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Amitiés épistolaires entre écrivains et lecteurs / Epistolary friendships between writers and readers (Mulhouse)

Amitiés épistolaires entre écrivains et lecteurs / Epistolary friendships between writers and readers (Mulhouse)

Publié le par Marc Escola (Source : ILLE)

Amitiés épistolaires entre écrivains et lecteurs

Colloque international 13-14 juin 2024

Depuis plusieurs années, des chercheurs de l’ILLE s’intéressent aux correspondances des écrivains. Leur intérêt a
produit un cycle de colloques, dont celui projeté ici est le quatrième volet. Après avoir exploré les amitiés (2020)1
et inimitiés (2021)2 des écrivains dans leurs correspondances et récemment leurs amitiés politiques (2023),
nous proposons de nous tourner vers les relations des écrivains avec leurs lecteurs.

L’un des objectifs du colloque sera d’établir une typologie des relations d’amitié, au sens le plus large, qui se
forment entre les écrivains et leurs lecteurs : de l’admiration à la vénération, de la bénévolence à la complicité, de
la sympathie au sentiment amoureux… sur un mode réciproque ou non. On explorera en quoi la littérature crée un
besoin de s’adresser, au-delà de la lecture, à la personne qui est à l’origine des émotions ressenties lors de l’acte
de lire. Les lecteurs perçoivent la personnalité de l’auteur à partir de leur propre ressenti. Ce qu’ils trouvent dans
la lecture, les histoires et scénarios racontés, les sujets, les lieux et la musique des styles forment des points de
rencontres avec leur histoire et vécu personnels. C'est souvent une communication directe et forte qui se prolonge
dans la correspondance, lien direct avec l’auteur.

L’étude des correspondances pourra révéler comment l’activité épistolaire infléchit les statuts énonciatifs de la
fiction (auteur/lecteur, auteur/narrateur, destinataire/destinateur). La correspondance s’établit parfois facilement,
parfois avec des hésitations ou des atermoiements, elle peut être très longue et sinueuse et durer toute une vie, ou
pas. Par-delà le statut de chacun, la personnalité du lecteur rencontre celle de l'auteur, qui parfois cache sa personne
derrière son statut d'auteur, en restant distant, ou en décidant de lever partiellement le voile. Dans cet acte, l’auteur,
en se cachant, se dévoile déjà sans le savoir. Dans la correspondance, les deux échangeurs expriment parfois des
émotions, au-delà des considérations littéraires discutées (l’œuvre et ses détails, sa genèse, son contexte, son sens,
etc.).

L’étude des correspondances relève également d’une critique de la réception. Ce lien interpersonnel libre qui
s’établit alors, où le lecteur a choisi et lu un livre et son auteur, apporte de la matière à l’écrivant, pour la suite de
son travail d’inspiration et de composition. Il le renseigne aussi sur la réception et sa capacité à émouvoir, toucher,
transformer ses lecteurs. C’est pour lui, une forme de reconnaissance directe de son activité créatrice. Cette
communication épistolaire a une force inespérée, elle souligne également la liberté d’une relation interpersonnelle
choisie et réversible.

Une autre approche possible est celle de l’archivistique. Les correspondances forment un patrimoine aléatoire.
Mais de plus en plus, dans les archives qui les conservent, on trouve un lot important de lettres de lecteurs qui
constituent des points d’étude intéressants pour la critique. Ces lettres ont une place à part dans le legs des
écrivains, elles peuvent être considérées comme des archives personnelles, des documents ou des critiques sur leur
œuvre, ou des témoignages personnels. Ce patrimoine aléatoire évolue au fil du temps (on met régulièrement au
jour des lettres d’écrivains à des lecteurs, qui vont augmenter des fonds parfois déjà bien garnis).
Le colloque tentera aussi de poser la question centrale du statut de la lettre, et notamment de sa valeur littéraire.
Pour les lecteurs, ce type de lien avec un auteur admiré a parfois été une entrée en littérature, un déclencheur de
talent d’écriture. Pour un écrivain, les correspondances peuvent être une sorte d’exercice épistolaire permettant de
perfectionner et d’entretenir le geste d’écrire. Il puisera des idées nouvelles, ou des impulsions, dans ce vivier.
C’est aussi la teneur des échanges qui s’avère intéressante, en donnant un éclairage parfois nouveau ou différent
sur l’œuvre. Les écrivains peuvent prendre à témoin certains de leurs lecteurs des tâtonnements et des impasses de
leur création. Ils peuvent aussi être destinataires des confidences des lecteurs. Dans certaines correspondances, les
rôles peuvent aussi s’inverser et on ne sait pas qui est le lecteur de qui. Parfois aussi, les uns donnent des conseils
aux autres, et parfois aussi ces lettres peuvent être lues en faisant abstraction du contexte de leur rédaction et le
destinataire y est réduit au rang de faire-valoir, où l’expéditeur pratique un monologue qui s'apparente au journal
intime, un peu comme un journal de bord de l'œuvre littéraire.

Enfin, les correspondances pourront être lues au prisme des études de genre. Il n’est pas rare qu’une relation
personnelle, voire intime, se noue entre l’écrivain, ou l’écrivaine, et ses lecteurs, ou lectrices. On se demandera
quels processus s’engagent selon le sexe ou le genre des épistoliers. Des questions analogues peuvent surgir en
fonction des rapports d’âge, de classe ou de nationalité.

