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La pièce et la plume. La monnaie dans la littérature (Orléans)

La pièce et la plume. La monnaie dans la littérature (Orléans)

Publié le par Marc Escola (Source : Aude Déruelle)

La pièce et la plume. La monnaie dans la littérature

Orléans, 9-10 décembre 2024

Colloque organisé par l’Axe Monnaie, économie, finance de la Maison des Sciences de l’Homme Val de Loire, avec le soutien de l’Université d’Orléans et des laboratoires IRAMAT et POLEN

Est-ce donc une monnaie que votre amour pour qu'il puisse passer ainsi de main en main jusqu'à la mort ? Non, ce n'est pas même une monnaie ; car la plus mince pièce d'or 
vaut mieux que vous, et dans quelques mains qu'elle passe, elle garde son effigie.

Musset, On ne badine pas avec l’amour, II, 5 (1834).

Depuis l’Antiquité, la monnaie a été utilisée dans de nombreux contextes historiques et culturels pour des transactions, le versement de salaires, le règlement d’impôts ou des offrandes. Les monnaies sont l’objet d’enjeux divers selon leur valeur et peuvent être échangées, données, cachées, perdues, thésaurisées, volées. La notion de confiance, dans l’objet monétaire lui-même et dans le pouvoir qui en a assuré l’émission, apparaît fondamentale. Bien que la place de la monnaie dans les échanges économiques et les transactions de différentes natures soit actuellement en déclin, son étude demeure cruciale pour comprendre l’organisation des sociétés, les rapports entre les individus et leurs systèmes de pensées.

La monnaie est ici envisagée sous sa forme matérielle. Aussi fera-t-on une distinction entre la monnaie et l’argent, en ceci qu’elle en constitue un sous-ensemble, une incarnation concrète avec laquelle les utilisateurs nouent, en plus de sa fonction économique, des rapports sensoriels par la vue, l’ouïe ou le toucher. Les questions relatives aux formes non matérielles de l’argent ne seront donc pas prises en compte dans ce colloque, qu’il s’agisse du crédit ou de la dette, de la comptabilité ou de systèmes économiques : on s’intéressera à la monnaie métallique, sans exclure toutefois les aventures de la monnaie-papier, au nombre desquelles figure la fameuse faillite de Law. Dans cette optique, on pourra également prendre en compte les lettres de change ou billets à ordre, qui ont longtemps servi de monnaie-papier de substitution.

L’étude de la monnaie dans la littérature a d’abord un intérêt documentaire proprement interdisciplinaire (historique, anthropologique, économique, etc.) : la représentation littéraire de la monnaie, en mettant en scène ses pratiques de fabrication, d’utilisation et de conservation, illustre la vie économique et sociale des individus, leurs rapports aux institutions et à l’État, le manque ou l’abondance, la pauvreté et la richesse... La présence de la monnaie dans les textes littéraires, quels que soient leurs supports (sources manuscrites, imprimées, épigraphiques, voire numismatiques), nous renseigne sur les pratiques des utilisateurs, depuis l’Antiquité grecque jusqu’à la période contemporaine, dans des contextes géographiques, économiques et sociaux extrêmement divers. Ces indications nous permettent d’appréhender les rapports qu’entretiennent les individus avec la monnaie, des plus rationnels aux plus irrationnels, leurs croyances, leurs émotions jusque dans une dimension sensorielle – qu’il s’agisse de l’éclat de l’or ou du son émis par les pièces de métal qui s’entrechoquent. 

Les propriétés intrinsèques à la monnaie métallique en font également un thème de choix pour la littérature. La monnaie est tout d’abord sollicitée pour ses aspects visuels et sonores, concrets et matériels. La pièce de monnaie est touchée, admirée, perdue, cherchée, échangée, thésaurisée, cédée à regret, repoussée, que ce soit au théâtre, où elle est un objet scénique récurrent, ou dans les autres genres littéraires : on la manipule, on en parle et on lui parle. À travers ces manifestations concrètes, la monnaie devient le support d’un discours sur l’argent et ses usages : satire comique du vice de l’avarice, scènes dramatiques de tentation et de corruption… Elle incarne la condamnation de la société capitaliste où « la pièce de cent sous est tapie dans toutes les consciences » (Balzac, Le Cousin Pons, 1847), elle est jetée en l’air pour décider du destin d’un protagoniste (Dostoïevski, L’idiot, 1868-1869), et l’on se débarrasse de « la fausse monnaie » dans une aumône au pauvre (Baudelaire, « La fausse monnaie », 1869), autant de représentations littéraires de la monnaie qui engagent une vision de l’homme en société. À ces perspectives classiques s’ajoutent des interrogations contemporaines sur les « marquages sociaux » de la monnaie, les différents types de monnaie étant utilisés selon leurs fonctions et usages, ou encore sur les usages sexués de la monnaie, qu’il conviendrait de confronter à l’épreuve des textes littéraires.

Notre ambition est ici de créer les conditions de dialogues interdisciplinaires en étudiant la place de la monnaie dans les sources littéraires à la fois au moyen d’une approche « documentaire », de type historique ou sociologique, et au moyen d’une approche « littéraire » exploitant les enjeux spécifiques de la monnaie dans la littérature.

Cet appel à communications s’adresse à des spécialistes de différentes champs de recherche, de la littérature à l’histoire, en passant par l’économie, la sociologie, la philosophie ou le droit, dont les sources et les approches sont complémentaires les unes des autres, de l’Antiquité à nos jours. Les sources littéraires s’entendent en langue française ou étrangère – les langues anciennes étant incluses dans cette dernière catégorie.

Les propositions de communications (titre et résumé de 300 mots maximum) sont à envoyer avant le 30 juin 2024 à l’adresse suivante : pieceplume2024@gmail.com

Les notifications d’acceptation seront envoyées avant le 1er septembre 2024.

Le colloque fera l’objet d’une publication. La présentation d’une communication tient lieu d’engagement à remettre un texte aux organisateurs avant le 30 juin 2025 en vue de la publication.

Comité d’organisation : Guillaume Sarah (MSH Val de Loire et IRAMAT), Aude Déruelle (Université d’Orléans, POLEN), Gabriele Vickermann-Ribémont (Université d’Orléans, POLEN) et Arnaud Suspène (Université d’Orléans, IRAMAT).

Comité scientifique : Marc Bompaire (IRAMAT et EPHE), Aude Déruelle (Université d’Orléans, POLEN), Alexandre Péraud (Université Bordeaux-Montaigne), Gabriele Vickermann-Ribémont (Université d’Orléans, POLEN), Guillaume Sarah (MSH Val de Loire et IRAMAT) et Arnaud Suspène (Université d’Orléans, IRAMAT).