Colloques en ligne

Les fins intermédiaires. Sommaire raisonné

Actes des colloques de Paris et Lausanne, juin et novembre 2018.

En hommage à Jean-Paul Sermain

Textes réunis par M. Escola, N. Kremer, F. Rosset

1Fins provisoires, fins suspendues, fins corrigées, fins cachées, fins rivales, fins anticipées, fins redoublées, fins contredites, fins éprouvées, fins figurées, les fins intermédiaires se présentent sous de multiples visages dans les fictions des XVIIe et XVIIIe siècles, comme au-delà et dans les récits non fictionnels. Aussi les études ici offertes sont-elles extrêmement variées. Les démarches changent en fonction des corpus retenus, mais aussi du niveau où le regard s’est fixé pour repérer une fin intermédiaire. Dans cet ensemble composite, nous avons cru pouvoir mettre en valeur cinq démarches principales, adaptées à une classe d’œuvres ou à une seule (parfois un petit échantillon) et à la façon dont se réalise le phénomène. Ces cinq aspects ne sauraient servir à répartir les œuvres romanesques en cinq catégories, puisqu’ils se combinent le plus souvent au sein d’une même œuvre, mais leur distinction répond à ce que l’écrivain choisit de mettre en avant ou d’exploiter, selon l’ordre de son propos, littéraire, moral, psychologique, politique, historique, et elle nous indique par quelles voies passer pour l’examiner.

2On a ainsi retenu en premier lieu une approche poétique qui entend cartographier et analyser les ressources que fournit à l’écrivain la fin intermédiaire au sein de son texte. Nous avons ensuite repéré trois modes de réalisation du phénomène, selon qu’il intéresse les personnages, l’histoire ou l’œuvre. En premier lieu, la fin intermédiaire prise en charge par le héros fait l’objet d’une expérience vécue, d’un essai, qui est comme une figure de ce que le roman devient ou pourrait faire ; en second lieu, quand elle concerne la composition de l’histoire, et principalement son armature dramatique, l’organisation de l’intrigue, elle ménage une saisie esthétique du tout et donne les termes d’une enquête morale, psychologique, sociale ; en troisième lieu, elle peut intéresser la constitution de l’œuvre, ses limites, ses reprises, ses enchaînements, son cadre, son titre, son identification, elle participe de son histoire et en porte la marque, elle aide à saisir sa visée littéraire.

3Les fins intermédiaires apparaissent par conséquent comme des marques des intentions des auteurs, de leurs détours, de leurs repentirs, de leurs hésitations ou de leurs ruses ; elles constituent en regard des repères pour le lecteur et elles font appel à sa participation, seule à même d’en développer les significations multiples et souvent contradictoires. Les études ici offertes mettent l’œuvre en mouvement, elles en dégagent les forces productives, elles en restituent les moments successifs et la dynamique qui les porte et les transforme. Elles entrent dans la vie des textes et offrent en partage le mouvement de la création.

     

Sommaire

4  

Nathalie Kremer
Les fins intermédiaires dans le roman du XVIIIe siècle. Pour Jean-Paul Sermain
                        

Jean-Paul Sermain
Les fins intermédiaires, paradoxe, interprétation, mémoire, dialogue

5  

1. Approches poétiques

6  

Jan Herman
« Que cache un discours commencé tant de fois, interrompu toujours ? » Du récit comme cornucopia  
   
Adrienne Petit
Amours sans suite(s). Logiques sérielle, métaleptique et transfictionnelle dans les romans sentimentaux de l’âge baroque
      
Catherine Ramond
Fins intermédiaires ou fin unique : la double tentation des romans épistolaires au xviiie siècle

2. Expériences et figures de la fin

Hélène Merlin Kajman
Enchaînements, suspensions et « aire intermédiaire d’expérience » dans Le Roman comique de Scarron                        

Paul Pelckmans
De l’inoculation de l’amour à l’horrible tentation : les trois suicides de Saint-Preux                

François Rosset
Au commencement était la fin : romans de rêves au temps des métafictions                          
                     
Antonia Zagamé
Quand les lecteurs ont le mot de la fin. Rousseau et la lectrice qui voulait faire (re)vivre Julie.

7  

3. Une dynamique de la composition

8  

Christelle Bahier Porte
« La manière la plus délicate de composer des Aventures ». Les Aventures de *** ou les Effets surprenants de la sympathie de Marivaux        
       
Michèle Bokobza Kahan
L’inachèvement dans les romans d’émigration féminins         
         
Nathalie Kremer
La fin infinie. Stratégies de durée narrative dans Les Mille et Une Nuits             
               
Justine de Reyniès
Narrer dans une «horrible attente»: Vathek et ses épisodes
         
Christophe Martin
Dénouement et “fins intermédiaires” dans les Lettres persanes, Les Égarements du cœur et de l’esprit, et Julie ou La Nouvelle Héloïse
                 
Jean Sgard
Les épilogues de Prévost
   

Marc Escola
Lignes de suite. Deux ou trois conseils pour amender Manon Lescaut

9  

4. L’œuvre en mouvement

10  

Joëlle Gleize
Comment ne pas finir ? Balzac et les fins intermédiaires
                

Hans-Jürgen Lüsebrink
Le Compère Mathieu de Henri-Joseph Dulaurens: intrigues discontinues et péripéties paradoxales d’un roman philosophique subversif
             
Jean Mainil
« Le Bel au Bois dormant », ou : Des implications de fins intermédiaires
              

Aurelio Principato
Les trois fins provisoires du Doyen de Killerine

11  

5. Les pratiques des genres non fictionnels

12  

Marc Hersant
Les fins intermédiaires dans les récits à épisodes des Mémoires de Saint-Simon : l’exemple de l’affaire du quiétisme
     

Audrey Mirlo
L’accumulation des fins intermédiaires dans les journaux de Marivaux
   

Pierre-Emmanuel Moog
Les Mémoires de Perrault, ou la sagesse rétrospective
     
Lucia Omacini
« Je m’arrête à […] l’envahissement total de la France par les armées étrangères, et c’est là que je finis mes considérations historiques. » (Madame de Staël)    
  
Jennifer Ruimi
Ne pas en finir : les Mémoires de Mlle Clairon

13