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Prendre conscience des affects : un engagement éthique et politique (Montréal)

Prendre conscience des affects : un engagement éthique et politique (Montréal)

Prendre conscience des affects : un engagement éthique et politique

Obsessions are the most durable form of intellectual capital.

(Sedgwick, 1985: ix)

It is enjoyable to enjoy. It is exciting to be excited.

(Sedgwick and Frank, 1995b: 7)

Nombre de chercheur·e·s ont participé à un changement de perspective au sein des sciences humaines et sociales, qu’il est convenu d’appeler « affective turn » (Gorton 2007). Constitutifs de l’Affect Theory, les travaux d’Eve Kosofsky Sedgwick, Elspeth Probyn, Brian Massumi, Lauren Berlant, Ann Cvetkovich, et Sara Ahmed montrent comment la prise en compte des affects ouvre de riches perspectives de recherche dans les champs des études culturelles, de la philosophie, de la sociologie et de l’anthropologie, entre autres.

Ahmed propose de considérer les affects non pas comme ce que nous possédons individuellement, mais plutôt comme une multitude de forces en circulation qui donnent forme aux corps (humains et autres qu’humains). Dans son article « Affective Economies », elle explique que les affects et leurs mouvements, surtout, travaillent les frontières entre les individus et génèrent des adhérences entre certains corps, lesquelles participent à formation ou à la consolidation de communautés affectives.

Emotions do things, and they align individuals with communities—or bodily space with social space—through the very intensity of their attachments. Rather than seeing emotions as psychological dispositions, we need to consider how they work, in concrete and particular ways, to mediate the relationship between the psychic and the social, and between the individual and the collective (2004, p. 119, italiques originales).

En réfutant l’idée qui veut que l’origine des émotions soit individuelle—celle qui insinue que les affects sont le fruit de dispositions particulières—nous choisissons de nous engager, comme chercheur·e·s, à prendre conscience des affects qui nous traversent et nous orientent, aux forces qui les (re)produisent et les régulent, à ce qu’ils génèrent ou peuvent générer. Nous nous engageons non pas à neutraliser les intensités de leurs circulations, mais plutôt à composer avec les complexités, les tensions. Pour emprunter une formule de Donna Haraway, nous choisissons de « vivre avec le trouble » et d’en faire un lieu investi.

In fact, staying with the trouble requires learning to be truly present, not as a vanishing pivot between awful or edenic pasts and apocalyptic or salvific futures, but as mortal critters entwined in myriad unfinished configurations of places, times, matters, meanings (2016, p. 1). 

Appel de propositions

Ce colloque, qui se tiendra le mercredi 5 juin 2024 dans les locaux de l’Atelier de chronotopies urbaines à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), est une invitation à considérer les manières dont nos recherches sont traversées d’affects, qu’elles participent à faire circuler entre nos corps et ceux des êtres—humains et autres qu’humains—qui y contribuent de près et de loin.

Comment les affects qui nous traversent et nous orientent participent-ils de nos pratiques de recherche ?

Quelles forces et quels rapports de pouvoir les sous-tendent ?

Que nous permettent-ils de penser ?

Comment et vers quoi nous orientent-ils ?

Les propositions de communication doivent être envoyées en format Word, d’ici le 15 avril 2024, à cette adresse : affect.cpcc@gmail.com

Elles doivent inclure : 

Les noms, rattachement institutionnel et coordonnées des auteur·ices
Le titre de la présentation
Un résumé de 250 mots
Une liste de références bibliographiques

Les décisions seront rendues à la mi-avril. 

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Comité scientifique

Karine Bellerive, Université du Québec à Montréal

Maxim Bonin, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue

Gabrielle P. Fortier, Université de Montréal

Justine Pignato, Université de Montréal

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Laboratoire Culture populaire, connaissance, critique (CPCC), Université de Montréal

Atelier de chronotopies urbaines et Centre de recherche Cultures Arts Sociétés (CELAT), Université du Québec à Montréal

Unité d’enseignement et de recherche (UER) en création et nouveaux médias, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue