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The State of the Nation Novel : La fiction contemporaine française et la critique sociale (Univ. de Warwick, Royaume-Uni)

The State of the Nation Novel : La fiction contemporaine française et la critique sociale (Univ. de Warwick, Royaume-Uni)

Publié le par Marc Escola (Source : Neil Malloy)

« The State of the Nation Novel » 

La fiction contemporaine française et la critique sociale   

 Université de Warwick – le vendredi 31 mai 2024

 Conférences plénières par Martin Crowley (Université de Cambridge) & Timo Obergöker (Université de Chester)

Si l’on n’hésite pas à affirmer que le roman du dix-neuvième siècle tend un miroir à la société dont il est issu, pouvons-nous en dire autant de la fiction en France aujourd’hui ?

Lors de cette journée d’étude, il s’agira d’interroger à quel point et de quelle manière le roman contemporain français représente le tissu social de la France contemporaine, ses formes, ses fractures et ses franges, en portant un regard sur les créations littéraires de la fin des Trente Glorieuses à nos jours. Si, comme le déclarait Margaret Thatcher, « la société n’existe pas », quel sens peut-on désormais attribuer à ce terme ? Comment comprendre l’injonction rabâchée de « faire société » ? Et quelles perspectives la fiction littéraire peut-elle nous offrir pour mieux comprendre l’état actuel de la nation ?

Cette journée d’étude invite donc une réflexion sur comment le roman contemporain aborde le libéralisme galopant qui tend à dominer la scène socio-économique en France ; la géographie sociale d’un pays écartelé entre des centres et des périphéries ; la marginalisation, l’exclusion et l’invisibilité de diverses couches de la population en raison de leur âge, ethnie, origine, genre, orientation sexuelle, etc. ; la pertinence de la notion de « classe sociale » dans un contexte post-industriel ; le legs du colonialisme et son influence durable sur la constitution des communautés ; les rapports de la France avec la mondialisation ; les concepts d’identité nationale, de séparatisme et d’universalisme ; les formes que prennent la manifestation, le refus et la contestation, dont le mécontentement civique venu s’exprimer dans la rue au cours des dernières années, aussi bien que les discours annonciateurs d’une guerre civile.

La journée d’étude sera l’occasion d’examiner les enjeux esthétiques indissolublement liés à ces phénomènes socio-politiques. Ainsi, elle pourrait aborder :

  •  Les similitudes et les différences des représentations de la société dans le roman de la fin du XXe et du début du XXIe siècles par rapport à ses précurseurs littéraires du XIXe siècle.
  •  Les spécificités du travail romanesque par rapport à d’autres pratiques visuelles et textuelles qui ont pour objet de rendre compte de la société, dont l’ethnographie, le journalisme d’investigation, la photographie, le cinéma et la télévision. 
  •  L’apport critique de concepts tels que les « littératures de terrain » (Dominique Viart) et la « littérature d’enquête » (Laurent Demanze).
  •  Le choix de l’autofiction (ou son refus) lorsqu’il s’agit de porter un discours sur la société lequel s’étend au-delà de l’individu. 
  •  La possibilité de la fiction de tenir un discours moral sur le monde qu’il décrit, lorsque ce dernier est de plus en plus atomisé, empreint d’individualisme et de relativisme culturel.
  •  Le rôle du roman dans un contexte culturel où la pratique de la lecture des textes littéraires deviendrait de plus en plus rare.
  •  La médiatisation du roman et l’influence de cette médiatisation sur sa portée socio-politique.

 Parmi les œuvres qu’on pourrait examiner, l’on comptera : Annie Ernaux (Les Années), Michel Houellebecq (Soumission), Alice Zeniter (L’Art de perdre), Nicolas Mathieu (Leurs enfants après eux), Virginie Despentes (Vernon Subutex), Marie Ndiaye (La Cheffe, roman d’une cuisinière), Julia Deck (Monument national), Marie-Hélène Lafon (Les Pays), David Lopez (Fief), François Bégaudeau (En guerre), Nathalie Quintane (Un œil en moins), Olivier Adam (Les Lisières), François Bon (Paysage fer)…

La journée d’étude a pour objet ultime de théoriser, de problématiser et de critiquer l’hypothèse d’un « Condition-of-France Novel », en définissant les caractéristiques et les limites d’une telle forme, et en interrogeant la pertinence et les traductions possibles de cette appellation, très répandue dans la critique littéraire portant sur le roman de langue anglaise.

 Le journée d’étude se tiendra sur le campus de l’université de Warwick (Royaume-Uni) le vendredi 31 mai 2024.

Des propositions de communication de 15 minutes (en français ou en anglais) sont les bienvenues. Merci d’envoyer un court résumé de votre communication (300 mots maximum) ainsi que votre nom et votre rattachement institutionnel à l’adresse mail suivante : stateofthenationnovel@gmail.com avant le 25 janvier 2024.

Neil Malloy, School of Modern Languages and Cultures, University of Warwick