has fostered forms of therapeutic activism that put multiple individual narratives of illness to the fore. While it is now generally accepted that knowledge about the medical world can be drawn from "disease trajectories" (Strauss 1992) embedded in "life stories" (Bertaux 2010), it is nonetheless essential to reflect on how these narratives are constructed, what they bring to light and what they leave in the shadows, as well as on the actual effects they produce. This new issue of the Revue des sciences sociales will explore how human and social sciences contribute to the production and analysis of individual narratives that shed new light on experiences of illness and suffering, by unfolding these three complementary dimensions:

1. Shaping the narrative

A first series of reflections may be centered on the modalities of storytelling. Proposals may raise methodological and ethical concerns surrounding the collection and writing of individual accounts of suffering and illness, whether they were the result of interviews, observation, medical or personal archives, or first-person testimony (singular or plural). The vast field of autoanalysis and autoethnography may be explored: autopathographies, illness narratives or even graphic memoirs (Miller 2014).

Aside from the matter of tensions between anonymization and recognition of the subject (Weber 2008), proposals may address the figure of the narrator: “whose story is it?” asks Aneta Pavlenko (Pavlenko 2002). Who speaks and for whom? What role does the subject play in the building of the narrative? Which conditions may help us avoid forms of objectification and even instrumentalization – beautiful specimens, enlightening cases – while attempting to transform experiences of distress into objects of analysis and knowledge (Perreault and Thifault 2016)? In other words, how can the voices and dignity of individuals be preserved while reporting on experiences of suffering and illness?

Contributions may also examine how human and social sciences seek to give voice to those who seem to "count for no one" (Heller-Roazen 2023), such as women who commit neonaticides and whose "inaudible violence" can, if one listens closely, be understood as the result of social inequalities in health (Ancian 2022), or the "Gavroche"(Beauchez 2022), whose experience of drugs, prison, and life on the streets can also be interpreted as a quest for "in- dependence".

2. Speak or hush

Contributors may reflect on what enables a narrative to take shape, leading some to bear witness while others remain silent. The aim would be to account for the resources and circumstances as well as periods in history that have encouraged or, on the contrary, stifled individual voices. Articles might offer a historical perspective (such as the Romantic era "mal du siècle", the advent of psychoanalysis or testimonies of the Holocaust, for example) to contextualize the novelty, reconfiguration, and renewal of individual narration in the contemporary era.

Contributors can also focus on what is brought into the narrative and what is left unspoken: what is said about the disease or suffering and what is concealed because of decency, shame, or even blindness and ignorance? The reflection may, for example, focus on "medical humanities” and "narrative-based medicine" which seek – through the development of clinical cases taking the socio-cultural context into account – to broaden the clinical perspective to include the “social world”, which is still often viewed by healthcare professionals as a "messy, impenetrable black box" (Stonington et al. 2018).”

Reflecting on the narrative accounting of individual experiences also requires us to look at writing forms: how can storytelling fit the constraints of scientific writing, and what is lost in the adaptation to the academic mold? To what extent can literary or even image or video narration break free from these constraints to explore other ways of serving a more sensitive understanding of the world by interweaving narrativity and aesthetics (Good 1998)?

3. Narrative aim

Last but not least, we would like to consider the purpose and recipients of these narratives. While the choice to focus on a particular individual has been widely adopted in literature as well as in the humanities and social sciences, this approach raises the question of the author's intentions: why isolate a particular person in the general flow of lives, why pin the narrative to their singular experience? An individual narrative is sometimes chosen to bear witness, following the example of Fritz Zorn on the experience of cancer (Zorn 1982) or A.R. in the DingDingDong Manifesto on Huntington's disease (Huntington and A.R. 2013). It is sometimes mobilized, alone or in a collection of added singular voices, to "think by case" (Passeron et al. 2005). Between tribute and testimony, the search for meaning, recognition or justice, and the production of "situated knowledge" (Haraway 1988), what does individual narrative writing aim at?

From a socio-political perspective, we might wonder if focusing on singular viewpoints prevents us from continuing to analyze structural inequalities in the healthcare world. Can we keep relying on a multiplicity of individual narratives without ending up with generalized relativism and incommensurable experiences? Is it possible to speak only about oneself, and how can the implicit "we" the individual speaks for be identified? In what manner do individual narratives provide access to a more sensitive understanding of social experiences? To take up a conceptual distinction proposed by Arthur Kleinman (Kleinman 1988): to what extent does a subjective perspective of illness also illuminate and enrich its medical (disease) and social (sickness) dimensions?

