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“Poétiques de l'insaisissable”. Séminaire CEREC-Modernités 2023-2024 (Bordeaux)

“Poétiques de l'insaisissable”. Séminaire CEREC-Modernités 2023-2024 (Bordeaux)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Eric BENOIT)

“Poétiques de l'insaisissable”. Séminaire CEREC-Modernités 2023-2024 (UR24142 "Plurielles")


Les mercredis à 15H30. Université Bordeaux Montaigne, salle H117

Séance(s) :
Le mercredi 22 novembre 2023 de 15:30 à 17:30 :  Eric Benoit et Florence Boulerie, Introduction 
Le mercredi 29 novembre 2023 de 15:30 à 17:30 :  Eric Benoit: "Les délices de Tantale. Poétiques de l'insaisissable dans la modernité littéraire" 
Le mercredi 6 décembre 2023 de 15:30 à 17:30 :  Florence Boulerie, "Penser l’insaisissable aux siècles classiques" 
Le mercredi 13 décembre 2023 de 15:30 à 17:30 :  Eric Benoit, Suite du 29 nov. 
Le mercredi 17 janvier 2024 de 15:30 à 17:30 :  Clément Duyck," L’écriture de l’insaisissable dans la mystique française du XVIIe siècle" 
Le mercredi 24 janvier 2024 de 15:30 à 17:30 :  Emmanuelle Sempère, "Fantômes des Lumières : la perception fantômale" 
Le mercredi 31 janvier 2024 de 15:30 à 17:30 :  Aurélia Gaillard, "Le roroco, art de l’insaisissable" 
Le mercredi 7 février 2024 de 15:30 à 17:30 :  Françoise Poulet, "« Un je ne sais quoi de civil et de poli » : l’insaisissable lexique de la civilité au XVIIe siècle" 
Le mercredi 14 février 2024 de 15:30 à 17:30 :  Basile Pallas, "Photographier au XIXe siècle, le fantasme d'un « regard-toucher »" 
Le mercredi 6 mars 2024 de 15:30 à 17:30 :  Jean-Michel Gouvard, "Samuel Beckett, ou les mots pour ne pas le dire" 
Le mercredi 13 mars 2024 de 15:30 à 17:30 :  Eric Dazzan, "Poétique du regard et évanescence du désir chez Gustave Roud et Sandro Penna" 
Le mercredi 20 mars 2024 de 15:30 à 17:30 :  Anna Levy et Heiata Julienne-Ista," La littérature performée : une forme éphémère et insaisissable ?" 
Le mercredi 27 mars 2024 de 15:30 à 17:30 :  Joëlle de Sermet, "La littérature, l’insaisissable et l’incertain" 
Du jeudi 4 avril 2024 à 09:00 au vendredi 5 avril 2024 à 17:30 :  COLLOQUE terminal du Séminaire 

      « Insaisissable » apparaît dans la langue française de la toute fin du XVIIIe siècle et fait son chemin dans la littérature au cours des XIXe et XXe siècles, tant il est vrai que l’artiste moderne se trouve sans cesse confronté à ce qui se dérobe, échappant à ses sens comme à son entendement. L’insaisissable serait-il une de ces notions aux multiples implications esthétiques permettant de fonder la modernité par opposition à ce qui l’a précédée ? Faut-il entendre les mots de Boileau, « Tout ce qui se conçoit bien s’énonce clairement », comme le principe de l’écriture des XVIIe et XVIIIe siècle, ne laissant pas de place aux idées informelles, inabouties, mouvantes, aux sentiments flottants et aux émotions fugitives ?  Peut-on opposer une esthétique classique pour laquelle le langage serait le moyen d’une saisie du réel à une littérature moderne qui se serait mise en quête de l’insaisissable ? Ce qui échappe à la prise du concept (qui est le domaine du discours philosophique), ce qui tend à l’impensé voire à l’impensable, trouve-t-il dans le discours littéraire moderne un moyen privilégié sinon d’expression du moins de tentative inépuisable de manifestation ? 

  […]

       « La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable », disait Baudelaire. L’écriture de certains textes des XIXe et XXe siècles est exemplairement à la poursuite de l’insaisissable, depuis la fin de La Peau de chagrin de Balzac (« comme un mot vainement cherché qui court dans la mémoire sans se laisser saisir »), jusqu’au Nom sur le bout de la langue de Pascal Quignard, en passant par Nerval (la thématique de l’évanescence dans Aurélia), Verlaine (passim), Mallarmé (son ontologie négative où l’Idée se dérobe toujours), Proust (les tentatives de saisir l’insaisissable des réminiscences), Supervielle (en quête de rejoindre les traces des morts), Bataille (ses considérations sur le Tao insaisissable, et sur la réversibilité du sens et du non-sens), Beckett (le poème « Comment dire ? »), les « tropismes » de Nathalie Sarraute, ou encore l’esthétique de Michaux (Face à ce qui se dérobe), celle de Ponge (Le Savon), et celle de Jaccottet (« l’effacement soit ma façon de resplendir »), sans oublier la part que la critique littéraire a pu faire à l’insaisissable (notamment chez Jean-Pierre Richard, Blanchot, Barthes). 

      Cette notion de l’insaisissable n’a plus guère été revisitée depuis Vladimir Jankélévitch (Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien). Elle mérite donc une nouvelle approche esthétique et spécifiquement littéraire. C’est un sujet apparemment plutôt thématique, mais qui engage en fait des enjeux formels et entraîne une discussion sur la définition de la modernité. 

Plan des interventions d'Eric Benoit. Onze approches de l'insaisissable: 1- Lexicologique. 2- Mythologique. 3- Érotique, onirique. 4- Mystique (apophatique). 5- Linguistique, stylistique. 6- Rhétorique. 7- Esthétique. 8- Métaphysique. 9- Intrapsychique. 10- Phénoménologique. 11- Herméneutique.