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Beaumarchais et la culture aristocratique. Réseaux et pratiques épistolaires

Beaumarchais et la culture aristocratique. Réseaux et pratiques épistolaires

Publié le par Marc Escola (Source : Linda Gil)

Beaumarchais et la culture aristocratique

Réseaux et pratiques épistolaires

Journée d’étude

organisée par l’Institut de recherche sur la Renaissance, l’âge Classique et les Lumières (IRCL, UMR 5186 du CNRS, Université Paul-Valéry Montpellier)

et le Centre d’Étude de la Langue et des Littératures Françaises, (CELLF, UMR 8599 du CNRS, Sorbonne Université)

Samedi 4 mai 2024

Hôtel de Noailles - 11 rue d'Alsace 

78100 Saint-Germain-en-Laye

Appel à communications

Dans le cadre de l’Inventaire de la correspondance de Beaumarchais, une étude de son carnet d’adresses s’impose pour esquisser une cartographie de ses réseaux et réfléchir au positionnement social que l’auteur du Mariage de Figaro adopte, entre la Cour et la Ville, entre l’Ancien Régime et la société révolutionnaire. L’« homme sans qualités » devenu « transfuge de classe » est une figure constamment en mouvement, naviguant sans cesse d’un milieu à un autre et conjuguant un réseau relationnel qui tient à toutes les strates sociales : c’est avec la même aisance et parfois la même familiarité qu’il s’adresse à l’épouse d’un ouvrier de son atelier d’imprimerie et à un ministre influent, à un courtier en assurances et à un monarque puissant.

Issu d’une famille d’artisans parisiens aisés et cultivés, Beaumarchais fait très tôt son entrée à la Cour, où il acquiert les manières et les codes de l’aristocratie, affine ses goûts et ses connaissances. Irrésistiblement attiré par les élites de son temps, désireux de jouer un rôle politique auquel sa naissance ne le destine assurément pas, Beaumarchais recourt à des stratégies d’ascension sociale qui passent notamment par l’acquisition de charges anoblissantes et par l’imitation d’un mode de vie aristocratique et fastueux, dont on lui fera volontiers reproche. Dans le même temps, il s’efforce de faire reconnaître ses droits en toute circonstance, quitte à dénoncer l’imposture de certains grands-maîtres récemment anoblis ou celle d’aristocrates aux titres falsifiés, méditant, en enfant des Lumières qu’il est, sur la place des individus dans la société. À ses yeux, la naissance ne saurait définir à elle seule l’appartenance aux classes dirigeantes : les privilèges se méritent et les abus doivent être dénoncés. 

Lié à plusieurs grandes familles aristocratiques dès sa naissance, Beaumarchais cultive tout au long de sa vie des relations plus ou moins étroites avec d’illustres représentants des noblesses française et européenne (les Noailles, en premier lieu, mais aussi, dans l’entourage du roi, la famille de Choiseul, le prince de Conti, le duc de La Vallière, la comtesse de Tessé, la duchesse de Mailly…), des aristocrates étrangers (le duc de Nivernois, Lord Rochford, le duc de Villahermosa, Lord Stormont ou Grimaldi…), des hommes d’État (Vergennes, Choiseul, d’Argenson…), ou de petits nobles de Cour (Ferdinand Dubois de Fosseux, écuyer). Ces relations, dont on a le plus souvent gardé une trace épistolaire, alimentent parfois les chroniques scandaleuses : c’est le cas de ses rapports avec le vieux ministre Maurepas, qui font jaser, ou de son différend avec le marquis de La Rochefoucauld, qui l’humilie publiquement. 

Des études ponctuelles ont été consacrées aux liens qui unissent Beaumarchais à telle ou telle figure (ses rapports avec le clan Choiseul par exemple ont été étudiés par Jacques Seebacher). Il importe à présent de dresser un bilan des relations que le dramaturge entretient avec les élites nobiliaires de son temps, de déterminer les sociabilités que celles-ci engagent, tout en s’interrogeant sur le modèle, non dénué d’ambiguïtés, que représente à ses yeux la culture et le mode de vie aristocratiques. 

Cette journée d’étude accueillera des communications fondées sur des méthodologies plurielles : études prosopographiques, histoire sociale, culturelle, linguistique ou artistique. Les échanges épistolaires de Beaumarchais seront privilégiés afin de reconstituer la dynamique de ses relations et d’explorer les réseaux de sociabilité que le dramaturge sait fort bien utiliser pour sa carrière littéraire et politique. Au reste, plusieurs correspondants nobles (ou personnages cités dans la correspondance) restent encore à identifier. 

Comment Beaumarchais mobilise-t-il ces réseaux ? à quelles fins ? selon quelles stratégies ? Quelle place les femmes occupent-elles dans  ces échanges ? quels sont les heurs et malheurs de ses relations avec les noblesses française et européenne ? Quelle(s) posture(s) adopte-t-il à leur égard ? Quel est le statut de la culture aristocratique dans ses lettres ? Ces pistes ne valent qu’à titre de suggestions et n’épuisent pas la thématique proposée. Les études de cas ainsi que des études synthétiques seront les bienvenues.

Sous les auspices d’Alban et Maud de Beaulaincourt et de l'équipe de La Nouvelle Athènes et du Fonds Brissard, la journée sera agrémentée d’une visite de l’hôtel de Noailles et d’un concert sur un piano-forte ayant appartenu à Eugénie Delarue, née Beaumarchais, qui sera inauguré après sa restauration. Un déjeuner-buffet sera servi sur place.

Comité scientifique :

Linda Gil (IRCL, Université Paul-Valéry Montpellier), Gilles Montègre (LUHCIE, Université de Grenoble-Alpes), Stéphane Pujol (PLH, Université Jean-Jaurès, Toulouse), Virginie Yvernault (CELLF, Sorbonne Université).

Merci d’adresser vos propositions (un titre et une dizaine de lignes) à Linda Gil et Virginie Yvernault avant le 15 février 2024 : linda.gil@univ-montp3.fr et virginie.yvernault@sorbonne-universite.fr

Les actes de ces journées seront publiés dans la revue en ligne Global18.org et sur le carnet de recherches du projet @rchibeau.