Finally, articles could explore the performative effects of self-narratives: can stories of suffering and illness have therapeutic or restorative virtues? How can they practically contribute to the emergence of collective mobilizations in the healthcare field and in the field of care thinking? Ultimately, how do these narratives participate – by enabling the most vulnerable to be heard – in the re-evaluation of the social contract, in accordance with the principles for 21st- century humanism defined by Julia Kristeva (Kristeva 2011)?

Researchers in the human and social sciences are invited to submit their article proposals, which can present an ethnographic case, an individual narrative, a discourse analysis, or a more methodological or theoretical reflection about the creation of first-person narratives. Please submit a one-page abstract (approximately 3,000 characters) outlining the structure of the text and providing details about the original sources (empirical data, literary corpus, archives, etc.) upon which the article will be based. rss@misha.fr, j.bodzinska@ug.edu.pl et lancelevee@unistra.fr

Calendar:

- November 2023: call for articles
- January 12th, 2024: abstract submission and selection
- June 1st, 2024: article submission and review (approx. 40,000 characters) - July 2025: publication of issue

Coordinators
Jadwiga Bodzinska-Bobkowska, University of Gdańsk, Poland

Camille Lancelevée, University of Strasbourg, France.

 

Bibliographie / References:

Ancian J. (2022), Les violences inaudibles : récits d’infanticides, Paris, Seuil.
Beauchez J. (2022), « Entre épingles et seringues : devenir Gavroche », Ethnologie française, 52, 1, p. 183-198.
Bertaux D. (2010), Le Récit de vie, Paris, Armand Colin.
Fullwiley D. (2022), « Chronique d’un terrain partagé », Revue des sciences sociales, 68, p. 106-115.
Good Byron J. (1998), Comment faire de l’anthropologie médicale ? Médecine, rationalité et vécu, Le Plessis-Robinson, Institut Synthélabo.
Grard J. (2017), « Approche(s) narrative(s) et récit à la première personne. Généalogie et politiques de l’enquête », Vie sociale, 20, 4, p. 85-98.
Haraway D. (1988), « Situated Knowledges: The Science Question in Feminism and the Privilege of Partial Perspective », Feminist Studies, 14, 3, p. 575-599.
Heller-Roazen D. (2023), Compter pour personne, Paris, La Découverte.
Huntington G., A.R. (2013), Manifeste de Dingdingdong, Paris, Ding ding dong éditions. Kleinman A. (1988), The illness narratives: suffering, healing, and the human condition, New York, Basic books.
Kristeva J. (2011), Quelques principes pour l'humanisme du XXIème siècle, http://www.kristeva.fr/assisi2011fr.html.
Miller N. (2014), "The Trauma of Diagnosis: Picturing Cancer in Graphic Memoir", Configurations, 22, 2, p. 207-223.
Nolé L. (2020), "Every Cancer Narrative Is an Act of Life - A conversation with Nancy K. Miller", Other Modernities 24, p. 334-342.
Oberhuber A., Gefen A. (2022), "Souci d’autrui, soin, écriture", Fabula / Les colloques, Présentation, Pour une littérature du care, https://www.fabula.org/colloques/document8305.php.
Passeron J. C., Revel J. (dir.) (2005), Penser par cas, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales.
Pavlenko A. (2002), "Narrative Study: Whose Story Is It, Anyway?", TESOL Quarterly, 36, 2, p. 213-218.
Perreault I., Thifault M. C. (dir.) (2016), Récits inachevés: Réflexions sur les défis de la recherche qualitative, Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa.
Stonington Scott D. et al. (2018), "Case Studies in Social Medicine — Attending to Structural Forces in Clinical Practice", New England Journal of Medicine, 379, 20, p. 1958-1961.
Strauss A. (1992), La trame de la négociation : sociologie qualitative et interactionnisme, Paris, Éditions l’Harmattan.
Weber F. (2008), « Publier des cas ethnographiques : analyse sociologique, réputation et image de soi des enquêtés », Genèses, 1, p. 140-150.
Zorn F. (1976), Mars, Paris, Gallimard.