Au-delà de ces suggestions, toute approche est bienvenue qui nourrira une réflexion théorique ou une étude de cas
sur les amitiés épistolaires entre écrivains et lecteurs dans les littératures européennes de la première modernité à
nos jours.

1 Volume paru : Régine Battiston, Nikol Dziub et Augustin Voegele, Amitiés d’écrivains dans leurs
correspondances, EPURE, 2021, XX p.
2 Volume paru récemment : Régine Battiston, Nikol Dziub et Augustin Voegele, Inimitiés d’écrivains dans leurs
correspondances, EPURE, 2022, XX p.

Epistolary friendships between writers and readers 

International Symposium 13-14 June 2024


For several years, ILLE researchers have been interested in writers' correspondence. This is the fourth in a series
of conferences on this topic. After exploring the friendships (2020) and enmities (2021) of writers in their
correspondence, and more recently their political friendships (2023), we propose to turn our attention to the
relationships between writers and their readers.

One of the aims of the symposium will be to distinguish types of friendships, in the broadest sense of the term,
that form between writers and their readers: from admiration to veneration, from benevolence to complicity, from
sympathy to love... whether reciprocal or not. We will explore how literature creates a need to address, beyond
reading, the person who is at the origin of the emotions felt during the act of reading. Readers perceive the author's
personality on the basis of their own feelings. What they find when they read—stories and scenarios, themes,
places and narrative styles—resonates with their personal history and experiences. These types of relationships
may be extended through correspondence, creating an even more direct link with the author.

Studying correspondence will reveal how epistolary exchanges affect the status of all subjects of the enunciation
in fiction (author/reader, author/narrator, addressee/enunciator). Sometimes a letter flows naturally, sometimes the
writer hesitates or procrastinates; correspondence can be very long and winding, lasting a lifetime, or stop
suddenly. The reader's personality meets that of the author, who sometimes hides behind the status of author, by
remaining distant or by deciding to partially lift the veil. By hiding the author is already revealing himself without
knowing it. In the correspondence, the two letter writers sometimes express emotions beyond the literary
considerations discussed (the work and its details, genesis, context, meaning, etc.).

The study of correspondence is also related to reception studies. The free interpersonal link that is established,
where the reader has chosen a book and its author, provides the writer with material for further inspiration and
composition. It also informs the writer about reception and his ability to move, touch and transform his readers.

For the writer, it is a form of direct recognition of his creative activity. This epistolary communication has an
unexpected power, and it also underlines the freedom of a chosen, albeit reversible interpersonal relationship.
Another possible approach is that of archival studies. Correspondence is a random form of heritage, but we
increasingly find letters from readers that provide rich data for critics. These letters have a special place in the
legacy of writers, and can be considered as personal archives, documents, reviews of their work, or personal
testimonies. This random heritage evolves over time (collections of letters from writers to readers are regularly
updated, adding to the sometimes already extensive collections).

The symposium will also attempt to raise the central question of the status of letters, and in particular their literary
value. Correspondence with an author they admire has sometimes triggered readers’ own creative talent. For a
writer, correspondence can be a kind of exercise that helps to perfect and maintain the act of writing. It is also the
content of the exchanges that proves interesting, sometimes shedding new light on the work. Writers can share the
trials and tribulations of writing with their readers. They may also be the recipients of readers' confidences. In
some letters, the roles can also be reversed, and we don't know who is reading whom. Sometimes the recipient is
reduced to the status of a mere figurehead, while the sender engages in a monologue, as in a diary or the logbook
of a literary work.

Finally, correspondence can be read through the prism of gender. It is not uncommon for a personal, even intimate,
relationship to develop between writers and some of their readers, who sometimes become their romantic partners.
We will be asking what processes are involved depending on the sex or gender of the correspondents. Similar
questions may arise in relation to age, social class or nationality.
Beyond these suggestions, any approach is welcome that will fuel a theoretical reflection or a case study on
epistolary friendships between writers and readers in European literature from early modernity to the present day.

Comité d’organisation / Organising Committee:

Régine Battiston (ILLE-UHA)
Maxime Leroy (ILLE-UHA)

Comité scientifique / Scientific Committee :

Régine Battiston (ILLE-UHA)
Sylvie Crinquand (TIL-Univ. De Bourgogne)
Nikol Dziub (ILLE-UHA)
Luc Fraisse (ILLE-Unistra)
Maxime Leroy (ILLE-UHA)
Anne-Marie Millim (Institute of English Studies, University of Luxembourg)
Augustin Voegele (ILLE-UHA).

Langues de travail / Working languages: français, anglais / French, English

Modalité de soumission des propositions : les propositions de communications (1500 à 2000 signes espaces
compris), accompagnées d’une brève bio-bibliographie, sont à envoyer à amities-lecteurs.ille@uha.fr avant le 15
janvier 2024. Réponse au 30 janvier 2024.

Please send abstracts before 15 January 2024 (1,500 to 2,000 characters including spaces) together with a short
bio-bibliography to amities-lecteurs.ille@uha.fr.

Notifications will be sent by 30 January 2024.